En vol

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Image de la superbe chaise de l'artiste SAB

mardi 9 octobre 2018

UNE VIE AVEC DES CHOSES, de Daniel Rozensztroch




Et voilà ! Le héros de mon dernier livre, Daniel au pays de la déco, a lui-même encore publié cette merveille d'album : Une vie avec des choses – en anglais, A Life of Things, son titre sonne mieux, je trouve, mais l'intérieur (bilingue) efface cette première impression. 

Il s'agit-là d'un livre d'images. D'un magnifique livre d'images. De clichés dont on rêve de voir les originaux en vrai. Faute d'être invité chez leur propriétaire, et ainsi qu'il le précise lui-même, on les reçoit en cadeau au fil de pages que l'on tourne avec fascination. 

"Mes collections et moi"  

En ouverture, Daniel Rozensztroch explique la genèse de sa passion pour les collections, et la raison de ses obsessions si variées, et pourtant si cohérentes. Il évoque son premier coup de foudre pour un objet unique, désirable dans son unicité. En l'occurence, "un immense bocal à œufs, en gros verre soufflé, datant du 19ème siècle". Repéré dans une crèmerie à l'ancienne, Daniel n'eut de cesse de se le procurer. Ce qui est un peu inhabituel, c'est qu'il était alors adolescent... 


Photo ©DR


On voit là que le titre de l'ouvrage est parfaitement approprié. Les "choses" sont entrées dans la vie de Daniel Rozensztroch alors que d'autres, au même âge se contentaient de collectionner des timbres – ou des 45 tours.  

À partir de ce moment-là, il a désiré toutes sortes de "choses". Elles avaient pour point commun de se trouver uniques à ses yeux, même si, parfois, elles avaient été produites en grande quantité. Et, surtout, chacune avait  son utilité, et provenait du savoir-faire d'un artisan accompli. Daniel a appris L'Histoire de leur pays d'origine par le biais de ces objets. Grâce à ces "choses", il a découvert la société qui les produisait, ses modes de vie, sa politique, son économie. Il y a pire, comme université !


Verrerie d'usage : une des passions de Daniel
Ici une série de lampes à huile provençales 
des 18e et 19e siècles. 

En parallèle, on est amené à comprendre que leur accumulation n'est pas anodine : elle rassure leur possesseur, et le réjouit. Leur organisation obéit à des règles très rigoureuses, dont le lecteur saisira les implications avec intérêt. Daniel les place, les déplace, au gré de son humeur. Il les associe, les regroupe par "familles". Ainsi que le dit en souriant Pascal Marziano, un autre collectionneur acharné (de céramiques des années 50), "avec nos pièces, on ne s'ennuie jamais, ce sont nos babies !"


Une sculpture d'Élisabeth Julia 
et deux pots d'Eric Astoul, 
célèbres potiers à La Borne, en France, 
voisinent avec quelques 
cuillères en bois

Une collection de passoires en métal
est accrochée avec des aimants sur le dos
d'un meuble de garage en métal

Le loft parisien de Daniel, conçu comme un "open space" 
avec l'aide de l'architecte Valérie Mazerat, permet
de mettre en valeur un maximum d'objets 

Quelques autres pages sont intitulées "Toutes mes maisons sont des cabinets de curiosité". Voilà un terme désuet, qui nous renvoie aux collectionneurs du temps jadis dont le bazar accumulé était davantage dû au hasard qu'à la nécessité ! Cela fait sourire, quand on connaît la passion de Daniel pour l'ordre domestique. Les choses de sa vie sont du reste présentées dans ce livre de manière extrêmement ordonnée. Pour preuve, les photos en pleine page qui révèlent les trésors de sa cuisine parisienne, ou celles, plus colorées de sa collection de barbotines vallauriennes. À ce propos, les lecteurs et lectrices méditerranéens seront éblouis par les pages qui se rapportent à son appartement niçois. Autre lieu, autre ambiance, mais la même  philosophie prévaut. 


Au mur de son appartement niçois, 
une collection de barbotines
(Vallauris, années 50) représentant
poissons, coquillages ou fruits de mer
dans des assiettes et des plats 

Quelques pichets en faïence de Malicorne,
posés ou suspendus 
sur une étagère en métal perforé 
(design : Paola Navone) 

Ces pièces de vaisselle en céramique  
façon faux bois de Grandjean-Jourdan
(Vallauris) à la mode dans les années 50-60,
alors très décriées des gens de goût, 
sont à présent collectionnées par défi. 

En feuilletant ce livre qui met en valeur les objets dont Daniel s'entoure chez lui, on est fasciné, bien sûr, par leur beauté, et par celle des photographies de Francis Amiand, qui a si bien su les mettre en scène. Mais pas seulement. Une autre réflexion nous vient : ceux et celles d'entre nous qui, au même âge que ce collectionneur, vivent entourés d'objets et de meubles assemblés de manière bien plus hétéroclite, parfois issus de nos héritages, sont-ils aussi libres que lui ? Aussi indépendants ? Aussi audacieux ? Quant aux plus novateurs, ils resteront stupéfaits en prenant conscience de l'impact qu'ont eu les choix de Daniel sur leur propre environnement domestique. 

Bien entendu, ceux et celles qui ont lu mon petit recueil à son sujet comprendront parfaitement ce que je veux dire par là. Les autres, en cliquant sur ce lien, verront que les suiveurs qui prônent le maximalisme sont déjà, et encore, dans le sillage de ce lanceur de tendances. 

Quand vous aurez eu ce livre entre les mains, vous comprendrez qu'en fait, leur originalité affichée appartient à Daniel. Maximaliste, lui ? Je souris de cette tentative de l'étiqueter à bon compte. Si l'homme est inclassable, ses passions ecclectiques  sont très organisées. 

Risquez-vous à les découvrir au travers de ce livre, et vous verrez que la maladie, pour être contagieuse, est une source de plaisir infini, à s'offrir ou à offrir. C'est là tout le bien que je vous souhaite, chers amis de Gratitude.

Et puis, pour assumer ma partialité jusqu'au bout, j'ajoute à ce billet une image de ce livre qui me touche particulièrement : celle qui prouve que Daniel sait aussi repérer des œuvres picturales et, en particulier celle-ci, une aquarelle du peintre-collagiste (et céramiste)... Eugène Fidler. 

Si ce tableau semble tenir droit tout seul 
sur sa base, c'est qu'il est inséré dans une boîte
qui permet de le retourner afin de voir
l'aquarelle-surprise qui figure à son dos !


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Une vie avec des choses
de Daniel Rozensztroch
Photographies : Francis Amiand
Ed. Pointed Leaf Press

194 pages -  49,00 € 
Disponible à partir du 15 octobre 2018.


Crédits photographiques ©Francis Amand, 
avec l'aimable autorisation de Pointed Leaf Press




Petit rappel : celui-ci est toujours disponible, partout.  






1 commentaire:

  1. Belle clarté de l'appartement - déco intérieur avec beaucoup de goût merci Cathie bises Stéphanie

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