Tout d’abord, laissez-moi vous faire un petit cadeau, bien en rapport avec l’intitulé de ce blog. Cliquez ici.
Et maintenant, je vais vous raconter deux ou trois petites choses sur le concert de Joan Baez auquel j’ai eu la chance d’assister ce 4 octobre 2011 à Monaco.
Quoi, Joan Baez, à Monaco ?
L’idée en elle-même paraît absurde. Il n’y a aucun lieu au monde qui soit plus éloigné de son univers imaginaire que ce ghetto de nantis.
Ce n’est pas le genre de ville où l’on a l’habitude de voir des membres d’Amnesty International se tenir dans le hall d’une luxueuse salle de concert.
Ce serait plutôt le genre d’endroit où l’on s’attend à entendre la protestation émaner d’un malheureux éjecté d’un Casino où il aurait laissé ses derniers deniers.
Clichés ? Peut-être.
Mais on admettra tout de même que sur le Rocher, rares sont ceux qui peuvent imaginer vivre « sans possessions ».
Alors c’est un défi à l’imagination que de se dire que l’on va aller y voir se produire l’icône, l’égérie rebelle des années soixante.
Pourtant, nous y sommes allés, et, incroyable mais vrai, dans le hall de l’espace Grimaldi, il y avait cinq pétitions à signer pour Amnesty, à la demande de Joan Baez !
C’est vrai, la salle, comme il fallait s’y attendre, était remplie de vieux babas et d’ex- hippies, assis sagement à côté de ceux qui, ainsi qu’avait ironisé John Lennon, pourraient secouer leurs bracelets de diamants en guise d’applaudissements. Parfois même, les deux catégories se confondaient.
Le concert commença avec un brin de retard. Rien que parce que le Prince Albert était lui-même en retard. Je croyais que l’exactitude était la politesse des rois. Il semble que l’adage ne s’applique pas aux princes.
À peine fut-il assis (et chacun se dévissait le cou pour savoir avec qui il était venu), que les lumières de la salle s’éteignirent et ELLE entra en scène.
La magie opéra.
Pas d’emblée, toutefois. Il fallut bien deux chansons pour que notre Lady Joan accoutume sa voix aux écarts entre l’humidité de la côte méditerranéenne et la sécheresse causée par la climatisation.
Peut-être était-ce dû au calme de la salle, dont les applaudissements furent, au début, plus discrets que les limousines garées à l’extérieur.
Mais, après ces deux chansons, nous l’avons retrouvée, telle qu’en elle-même.
À chanter toutes les chansons que nous adorons écouter, encore et encore. Celles qui ont été écrites par Bob Dylan, par Leonard Cohen, et même par Johnny Cash – toutes celles dont nous connaissons les paroles par cœur, sans savoir en revanche que nous ne les avions pas oubliées, depuis tout ce temps.
Elle nous présenta son « orchestre » avec grâce : un musicien, dont les mains sont aussi magiques sur un clavier, et une guitare, que sur le merveilleux banjo qu’il utilise pour accompagner certaines chansons.
Et, à mi concert, elle nous fit son cadeau à elle.
Elle nous présenta une autre chanteuse. Quelqu’un dont, j’en suis persuadée, personne n’avait entendu parler auparavant. En tous cas, pas moi !
C’était une jeune Française, et Joan Baez nous prévint tout de suite qu’elle était trilingue.
Cette jeune femme, MARIANNE AYA OMAC s’est mise à chanter et à jouer de la guitare comme une vraie sorcière. Et c’est un compliment.
Flamenco ? Blues ? Rock ? Tzigane ? Toutes ces influences mêlées, plus sa voix, une voix… Un résultat inimaginable, indescriptible et renversant !
Et en plus, tout du long, on ne pouvait qu’être estomaqué par la générosité d’une star qui, elle, s’était mise en retrait à l’arrière de la scène, pour laisser sa protégée jouir pleinement de l’accueil chaleureux de ce public si exigeant. Après tout, la plupart avaient payé le prix pour écouter Joan Baez en personne, et voilà qu’on leur collait dans les écoutilles une invitée quasi-inconnue.
Qu’importe : un public sait reconnaître le vrai talent et l’émotion quand il les perçoit.
Ce fut le cadeau venu du cœur de Madame Joan Baez. Incomparable.
À vrai dire, il n’y a pas que les bijoux qui se sont trouvés secoués, quand Marianne sortit de scène ! Nous aussi ! Ce fut là un vrai triomphe, qui augure d’une belle carrière. Je la lui souhaite.
Et puis, Joan Baez reprit sa place, et puis, bien trop tôt à notre goût, elle annonça la fin du spectacle. Mais ce fut un faux départ. Elle revint pour de vrai, et chanta quatre autres chansons, et puis elle nous quitta avec l’élégance d’une hirondelle, fière et libre. Donna, Donna…donna…
C’est ainsi que nous la garderons pour toujours dans nos cœurs. « Rest forever deep in our hearts » Lady Joan – et pour clore, je ne peux que répéter : « Gracias a la vida, que me ha dado tanto » et, en particulier, de tels éclairs de pur bonheur.
*****
Voici donc, en bonus, le site de Marianne. Cliquez ici.
Et pour les vidéos, à ne pas manquer, cliquez ici.
Si vous souhaitez plus de détails sur la troupe de Joan Baez, c’est ici.
Voir Joan, silhouette familière, forte et fragile; entendre Joan, au fil de notre vie... Est-ce l'âge qui fait monter les larmes aux yeux?
RépondreSupprimerWhere have the flowers gone?
RépondreSupprimerMerci Cathy, pour cette émotion, pour ce partage
A.M