En vol

En vol
Image de la superbe chaise de l'artiste SAB

mardi 3 mai 2016

AU SECOURS, JE SUIS VIEILLE !



J’écoutais tranquillement la radio dans ma cuisine, comme tant d'autres le font en préparant un repas, sans me demander quel était l’âge du capitaine, ni où était le sourire de la crémière, quand soudain le navire a chaviré. 

France Info est la cause de ce naufrage. En effet, l’émission que j’écoutais était, sans que je le sache une seconde, destinée aux seniors. Qu’à cela ne tienne, peu importe, et vogue la galère : pas plus tard que la semaine dernière, j’ai donné sans sourciller une conférence dans une « Maison des seniors », devant une assemblée de personnes de mon âge. Je ne fais pas dans le jeunisme, pas plus que dans le sexisme : j’aurais tort, vu que la majorité des lecteurs sont des lectrices, et de plus de 50 ans, de surcroît. Qui plus est, je contribue souvent à un web magazine intitulé « Les Boomeuses », qui vise cette même tranche d’âge. Des actives, rigolotes, dynamiques, plus enclines à se plaindre du tourbillon de la vie que du poids des ans. 

Tout ça pour dire que je me soucie peu de l’âge du capitaine, de celui des passagers, et pas vraiment du mien, bien que je trouve, à mesure que le temps passe, que trop d'amis et amies de ma génération ont une fâcheuse tendance à attraper des maladies et des bobos qui ne me disent rien qui vaille, et que, paraît-il, le temps n’améliore pas. 
Autre chose : j’ai beau me dire avec Georges Brassens que « le temps ne fait rien à l’affaire », le principe de réalité demeure. Non seulement on peut être vieux et con, mais on peut être vieux tout court, et pire, vieille ! 

Vieille, moi ? Je ne le pensais pas vraiment, jusqu’à la minute où j’ai écouté cette émission – très intéressante au demeurant –, sur une équipe de journalistes qui réalisent une vidéo à partir du témoignage de personnes désireuses d’en laisser un à leurs proches, avant que leur vie ne s'achève. 

Parfait, me dis-je, sans vraiment me sentir concernée, au vu de tout ce que j’ai déjà raconté de ma vie (et ce n’est pas fini !) sous forme romancée (ou pas) dans mes livres. En épluchant mes patates, je me disais « C’est génial, cette idée, et cela va bien occuper tous les papys-mamies qui n’ont rien d’autre à faire que de se replonger dans leur passé entre deux émissions de télé-réalité. » NB : Cliché affligeant : aucun des grands-parents de mon entourage ne correspond à cette description !

Pauvre de moi ! Au bout de quelques minutes, la question est tombée de savoir quel était l’âge moyen auquel les dits-seniors entreprenaient le plus volontiers cette démarche. La réponse : 70 ans. Vu que ma date de naissance est publiée un peu partout, ce n’est pas un secret que je n’en suis pas loin…  Choc. 

Eh oui, un jour ou l’autre, ça vous dégringole dessus, même si vos artères ne vous en disent rien. Qu’est-ce que ça change ? Bof, pas grand-chose, une fois les carottes cuites, ce n’est pas la fin des haricots. Juste une confirmation – renouvelée deux jours plus tard par une bande de gamins droit sortis de « La guerre des boutons » : après avoir bombardé notre véhicule de boules de cyprès, ils m’ont apostrophée. Oui, j’ai commis l’erreur de sortir de la voiture pour leur exprimer, avec la délicatesse qu'on me connaît, ma façon de penser, lorsque j’ai entendu cette phrase assassine, plus dure que les projectiles qu’ils venaient de lancer sur la carrosserie. « Ah, voilà la mamie qui sort aussi ! »  


 Image prise sur ce site 

Je l’ai digérée (d’autant mieux que je ne suis même pas mémé) en me disant que, finalement, la vérité sortant de la bouche des enfants les plus mal-élevés, il était temps que je me défasse de mes illusions de jouvence, que j’affronte la réalité vraie, que je m’asseye dessus, et que je ré-écoute tranquillement l'émission en question, pas méprisante pour un sou, au contraire. Le projet part du principe de laisser une trace mémorielle, car nous regrettons tous de ne pas avoir posé des questions à nos parents ou grands-parents, quand ils étaient encore de ce monde... 
Pas vrai ?
Alors, ma propre vie n'est-elle pas un roman ? L'ai-je assez racontée à mes enfants ? Quels détails ai-je omis, qui pourraient être enfin gravés dans l'e-mémoire ? Vite, mes notes ! 

En effet, si l'on me demande de confier à la postérité comment s'est passé mon examen du permis de conduire, ma première boum,  ma première cuite, et qui sait ? mon premier rendez-vous, il vaut mieux que je me dépêche de répondre. Demain matin, s'il le faut, j'en aurai tout oublié. 

En attendant, je rêve de devenir une vieille dame indigne. Ou alors... Tatie Danielle ?



                                                                                                                         
~~~~~~
Je vous raconte-Mémoire Vive propose aux seniors de réaliser le film de leur vie. L'émission, c'est ici

Ne manquez pas de cliquer sur le lien vers Tatie Danielle pour retrouver les meilleures répliques de ce film culte. 

  








2 commentaires:

  1. Et oui, l'âge, il est surtout dans la tête. Personnellement, je fréquente des vieux/vieilles, des séniors, dont, paraît-il,je fais partie, des quadragénaires, des jeunes, des ados, des enfants, et je me sens à l'aise avec tous. On papote avec les uns, ça leur fait plaisir, on s'éclate avec les autres, on rie, on discute, on joue, on se fait des soirées, des sorties, des cinés : la vie est belle tant qu'on la veut belle. Il suffit de regarder autour de soi, de ne pas penser à soi-même et de continuer de faire des projets d'avenir, d'apprendre de nouvelles choses, de garder les yeux et le coeur grands ouverts ! Michou

    RépondreSupprimer
  2. Salut Cathie,
    Selon Albert Camus (‘Caligula’) :
    « La fumée est la vieillesse du feu »

    Au printemps ou en automne de vie il faut vivre le moment présent et mordre dans la vie ! Vieillesse? Mme Jeanne Calment (décédée à 122), était-elle dans sa vieillesse à 119? Certainement pas!

    Jeanne Calment, Arles, 1994

    Merci, Joseph

    RépondreSupprimer