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Image de la superbe chaise de l'artiste SAB

mercredi 8 novembre 2017

À PROPOS DE LA "FÉMINISATION" DE LA LANGUE

Dans ce pays, nous adorons la polémique, c'est bien connu. La dernière en date concerne la féminisation de la langue, qui est accusée de favoriser les hommes, en raison de son accord systématique avec le  genre* masculin. 
Outre celle concernant l'écriture inclusive, diverses modifications sont proposées, comme "la règle de la proximité" ou "du plus grand nombre". Vous en lirez les détails partout sur le net. 


Il se trouve que, grâce à l'auteur Laurence Dionigi,  j'ai été sollicitée par Nice-Matin pour donner mon avis à ce sujet. J'ai tenté de le formuler clairement. Il a été restitué avec honnêteté, mais de manière très concise. Je ne fais pas le poids face au reste de l'article ci-dessous, et aux arguments avancés par des femmes engagées avec sincérité dans ce débat. 





J'y apporte donc quelques nuances :

Ma position y est donnée, en raccourci, forcément. Quelques précisions ici, pour ne pas être amenée à me fâcher avec les défenseurs (seuses ?) des droits des femmes, dont je fais partie :

J'ai conçu une conférence intitulée "La littérature de langue anglaise au féminin" pour montrer la place méconnue des grands auteurs femmes et leur  contribution essentielle à l'évolution de leur société. J'ai traduit (voir sur ce même blog, The Story of an Hour - Le temps d'une heure) une nouvelle de Kate Chopin qui résume merveilleusement l'aspiration des femmes à leur indépendance. J'ai enseigné pendant des années le respect des filles et lutté pour leur alphabétisation dans les pays où elles n'ont pas le droit d'étudier. En parallèle, j'ai délibérément traduit le roman d'un auteur (John Boyne) qui milite clairement pour le droit des homosexuels.   

Tout cela pour dire que je n’ai pas l’intention de me laisser emprisonner dans une case réac, ou pire, anti-féministe ! Les langues évoluent, ni en bien, ni en mal. Certaines aberrations dues au politiquement correct se sont ridiculisées d'elles-mêmes et ont été abandonnées. D'autres ont perduré. L'orthographe est un art difficile. Le maîtriser est un défi. Le bousculer peut être source de confusions encore plus gênantes que ce qui lui est reproché. 

Je pense que la réflexion menée par une institution vivante qui est garante de la beauté de la langue, telle que l'Académie française, sera peut-être suivie d'effets qui iront dans le sens de ce qui est à présent réclamé par voie de pétition. 

En ce qui me concerne, et en attendant, je continue à respecter ses choix, ainsi que le Robert, le Larousse etc. et même le Grevisse ! Oups, désolée, ce sont tous des masculins !!! On fait quoi ? 

* Ne pas confondre genre et sexe. 

3 commentaires:

  1. Ce que tu dis à Nice Matin est parfait.. Nous savons que parfois ( souvent même dans l' EN, nous l'avons vu au cours de certains changements de programmes désastreux))il faut rencontrer des coupeurs de cheveux en 4. N'ont ils rien d'autre à faire?

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  2. Merci Tatiana. Je pourrais rajouter encore un point : celles qui pensent que c'était mieux avant (avant que Vaugelas ne régisse la langue au 17ème siècle) oublient que cela a été fait pour la rendre compréhensible et lisible par tous et toutes. Résultat : aujourd'hui nous lisons facilement les textes de Molière, et des auteurs de son siècle, alors que ceux de Rabelais sont bien plus compliqués à déchiffrer. Ces deux auteurs ne sont pourtant séparés que par un siècle ! La simplicité a rendu, et rend encore, la lecture accessible à tous et à toutes (pas si long à écrire). Notre cerveau sait adapter et comprendre. C'est considérer les gens comme des imbéciles que de vouloir leur mâcher ainsi la lecture. Et quid de l'illettrisme ? Attaquons-nous plutôt à ce problème majeur qui touche les deux sexes, et crée tant de fossés dans la société, non ?

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  3. Je suis parfaitement d'accord avec toi, Cathie,à propos de cette réforme pour une "féminisation de la langue", que je trouve artificielle, inutile et incongrue. Notre langue est belle, notre littérature est très riche, mais notre société va mal. Ce n'est pas une pareille complexification de notre langue qui va aider les femmes à s'affirmer ! Elles ont bien d'autres moyens, dans tous les domaines, pour dénoncer les injustices dont elles sont souvent encore victimes. Je suis fière d'avoir été professeur, sans "e" agrégé, sans "e", et je ne me suis jamais sentie inférieure parce que ma profession correspondait à un terme masculin. Arrêtons de prendre les gens pour des ignares,des incultes, et donnons à nos enfants et petits-enfants la possibilité de bien maîtriser la grammaire, le vocabulaire et l'orthographe de notre merveilleuse langue.

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