MAGNIFIQUE ! Le Götheborg III est magnifique, et sa présence dans le port de Nice a été un cadeau très appréciable !
En vol
vendredi 7 octobre 2022
Le GÖTHEBORG : Il était un grand navire !
vendredi 11 mars 2022
GRATITUDE ENVERS LES ACCUEILLANTS
Image empruntée sur ce site
L'époque est rude, violente, angoissante. La guerre qui sévit si près de notre pays réveille, pour les plus âgés d'entre nous, et même pour leurs enfants, des souvenirs ou des expériences traumatisantes que l'on pensait enfouis à jamais.
Les bombes qui tombent sur les maisons, les écoles, les hôpitaux, les victimes civiles, les petits enfants qui fuient en tenant la main de leur maman – les pères étant occupés à résister à l'ennemi –, tout cela est insupportable, comme c'est le cas, il faut le dire, de tous les conflits armés des dernières décennies.
Cependant, nous notons avec émotion l'accueil spontané et généreux de villages français (sans parler bien entendu de celui des pays limitrophes de l'Ukraine) dont les habitants se mobilisent pour loger, nourrir, aider les réfugiés. Ils partagent leurs maisons, donnent des vêtements, aident les enfants à aller à l'école. Ils ne se contentent pas de trouver des appartements vides à leur prêter, non : cela serait trop difficile à vivre pour ces Ukrainiens, dans un pays dont ils ne connaissent ni la langue, ni les usages. Ces Français préfèrent prendre en charge les réfugiés déboussolés, en leur tenant la main, minute après minute. C'est le cas dans plusieurs régions de France, et c'est magnifique de voir cela se produire. On peut lire sur ce site l'ampleur des mesures prises par notre pays à ce sujet, et ici comment aider financièrement à l'accueil des réfugiés.
C'est là que je prends conscience des progrès que le monde a fait (nonobstant la persistance de comportements guerriers, hélas universels) en matière de solidarité.
Les habitants d'Ukraine fuient leur pays pour ne pas mourir. À la fin des années 30, et juste après la terrible Nuit de Cristal – qui a vu périr des centaines de Juifs, femmes, enfants et vieillards, tandis que des milliers d'hommes étaient emprisonnés dans des camps tel que l'infâme Dachau, tout près de la riante ville bavaroise de Munich –, qui s'est ému du sort de ces victimes ? Quel pays a accepté de les accueillir, de les héberger, pour les protéger d'un dictateur, lui-même si semblable à celui qui bombarde aujourd'hui l'Ukraine ? À part l'Angleterre, qui organisa le Kindertransport et sauva ainsi 10 000 enfants suite à un élan mémorable de solidarité, quel ville ou village français a proposé d'héberger les Juifs allemands et autrichiens ? Quelques-uns, heureusement, me direz-vous, aujourd'hui honorés comme faisant partie du réseau des Villes et Villages des Justes de France. Mais ceux-là ont réagi pendant l'Occupation allemande de notre pays. Avant, au moment où seul l'exode pouvait sauver des familles, il ne se passa pas grand-chose. Pire, la conférence d'Évian, en 1938, déboucha sur un niet collectif à cet égard. Seule la petite république dominicaine accepta de recevoir cent mille réfugiés... contre rétribution.
Et aussi Shanghai, en Chine, où un bon nombre de Juifs allemands et autrichiens purent se réfugier dans un ghetto sordide. Je l'ai évoqué, assez longuement, dans mon roman "La Retricoteuse", grâce au témoignage que m'avait donné à ce sujet une de mes cousines américaines qui y avait passé sept années...
Aujourd'hui, le monde connaît l'essentiel de ce qui s'est passé pendant la période nazie, et l'existence des camps d'extermination. Toutefois, un nombre important de nos contemporains ignorent encore ce qui se passa en Ukraine, à Babi Yar, en 1942, sans que quiconque s'en offusque, ou en soit même informé. Un silence qui a perduré trop longtemps, et qui a été brisé grâce, notamment, au travail du Père Desbois. Il a nommé cette série de massacres "La Shoah par balles".
Je vous laisse le soin d'en lire le récit ici. Ou même de regarder ceci en images, sur YouTube, c'est très clair. NB : il aura tout de même fallu attendre 80 ans avant qu'un mémorial y soit érigé...
Vous me direz, quelle est ici la place de la gratitude ?
Image empruntée sur le site de l'Express
Cette carte répond pour moi à cette question : les noms qui y figurent, tellement familiers à mes oreilles, sont pour nombre d'entre eux associés aux lieux de naissance ou de vie de mes aïeux. Ceux-ci ont eu le flair de s'en échapper, il y a bien plus d'un siècle. Je les en remercie chaque jour, à voix haute, depuis longtemps.
Je suis également pleine de gratitude envers notre monde actuel, où les moyens de communication sont d'une efficacité redoutable, où nous sommes informés en direct de tout ce qui se passe à des milliers de kilomètres de chez nous, où notre compassion peut être suivie d'effets en un clic, grâce au miracle de la technologie, inventée et développée par nos frères et soeurs, les humains.
Savoir et pouvoir utiliser internet, disposer d'un téléphone portable, voilà qui rend la vie (un peu, à peine) plus supportable pour les familles écartelées par cette guerre.
Que les réseaux dits sociaux, pourtant tellement vilipendés, se mobilisent afin de nourrir, vêtir, éduquer des enfants, c'est remarquable, et admirable. Que la solidarité se manifeste avec autant de célérité, est tout aussi réconfortant.
