La dernière semaine de l’année je me sens vraiment entre deux eaux. Pas vous ? C’est un étrange sentiment, quand on regarde déjà dans le rétroviseur de l’année presque passée, et que l’on n’a pas encore le sentiment que la suivante soit si près d'arriver. On en voit le numéro, pourtant. On s’essaie à en écrire les chiffres, affichés un peu partout : 2012. Oui, c’est harmonieux. Sûrement à cause des chiffres pairs, et de leur sonorité. La dizaine, riche en zzz résonne bien à nos oreilles. Essayez donc à voix haute : 2011 – 2012– 2013 – 2014 – 2015 – 2016 : ces années-là seront les seules à zézeiller ainsi à nos oreilles : jusqu’en 2091 vous n’aurez plus l’occasion de ronfler ainsi. ZZZ. ZZZ. Ça me rappelle les bandes dessinées, qui représentaient ainsi un flemmard à l’ouvrage, accompagné d’une scie en mouvement, dans une bulle. (D’où l’expression « buller », sans doute).
Buller, c’est bien ce que faisait le pêcheur hors champ, qui avait déposé ses cannes à pêche sur la plage, un jour de cette semaine si ensoleillée.
Chacune était solidement fixée entre quelques galets, au cas où un énorme poisson se prendrait à un hameçon, pour éviter qu’elle ne soit emportée au large avec son appât.
Lui, tranquille, il roupillait à distance raisonnable de sa pêche miraculeuse à venir.
Optimiste ou innocent ?
Cette semaine, j’ai lu tant de choses contrariantes sur internet, notamment sur le site de débat auquel je contribue parfois, (Newsring) que je me suis posée la question de savoir où mes contemporains allaient chercher tant d’agressivité envers tous ceux et celles qui ne partagent pas leur avis. Face à tant de certitudes ; tant d’aigreur systématique, de pessimisme … me concentrer sur mon thème de prédilection m’a paru difficile. Mais en prenant cette photo, et en la regardant maintes fois depuis, la paix m’est revenue.
Je me suis dit qu’à l’instar de ce pêcheur de la semaine, j’allais vous entraîner à la pêche à l’espoir : On nous serine que la mer Méditerranée est polluée à ne plus en voir une seule girelle ? On nous démoralise pendant des lustres avec l’algue tueuse (pour nous dire, presque en douce, cette semaine, qu’elle serait en train de disparaître toute seule) ? On nous déconseille de manger la moindre soupe de poissons au prétexte qu’ils ont, eux, bouffé des saloperies à en crever, avant même de sortir de l’eau ? Eh bien, mon pêcheur, il n’a rien dû écouter de tout cela. Il a posé ses cannes tranquillement, il a sorti son casse-croûte, sa bouteille de rosé, rempli son seau d’eau de mer. Et puis, la tête sur son blouson, il a piqué un roupillon en attendant que quelqu’un le réveille en lui demandant très bêtement :
« Alors, ça mord ? »
Et même si ça ne mord jamais, il aura, comme moi ce jour-là, eu de la mer plein les mirettes. Il aura eu les mouettes au dessus de la tête, et le soleil pour lui tout seul, et gardé pendant quelques heures cet espoir merveilleux que son seau serait finalement empli de jolis poissons de roche… Trop peu ou trop petits pour être cuisinés ? Qui sait, il les rejetterait peut-être à la mer avant de rentrer ce soir à la maison se manger un plat de spaghettis ?
Dans les deux cas, il aura profité de son optimisme, et de son innocence. Alors, face à 2012 qui se profile avec son lot de noirceur, je choisis de garder, et de regarder, le souvenir de ce beau cliché, d’en faire, en quelque sorte mon image-refuge : elle me sera fort utile par les temps de tempête que l’on nous prédit.
Elle vous plaît ma photo ? Je vous la cède, elle est libre de droits, et, surtout utilisez-la, sans aucune modération.
Sur ce, bon bout d'an, et bonne nouvelle année à tous et à toutes !