En vol

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Image de la superbe chaise de l'artiste SAB

dimanche 31 décembre 2017

DES YEUX POUR RÊVER


2018 !


Voilà, une nouvelle année s’ouvre devant nous. Bien entendu, je la souhaite claire et douce à tous les visiteurs de ce blog, et même aux autres. Que les nuages gris de 2017 se fondent dans un avenir plus doré. 

Pour une fois, et pour la commencer, je ne vais pas juste exprimer ma gratitude, mais un souhait, et un regret – l’ordre de ces termes pouvant être inversé. Ce qui suit expliquera aussi mon silence prolongé sur ce même blog.

Si vous avez vu des photos de moi ici ou là, et si vous me connaissez, en personne, vous avez sans doute remarqué que je porte des lunettes. Je portais, devrais-je dire. En effet, depuis mes années d’étudiante je souffrais d’une myopie suffisamment forte pour me gêner au cinéma, au volant, et à chaque fois que je devais reconnaître de loin quelqu’un qui me faisait de grands signes d’amitié.



Toutes les porteuses de bésicles le savent : on s’habitue à ces verres salvateurs. On choisit ses montures avec plus d’attention que ses amoureux ; on en change régulièrement ; on les assortit à son look. Être myope signifie aussi vivre dans un léger flou permanent. Les détails lointains, on les découvre grâce à des jumelles. Mais la plupart du temps, c’est dans la proximité que vit le, ou la, myope. Son univers est celui du proche. Il ou elle ne voit rien des défauts de son environnement.

En ce qui me concerne, et malgré l’arrivée d’une maladie due au vieillissement, que tous connaissent sous le nom de cataracte, je m’accommodais très bien de cette imprécision du réel, qui me permettait de ne voir que la douceur des choses, et des gens.

En plus, le grand avantage de la myopie est qu’elle atténue la presbytie qui survient avec l’âge et qui oblige ceux et celles qui voyaient bien de loin et de près à porter des lunettes pour lire. En ce qui me concerne, et jusqu’au mois dernier, je pouvais enfiler une aiguille sans lunettes et sans problème. Bon, d’accord, ce n’était qu’une fois ou deux par an, mais quand même ! Chez moi, ou chez des amis, pour manger, pour bouger, je posais mes verres, pour en lever un, en voyant très bien ce qu’il contenait.
Mais ça, c’était avant.  

Est survenue une opération dite « de la cataracte », rendue nécessaire par l’épaississement de cette partie de l’œil, qui assombrissait de manière notable mon quotidien, rendant certaines activités dangereuses (la conduite de nuit, par exemple).

Par la même occasion, mon ophtalmologue a proposé de me poser des implants qui diminueraient (élimineraient ?) ma myopie. « La vie, c’est la vue de loin, si votre maison brûle, et que vous ne trouvez pas vos lunettes, vous brûlerez avec. Après l'opération, vous n'en aurez plus besoin pour conduire...»

Malgré mes hésitations (« Mais alors je devrai porter des lunettes pour lire ? Et pour écrire ? Je connais le chemin de ma porte d’entrée, et je n’ai même pas de cheminée chez moi ») je me suis laissé convaincre.

Et là, patatras, mon univers s’est inversé.
Je passe les détails de l’intervention, sauf pour dire à ceux et celles qui pensent « Ce n’est rien, on fait ça tous les jours » que, personnellement, je ne le referais même pas tous les cinq ans !
Le pire, c’est que ces deux opérations se sont très bien passées (surtout pour le brillant chirurgien qui tentait de maîtriser mes angoisses). Non, le pire, c’est le résultat : j’y vois très bien. Mais alors très, très, bien.
De loin.

De près, c’est la cata.
Mon univers s’est inversé. Tout est trouble sans lunettes. Je ne peux plus lire, ni écrire, ni même cuisiner, sans les mettre. Et quand je bouge avec, tout tourne. Les courses au supermarché sont devenues un défi à mon équilibre – j'en connais qui disent que pour eux, c'est normal, et que ce pensum les rend fous aussi ! 

Il paraît que cela ira mieux ensuite, quand ma vue se sera stabilisée, et que je pourrai porter des verres progressifs.

En attendant, je vois chaque grain de poussière. De loin. De près il ne ressemble à rien d’autre qu’à la texture du sol.
Je vois tous les défauts, de tout. Et surtout ceux de mon visage. Ma première question a été : « Est-ce que c’est à cause de l’opération que j’ai cet air dévasté ? » Et à la réponse : « Mais non, tu es normale », j’ai eu envie de ne plus rien voir du tout, et surtout de ne plus jamais me regarder dans la glace.
Presbyte d’un coup ? Quel coup de vieux !

Alors en ce début d’année, je souhaite vous rencontrer tous et toutes… de loin et de près. Mais si je ne vous reconnais pas, de près ce coup-ci, ne m’en veuillez pas. Blâmez les merveilles de la chirurgie moderne qui m’a soudain rendue maladroite et tâtonnante.

Et vous savez quoi ? Devenue parano, je pense que les responsables de mon désarroi sont les fabricants de ces cristallins magiques (au doux nom d’implants intraoculaires), élaborés sur mesure exprès pour moi, et où ça ? Je vous le donne en mille : à Berlin, par la firme Zeiss.  Ma maman doit s’en retourner dans sa tombe, elle qui a toujours refusé d'acheter la moindre voiture allemande…



Allez, pour finir sur un mode plus enjoué, je dirai que, quand même, de voir ce ciel si violet, et les nuages si roses, cela valait le coup de changer de cristallins. Ce n’est pas Monet qui aurait dit le contraire. La preuve.

Ce que voyait et peignait Claude Monet 
avant que sa cataracte ne s'épaississe


Ce que peignait Monet avant son opération
Images prises sur ce site  

Je le reconnais volontiers, tout ça, ce n'est rien que des préoccupations de nantie. De tout cœur je compatis avec ceux et celles dont la vue est vraiment altérée et qui vivent dans le gris. Shame on me!



À VOUS TOUS ET TOUTES, BELLE ET BONNE ANNÉE ! Et si quelque chose vous contrarie, un seul conseil, que je vais tenter de suivre : fermez les yeux et rêvez ! Ou alors écoutez ce merveilleux morceau joué par Maxime, jeune lauréat de l'émission Prodiges 2017. Vous me pardonnerez peut-être les jérémiades qui précèdent. 


Image prise ici


-- À très bientôt sur Gratitude, avec du nouveau, du joyeux, du littéraire, et surtout avec plaisir... 

2 commentaires:

  1. Come je te remercie de m avoir fait découvrir les prodiges, une émission tellement merveilleuse qui m a donné un plaisir fou à écouter Maxime, et la magnifique Aryelle (au piano 8 ans !)

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  2. Comme tu as dû souffrir de tous ces problèmes de vue plus ou moins nette selon les distances, les heures de la journée, plus ou moins lumineuses, et tes rares moments de fatigue !
    Je ne sais pas trop ce que signifie "y voir bien" ou "y voir net", mais je sais que quand, pour une raison ou une autre, la vue baisse, on se sent un peu perdu.
    Heureusement, tu peux à nouveau lire et écrire ! D'ailleurs, je me demande ce qu'"il y aura de nouveau de ton côté" en 2018.
    Personnellement, je te souhaite, bien sûr, du bonheur, une bonne santé, de l'amour et de l'amitié, mais surtout, de belles sources d'inspiration,des billets joyeux sur ton blog et de grandes pages d'écriture !
    Excellente année 2018
    MC

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