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Image de la superbe chaise de l'artiste SAB

mercredi 7 juillet 2021

VALLAURIS LA VILLE ATELIER 1938-1962 : L'EXPO DE L'ÉTÉ




AVANT-PROPOS 

Celles et ceux qui suivent ce blog et mes publications savent sans doute déjà que je suis la fille aînée du peintre et céramiste Eugène Fidler. Et même si je ne suis que rarement mentionnée dans les publications le concernant – comme si ce père talentueux n'était "né" que bien après ma naissance, et bien après son divorce d'avec ma mère, sa première épouse et collaboratrice –, il n'en reste pas moins que le récit de sa riche biographie est le fruit de mes recherches personnelles. J'en ai rendu compte dans un livre publié en 2016 : EUGÈNE FIDLER - Terres mêlées (Éditions Ovadia), après avoir créé la page wikipedia le concernant. Des notes biographiques que d'autres amateurs d'art utilisent volontiers, et c'est tant mieux, car c'était bien là le but de ce travail.  


Cela étant posé, j'en viens au sujet de ce billet, qui  a pour but d'honorer le travail remarquable qui a été effectué à Vallauris, avec pour résultat une exposition exceptionnelle, intitulée VALLAURIS, LA VILLE ATELIER - 1938-1962. 

Présentée dans un lieu magnifique, le Musée Magnelli — musée de la céramique, Place de la Libération –, cette exposition retrace avec brio les périodes mentionnées dans ce titre. 



Certes, Vallauris a toujours été un important centre de céramique, ancré à l'origine dans une tradition de poterie culinaire, ainsi qu'en témoignent ces magnifiques poêlons de chez Foucard & Jourdan, dans lesquels on adorait laisser mijoter de  goûteuses ratatouilles ! 




Poêlon à queue en faïence, émaillé à l'intérieur, 

et partiellement émaillé à l'extérieur


Des céramistes et potiers y expérimentaient diverses techniques, tel Jean Gerbino, dont les mosaïques de terres sont particulièrement saisissantes. 



Toutefois, dès la fin des années 30, un nouveau mouvement émerge, avec l'arrivée de Suzanne Ramié, qui ouvrira un atelier, dans une ancienne usine, avec son mari Georges, sous l'acronyme "MADOURA". 



C'est dans l'immédiat après-guerre que se développe ce mouvement, avec l'installation à Vallauris de jeunes gens talentueux venus d'ailleurs. Désireux d'oublier les soucis de la décennie précédente, et attirés par la conjonction du doux climat méditerranéen, des ressources et des compétences locales en matière de travail de la terre, ils donnent à cet artisanat une dimension originale, différente, car non "utilitaire". 

Mais c'est indéniablement l'arrivée de Picasso en 1946 qui a donné un essor tout particulier à ce lieu. Ces années d'après-guerre apparaissent à présent comme un "Âge d'Or", où la création artistique devient reine. 


Deux exemples du travail innovant
de Pablo Picasso. 
Le musée en présente 
de nombreux autres en permanence.

Des expositions déjà prestigieuses sont organisées au Nérolium – pour rappel, c'était auparavant le nom donné à un lieu dédié au bigaradier.





Quelques illustres signatures, dont celle d'Eugène Fidler


Mais venons-en à cette exposition de 2021, qui permettra aussi aux moins initiés de comprendre ce que cette ville-atelier a su créer, encourager et mettre en valeur. 

L'équipe du musée de la céramique, sous la talentueuse houlette de sa conservatrice, Céline Graziani, a  rassemblé, en quatre sections, une quantité impressionnante d'œuvres majeures des céramistes vallauriens de ces décennies. 

Nombre de collectionneurs, ainsi que les descendants de ces artistes de la terre ont prêté au musée des pièces de leurs précieuses collections

Les visiteurs peuvent ainsi découvrir l'étendue et la variété des œuvres exposées, et comprendre comment leurs créateurs ont permis à Vallauris de devenir une référence essentielle en matière de céramique d'art.

