Ceci pour répondre à tous ceux et celles (dont je suis parfois, je l’avoue) qui passent leur temps à rougner, en affirmant que « C’était mieux avant » !
En effet, chaque jour nous avons envie de pleurnicher sur un passé idéalisé, dans lequel il n’y avait ni violence, ni incivilités. Un temps où tout était formulé de manière politiquement incorrecte sans que personne s’en offusque ; une époque où on était enrobé, et pas en « légère surcharge pondérale », ou bien aveugle, et pas « déficient visuel »… Vous voyez ce que je veux dire.
Alors j’ai envie de vous dire aujourd’hui ce qui m’est passé par la tête ces jours-ci et qui me fait affirmer que, non, « c’était pas mieux avant » ! Et pas seulement à cause du progrès technique.
Par exemple, avant, s’il vous prenait la fantaisie de faire du vélo en ville (sans casque, bien entendu), c’était carrément suicidaire. Maintenant, il y a de merveilleuses pistes cyclables le long de la mer, qui vous permettent d’aller de l’est de Nice vers ….l’ouest de Nice (!), sur un magnifique vélo bleu, en compagnie d’autres amateurs de roulettes en tous genres. En toute sécurité.
À ce propos, avant, pas question pour les petits enfants de faire de la bicyclette, du patin à roulettes ou de la trottinette sans se faire enguirlander par tout un tas de mémés en manteaux de fourrure qui considéraient que les mioches n’avaient qu’à aller s’amuser avec leur cerceau au square. Aujourd’hui, les familles sont les reines sur la Prom’ – un vrai régal dominical. Les rollers ont leur emplacement, et nous sommes nombreux à les admirer évoluer sans risque (pour nous !)
Dans le registre bambins, qui peut dire que ce n’est pas plus facile aujourd’hui de se déplacer en famille, avec de jeunes enfants ? Dans les restaurants, on leur propose des chaises hautes, dans les cinémas, des rehausseurs, et dans les centres commerciaux il y a des aires de jeux gratuites – avant, il fallait leur payer un tour de manège, ou de balançoire pour avoir la paix. (Je note tout de même que l’on ne fournit pas encore de bouchons d’oreilles pour les adultes dans ces mêmes lieux).
À peine plus vieux, ils passent le bac. Alors là, quel progrès ! Quand on pense que seuls 20 à 30% d’une classe d’âge le réussissait dans les années soixante, en s’estimant très honorés d’avoir une mention passable, aujourd’hui, pas de souci – tout le monde est sûr de l’avoir, à condition d’avoir assisté aux cours à peu près régulièrement. Quel bonheur de voir à la télé, année après année, ces éclats de joie collective devant les listes d’admission ! C’est juste* bien mieux maintenant, non ?
Eh, les filles de mon âge ! Laquelle d’entre vous ne se souvient avoir été expulsée de la classe pour cause de maquillage trop visible ? Pas question non plus de se mettre en pantalon les jours d’hiver, il fallait être en jupe et montrer ses gambettes en chaussettes. On n’avait froid ni aux jambes, ni aux yeux. Même moche, on se croyait belle, et on s’affichait. Maintenant, pour les moins jolies, et à tout âge, il y a une solution que nous n’aurions jamais envisagée alors : le voile intégral, qui dissimule à coup sûr nos bourrelets, notre acné post-juvénile, nos varices, nos cheveux raplapla et tout le toutim. C’est-y pas mieux, ça ?
Passons à la voiture. Tous ceux qui conduisent des automobiles à direction assistée, climatisées, etc… parlent de la 2CV de leur jeunesse avec des trémolos dans la voix, mais ils ont oublié comment ils faisaient un créneau (en soulevant la voiture pour la mettre dans l’alignement des autres le long du trottoir), et les bleus au coude qu’ils subissaient quand la vitre avant leur retombait sur le bras ! (À l’arrière, n’en parlons pas, rien ne s’ouvrait, roule et crève – de chaud).
Et la route ? Quelle galère, Paris-Nice en douze heures, sur une départementale quasi-déserte, truffée de dos d’âne et de nids de poule ! En cas de panne, il fallait attendre des plombes que le premier automobiliste passe, et s’arrête, pour nous accompagner gentiment au garage le plus proche. En cas de crevaison, il fallait sortir la roue de secours, qui avec un vrai pneu, était bien plus lourde à manipuler que les jolies galettes fournies de nos jours avec les voitures neuves.
Maintenant, qu’on crève ou qu’on tombe en panne, un appel et hop, dépannage et remorquage assurés dans la demi-heure (qui parle d’argent ?). De plus, on est sûr de ne pas s’ennuyer sur l’autoroute : en août, on y aura de la compagnie humaine, et canine, sur de belles aires de stationnement, des services en veux-tu en voilà… Et, pour finir, grâce au système de télépéage, on passe les bornes sans s’en apercevoir – quel merveilleux système de crédit !
Une autre chose que j’adore, ce sont les zones piétonnes. Qui a vu la Place Masséna, à Nice, il y a seulement six ans, et y retourne maintenant ne peut pas reconnaître l’endroit. Là où on ne s’entendait même pas réfléchir tant c’était bruyant, à présent, non seulement on s’en prend plein les mirettes, et souvent on y perçoit des musiciens de rue qui font preuve d’un tel talent qu’on se demande pourquoi ils ne jouent pas à Monaco, eux !*
On pourrait continuer longtemps à énumérer les avantages de notre belle époque. Nul doute que vous aurez plein de commentaires à ajouter. Lâchez-vous vite, en pensant au temps où une lettre bien écrite, sans fautes d’orthographe, mettait 24 longues heures à atteindre son destinataire – le courrier n’étant distribué que deux fois par jour -, alors qu’aujourd’hui on communique en un clic - et dans un langage si amusant à décrypter !
Ah, c’est sûr, « c’était pas mieux avant », même si ce n’est pas toujours mieux maintenant !
PS. J’ai failli oublier : C’est nettement plus sympa de pouvoir dire maintenant « c’est juste pas possible », ou « j’ai juste pas le temps » - au lieu de « je suis désolé(e) de ne pas pouvoir le faire ». Non ?
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* Pour me faire pardonner ma remarque un peu caricaturale de la semaine dernière concernant Monaco, j’attire votre attention sur ce blog, en anglais, qui nous précise que la ville n’est pas que la vitrine que l’on croit voir. Cliquez ici.
Ah, oui, le bon vieux temps ! Moi, j'apprécie (parfois).
RépondreSupprimerSi, comme moi, vous avez un enfant né hors mariage, et bien, celui-ci n'est plus un "bâtard" mais au contraire un enfant de son époque qui fait partie de la majorité, avec seulement 48% d'enfants nés au sein d'un couple marié !
Moi je dis : bravo !
Je me souviens aussi, quand j'étais étudiante en droit, rapportant tous les ans des mentions TB ou B, j'affrontais en rentrant chez moi (à la campagne) des regards désolés, on scrutait cette fille pathétique qui, à 22 ans n'avait pas trouvé d'époux : "ah, ma pauvre, tu n'es pas mariée ? Tu n'as pas encore d'enfant ? Ahlalalala", et on secouait la tête.
Aujourd'hui on dirait que je m'accomplis ; en n'en pensant pas moins (c'est toujours la campagne).
Oui, les temps modernes ont du bien !