Oui, j’ai encore la chance, en regardant par la fenêtre de mon bureau, de voir danser dans la lumière orientale les branches lourdes de trois grands cèdres du Liban.
Ils accueillent sans discrimination les oiseaux de toutes espèces, tourterelles roucoulantes, pies jacassantes, et, naturellement, les merles chanteurs.
Ils nous protègent de la chaleur, de la rumeur qui, autrement, monterait de la ville, de la pollution, et même de la vue parfois disgracieuse des villas environnantes, et vice versa.
Ce sont des merveilles d’arbres, hauts de près de vingt mètres.
Ils n’ont qu’un défaut, aux yeux de ceux qui vivent encore plus haut : ils dissimulent une partie de « leur » vue mer.
Hélas, nous vivons dans une région où certains tueraient père et mère pour leur vue mer.
Tant que la gêne n’a affecté que les étages inférieurs, qui ne se plaignaient pas, rien ne s’est passé.
Mais à présent que la cime majestueuse de ces arbres vole un brin de panorama aux seigneurs supérieurs, ils n’ont cesse que de leur couper la tête.
Les hommes de l’art, convoqués les uns après les autres, donnent leur avis, et tous concordent : Il faut y aller avec précaution, car une taille trop drastique mettrait en danger leur vie même. Élaguons, dégageons, éclaircissons – mais de grâce, ne les décapitons pas. Même le service des espaces verts de la mairie, consulté, a répondu dans ce sens.
On me dit que les arbres attaqués à la tronçonneuse souffrent tant que leurs voisins feuillus en dépérissent à leur tour. Mais ce n’est peut-être que du délire de « tree-huggers », d’amoureux des arbres, et de la nature. De jardinier, quoi ! Si je le répétais en réunion de copropriété, je me ferais rire au nez par tous ces messieurs si sensés. Non, leur avis est clair et définitif, il faut les rabattre, sans aucune sensiblerie. Foin de l’esthétique, au diable les écolos, s’ils meurent, eh bien, ce sera tant mieux, on en sera débarrassé. Nous les avons plantés, nous avons le droit d’en disposer. Et tant qu’à faire, abattons aussi le grand chêne du jardin du voisin, il nous fait un peu trop d’ombre !
Pourtant, la chose votée, même sans réflexion, doit être exécutée.
Que faire ?
Continuer à se battre, pour que survivent des arbres plus que trentenaires.
Je persiste à penser que quelque chose se produira qui les sauvera. Que nous trouverons un compromis qui contentera tout le monde et son père.
Sinon - mais ce sera trop tard -, ce sont les pauvres bougres qui auront décidé la mort de ces géants qui, un jour, à leur tour, chanteront avant de casser leur pipe, dans un environnement désherbé, bétonné, gravillonné : « Auprès de mon arbre, je vivais heureux, j’aurais jamais dû le quitter des yeux ».
Cliquez donc ici pour vous remettre en mémoire cette merveilleuse complainte, si chargée de sens, et de bon sens.
J'ai eu le même genre d'histoire dans ma copropriété, ils n'y sont pas allés avec le dos de la tronçonneuse !
RépondreSupprimerJe suis prête à faire partie d'un comité de soutien à ton arbre ! On pourrait faire une chaîne devant l'arbre pour le préserver de ces barbares en chantant la chanson de Brassens ! Gardarem lou cèdre !
Nous avons connu une situation équivalente, dans notre précédent appartement situé sur les hauteurs de Fabron à Nice, certains copropriétaires se sont permis d'émettre leur propre sentence à exécution, en coupant à la nuit tombée l'arbre gênant leur vue mer.
RépondreSupprimerAujourd'hui habitant au centre ville un seul arbre nous regarde, un seul arbre gêne à nouveau certains, un superbe araucaria, la vue mer n'est pas en cause puisqu'elle n'existe pas, la raison vient du grand danger que cet arbre ferait courir par sa haute taille aux habitants de l'immeuble, et ceci malgré l'avis contraire des services de la ville...auprès de mon arbre...
Merci de votre soutien.
RépondreSupprimerJe pense et j'espère que le pire sera évité.
Mais je vois ici et dans vos emails que je ne suis pas la seule à défendre les arbres, et cela me fait chaud au coeur !
Avé l'assent:
RépondreSupprimeraah mé, madame c'est voté, c'est voté et puis en plus il me faisait des saletés sur mon quatre quart.