De 1938 au début des années 60, des céramistes de génie ont investi la ville, pour y créer nombre de merveilles, chacun et chacune avec son style. Et c'est cela qui est passionnant à découvrir dans cette exposition si rigoureuse et  riche à la fois : le foisonnement des couleurs, des matières, la variété des pièces elles-mêmes, qui vont de l'utilitaire (vaisselle, plateaux de tables, pieds de lampe...) aux éléments d'un genre artistique plus marqué (panneaux muraux, sculptures, plats décoratifs...).

Tous les "grands" céramistes sont représentés dans le cadre de cette exposition, où leur travail est mis en valeur de manière exceptionnelle. Pas une fausse note, dans sa mise en scène. Les visiteurs qui entreprennent ce voyage esthétique si particulier en ressortent éblouis.

À noter, et à ne pas manquer : dans la salle Eden, sur la placette adjacente au musée, on peut aussi admirer des pièces de mobilier des années 50, un décor dans lequel sont placées quelques céramiques de la même période. Un émouvant voyage dans le temps pour les plus anciens d'entre nous !

D'ailleurs, je voudrais ajouter ici une autre touche personnelle. 
En plus de faire découvrir à certains visiteurs néophytes ce que la céramique a représenté pour Vallauris, cette exposition fait revivre des moments, des tranches de vie : elle donne des couleurs, du volume, du relief, de la matière aux souvenirs de ceux et celles qui, comme moi, en ont été les (très jeunes) témoins. 
 
Je n'en dirai pas davantage. Les quelques images, ci-dessous, présentées dans un joli désordre, vous donneront, je l'espère, envie de courir à Vallauris découvrir cette exposition, qui se tiendra jusqu'au 31 octobre prochain. Ne laissez pas trop filer le temps, ce serait vraiment dommage de la rater ! 


On y va ? 

Quelques définitions, pour commencer : 


(On est très sensible à cette délicate prise en compte 
des visiteurs ayant des problèmes de vue)

ÉMOTION :

Ci-dessous, et très bien mis en valeur,
le plat qu'Eugène Fidler
a soumis à la biennale de 1958
Faïence émaillée, 10cm x 36,5cm
Collection Pascal Marziano


Avec en arrière-plan un stupéfiant
pied de lampe de Roger Capron

("La fameuse lampe W de 1955,
un modèle rarissime." 
Précieuse précision
fournie par Pascal Marziano)

Une coupelle de la même époque 
(14,5 cm x 16 cm)
Collection Rago
                                                  

Son motif illustre le défi à l'équilibre
et l'aspect aérien qui marqueront aussi
le travail pictural d'Eugène Fidler


***

Étonnant détail d'un panneau mural émaillé 
de Roger Capron




Deux autres vitrines 
consacrées à Roger Capron
(pièces crées entre 1950 & 1959)


... avec ces vases oiseaux épurés, 
de toute beauté (1950),
 et ces tables basses très originales,
différentes de celles, plus connues,
aux motifs de fougère séchée. 




***

Des œuvres d'Alexandre Kostanda
(à gauche) et de Jean-Claude Malarmey
(à droite) cohabitent bien dans cette vitrine-là.


Ne pas oublier d'admirer  
ci-dessous le travail varié 
de Roger Picault...




...ni, non plus, les créations aux motifs 
si originaux de Gilbert Portanier


Et, pour clore, que dire de ces étonnantes 
pièces de vaisselle en faux bois
de Grandjean-Jourdan ?



J'espère à présent que mon enthousiasme vous aura donné envie d'en découvrir davantage. Vos retours me seront précieux, comme toujours, alors n'hésitez pas à me laisser un commentaire sur ce blog. 
Bonne visite, en vrai !

***

Lieu : Musée Magnelli, musée de la céramique
Place de la Libération
06220 VALLAURIS

Attention : le musée est fermé le mardi, et entre 12:30 et 14:00. 

Un autre 'must have', à acheter sur place : le  catalogue de l'exposition, extrêmement détaillé, superbement illustré, et vendu au prix de 30 €. 


* * * * * 

Bien entendu, je ne suis pas la seule à parler de cette expo-événement, qui interpelle jusqu'au milieu très branché de la déco : 


* * * * * 

Mes remerciements vont à Jacques Lefebvre-Linetzky  qui a pris la plupart des photos publiées dans ce billet.  (Les plus belles, bien entendu !) Pensez à cliquer dessus pour les agrandir. 








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