Quel beau titre pour un
livre dont chaque chapitre traite de l’amour !
La force
d’aimer, la nécessité d’aimer, la liberté d’aimer, la beauté d’aimer, le risque
d’aimer, tels sont les titres des
chapitres qui le composent.
Un livre dédié aux humains de sa famille, que son
auteur aime le plus au monde, mais aussi, et c’est le thème de cet ouvrage
passionnant « aux animaux du monde
entier, héros méconnus et oubliés de l’aventure de l’attachement. »
Claude Béata est un vétérinaire comportementaliste.
C’est ce que certains nomment en souriant un psy pour animaux. Le sourire est
parfois narquois. Je l’ai subie, cette moquerie, lorsqu’il a bien longtemps,
nous lui avons amenée notre chatte siamoise qui avait, comme on le dirait
vulgairement, pété les plombs.
Elle avait deux ans, elle était adorable – quand
soudain, la folie s’installa. Une folie un brin dangereuse, car la minette, terrifiée
par un ennemi invisible, s’accrochait à nous de toutes ses griffes, laissant
sur notre peau des traces, souvent sanguinolentes. Je ne donnerai pas les
détails de sa pathologie, très bien expliquée et analysée dans ce passionnant
ouvrage. Mais je dirai ici tout le bien que j’ai pensé, à l’époque, d’un
pionnier qui fit le pari de sauver ce chat, que certains, consultés par
téléphone, nous enjoignaient d’euthanasier. Nos vétérinaires habituels, eux,
ont eu la sagesse de reconnaître qu’un avis spécialisé s’imposait, et ils nous
ont donc suggéré d’aller consulter un confrère plus compétent, à Toulon. Bien nous en a pris, de suivre
leur conseil. Notre chatte a été sauvée, et a vécu ensuite seize ans, paisible, aimante et heureuse, et toute notre famille avec elle. Ce, grâce au docteur Béata.
GARDIENNE DE LA BIBLIOTHÈQUE
Cette précision d’ordre personnel et familial une
fois posée, il faut tout de même que j’explique pourquoi ce livre est à lire
absolument, même par ceux qui n’ont pas d’animaux.
Au cœur de ce livre, il y a l’attachement. Ce
phénomène que l’on observe, sous la houlette de Claude Béata, chez de
nombreuses espèces animales, mais également chez nous autres humains.
L’attachement de la mère pour ses petits, et réciproquement ; l’attachement entre dauphins ; l’attachement des couples d’oiseaux ;
l’attachement de nos animaux domestiques pour leurs maîtres - et la réciproque
est vraie aussi -, ce sentiment, et le plaisir qui l’entoure, est expliqué grâce
à des anecdotes passionnantes et un ton personnel vivant, et très drôle. Au fil des lignes, on entend l'auteur expliquer, démontrer, et on comprend tout ! Cela fait de ce livre un véritable audio-guide du monde de l’amour et des
amitiés entre êtres vivants.
Page après page, Claude Béata nous démontre
comment, en reconnaissant que nous faisons tous partie de la chaîne du vivant,
nous en arrivons à une meilleure compréhension de ce qui nous entoure, et de ce
que nous sommes.
En expliquant ce qu’est l’attachement chez les
animaux, il met en lumière que, certes la chimie y a sa part, mais qu’elle
n’est pas le seul élément responsable du choix qu’un être vivant fait de son
sujet d’attachement.
(De même que la biologie n’explique pas complètement la polygamie chez certains hommes, n’en déplaise à Michel Boujenah, qui a fait de cette thèse le sujet de son dernier spectacle "Enfin libre" !)
(De même que la biologie n’explique pas complètement la polygamie chez certains hommes, n’en déplaise à Michel Boujenah, qui a fait de cette thèse le sujet de son dernier spectacle "Enfin libre" !)
Inversement, il déculpabilise toutes les mères qui
ont été accusées d’être responsables des maladies graves de leurs
enfants : « La mère n’est qu’un élément des conditions de
développement du petit, même si elle est le soleil de la galaxie ».
(L’image me plaît bien. Oui, « le soleil de la
galaxie », ça parle à mon ego, tout en me décomplexant !)
Notre éthologue favori continue en observant les
comportements maternels et paternels, et là, chers amis du genre masculin, vous
en prendrez pour votre grade : les oiseaux sont de bien meilleurs acteurs du ménage que
vous autres : selon l’INSEE, vous ne faites que 20% des tâches
domestiques ! Voilà bien un chiffre que je devrais rajouter à mon petit
livre sur le ménage !
Mais les oiseaux, eux, ils sont 80% dans certaines
espèces à prendre soin de leurs petits, et de leur nid – et vous savez
pourquoi ? Par plaisir ! Oui, par plaisir. Les animaux éprouvent du
plaisir à leur relations, voilà ce que nous démontre Claude Béata, et là,
vraiment, j’en pépie de satisfaction ! Dans une autre vie, je serai
merlette.
Plus sérieusement, et je le cite : « Donnez des soins, et vous recevrez de
l’amour, et du plaisir - et cela même si vous êtes une chienne ou une
chatte. »
Là où il y a de l’attachement, et de l’amour, il y a forcément de la peine, en cas de perte. Claude Béata explore également cette
piste-là, en démontrant l’existence du deuil, chez les animaux, comme chez les
humains.
Et moi, qui ai tenté de raconter le chagrin occasionnée par la perte d'une "personne animale"* dans une nouvelle intitulée Le shampooing, je comprends parfaitement la phrase suivante : « Les animaux meurent, et parfois les hommes
ne le supportent pas. Parce que l’animal pèse plus que son poids. Il pèse le
poids des deuils non dits et des chagrins insupportables. »
Puis, à la question : « Ce risque d’aimer vaut-il la peine ? » il répond à
l’aide d’une citation de Saint-Exupéry : « J’y gagne à cause de la couleur du blé » (en référence
à la couleur des cheveux du Petit Prince aimé).
Il y aurait encore beaucoup à dire de ce
merveilleux voyage au pays de l’attachement. Que l’on ne pense pas qu’il soit
triste, malgré ces dernières citations. Je le répète, Claude Béata a beaucoup d’humour, il
nous fait sourire toutes les deux pages – et chantonner aussi, car, curieusement,
nous nous retrouvons dans son cheminement musical - autant que dans ses
illustrations cinématographiques et littéraires.
Mais je n’en dirai pas plus. Je vous laisse le soin
de découvrir l’ouvrage dans son intégralité. Lisez-le. Vous en apprendrez
beaucoup sur les humains qui vous entourent, sur vous même, et, qui sait, vous
aurez peut-être envie de prendre, encore plus souvent, le risque d’aimer.
*Je cite Anny Duperey, qui
parle si bien des chats.
DERNIER CADEAU, en attendant celui de l'interview que va bientôt m'accorder Claude Béata, ce poème de Baudelaire, qui ne laissera aucun humain indifférent.
merci ! j'ai partagé le livre "au risque d'aimer" sur ma page facebook "j'aime les loups", Ghilaisne viano m'ayant recommandé celui-ci!
RépondreSupprimermerci à vous #lou