Gratitude, donc, envers tous ceux et celles qui font ainsi preuve d'une vraie humanité en ces temps tourmentés – pardonnez le pléonasme.
Et que la paix revienne, vite, très vite, afin que l'on en exprime encore davantage que dans ce petit billet.
samedi 8 janvier 2022
2022 : GARDONS LE BON, RIEN QUE LE BON
Nous y voilà, entrés dans cette nouvelle année, aux jolis chiffres, bien équilibrés, avec ce petit zéro au milieu qui nous rappelle que le néant est bien proche tout de même, toujours.
Alors je veux me souvenir, en ces premiers jours de janvier, de quelqu'un qui nous a quittés juste avant Noël, la veille de mon anniversaire, en fait. Quel goujat !
C'était, en réalité, "a gentleman from sole to crown"*, un collègue, un angliciste hors pair, un mélomane amoureux des mots et des mets, un fin linguiste et un chef en cuisine aussi, tout comme dans sa salle de classe.
À une époque où les professeurs savaient se vêtir correctement, voire avec élégance, pour arriver au lycée, il avait un goût immodéré pour les cravates. Il en arborait une différente chaque jour, qui était toujours parfaitement assortie au reste de sa tenue... en plus ..., en moins..., discrète ! Cet appendice coloré ne manquait pas de le faire remarquer, pourtant il n'avait pas besoin de cet artifice pour que l'on s'intéressât à lui. Ses reparties désopilantes de pince-sans-rire éclairaient la journée la plus sombre, et les conseils de classe les plus lugubres.
celui qui avait la plus belle cravate,
et la plus belle des moustaches !
(mais ne me cherchez pas trop)
Il était parfois soupe-au-lait, surtout envers ceux et celles qui manquaient d'humour, ou de conscience professionnelle (lui en était pétri) ; il rembarrait parfois les emmerdeurs (il en existait, croyez-moi), ce qui réjouissait ceux et celles qui n'osaient le faire, mais surtout il était toujours là pour aider un ou une collègue en difficulté. Son implication syndicale n'était pas motivée par un désir d'auto-promotion, ni par un engagement politique virulent. Non, il était syndicaliste pour aider ses collègues à résoudre leurs problèmes, et il s'acquittait de cette tâche avec un dévouement remarquable.
Dans la vie, il manifestait le même souci d'entr'aide. Que l'on aie besoin d'un conseil concernant l'immobilier, le bâtiment, une fourniture, une bonne adresse, une recette de cuisine (ah, ça, c'était vraiment son domaine de prédilection) il suffisait de lui poser la question, et paf, on était sûr d'avoir la meilleure piste du marché. Nous échangions volontiers des trucs de chef (lui en était un, moi, plutôt une apprentie sous-cheffe !), et ses pistes étaient toujours parfaites. Mais, surtout, il ne vous faisait jamais sentir que vous abusiez de son temps avec vos questions à la noix, du genre "Alors, la basse température du four, elle commence à combien ? À 150°C ?", ou bien : "Les artichauts à la juive, je leur laisse leur foin ou pas ?"
Non, il ne se moquait pas : il était l'ami sur lequel on peut compter en cas de besoin. Discret, généreux, avec une attention aux autres qu'il dissimulait parfois, par pudeur, derrière une façade revêche. Fallait pas non plus lui marcher sur les orteils, au père Michel !
Et voilà. Son petit coeur tourmenté depuis des années l'a soudain lâché, sans que je puisse lui dire adieu. Notre dernier rendez-vous amical se passa devant un long, très long, café, qui nous permit de nous raconter par le menu tous nos petits secrets... et d'admirer les photos de nos petits-enfants respectifs, et adorés !
Je le pleure sans honte, avec un vrai chagrin. Il me laisse un souvenir marquant. Pas juste celui de la superbe automobile décapotable, dans laquelle il me raccompagnait, grand seigneur, même si je n'habitais qu'à quelques centaines de mètres du lycée, et que cela le détournait de son itinéraire... (Soyons fous !)
Non, il me laisse surtout le souvenir d'une époque où enseigner l'anglais fut pour nous un très grand plaisir, exigeant, mais gratifiant. Je sais que des élèves qui l'ont eu comme professeur à ses débuts sont toujours restés en contact avec lui, et je me doute que, comme moi, ils sont très chagrinés de n'avoir pu lui dire au-revoir.
Je le fais ici. Je te dis au-revoir, cher Michel, en te renvoyant un de ces clins d'oeil malicieux qui te caractérisaient. Puisse ton souvenir demeurer à jamais – pour tes proches, si affligés, comme pour les moins proches – source de générosité, et de bienveillance.
Et puisque j'en reviens toujours à cette notion de gratitude, je clos ce billet en vous souhaitant, amies et amis de ce blog, le meilleur pour 2022 – et de savoir, comme moi, apprécier la qualité des soins et de l'attention dont nous bénéficions dans notre pays. La critique est aisée, c'est une évidence, mais en ces temps de pandémie, je suis heureuse que mes ancêtres aient eu le bon goût de s'installer en France, au lieu de rester dans des contrées où la vie humaine ne compte toujours guère plus qu'un demi-litre de vodka. J'en boirai quand même à votre santé, dès que j'aurai complètement éliminé les tentacules vicieuses de ce sacré virus !
Alors, je le répète : "À LA VIE !", et à vos amours !
* * * * *
* Expression tirée du poème "Richard Cory" de Edwin Arlington Robinson. Elle signifie "des pieds à la tête".