Sexiste, la pub ?
Sans être une allumée du féminisme (les mots en isme m’ont toujours effrayée), mais en
gardant les yeux et les oreilles en alerte, je ne peux m’empêcher de remarquer
que les bons vieux stéréotypes semblent toujours être vendeurs. En tout cas ils
sont utilisés par les publicitaires d’une manière très caricaturale.
Par exemple, avez-vous jamais entendu à la radio la
pub pour un site, que je ne nommerai pas, qui vend des pièces détachées pour
automobiles ? Non ? Alors je vais vous la raconter : On entend un
dialogue entre une jeune fille et son père. La jeune fille se plaint de l’odeur
de l’habitacle de la voiture, et demande à son père depuis quand il n’a pas
changé les filtres de la clim’.
Là, on se dit, elle est forte, la fille, d’aller
droit au but comme ça. La plupart de ses contemporaines auraient juste dit :
« ça pue la mort dans ta bagnole, t’as oublié un macchabée dans le
coffre ? ». Mais non, elle sait tout de ce qui cause ces effluves
désagréables, et, surtout, ce qu’il faut faire pour y mettre fin.
Mais, il y a un hic. Si elle est si costaud en
mécanique, c’est qu’elle a un petit ami qui, précisément, achète régulièrement
du matériel sur le site qu’elle recommande si chaudement à son père. C’est ce
que celui-ci devine tout de suite. Forcément, toute seule, elle ne saurait rien
de la mécanique. N’est-ce pas ?
Mais le clou de l’histoire, c’est la réaction du
père, qui se réjouit du choix de sa
fille en matière de petit ami. « Il n’est pas si mal que ça, ton
Mathieu » lui dit-il. Le conseil d’une fille, il s’assiérait dessus, mais
si cela vient d’un jeune mâle, alors pourquoi pas ?
En quatre phrases on a le bilan de cinquante ans de
féminisme. Pas top. Mais très intéressant à observer.
Deuxième exemple :
Une pub TV pour un site de rencontres entre
célibataires. On y entend un autre jeune mâle, bien fait de sa personne, se plaindre
de son célibat. Il ne dit pas qu’il aimerait partager les joies du quotidien
avec quelqu’un, ni qu’il a de l’amour à donner, ni qu’il se sent très seul…
Non, il explique qu’il en a assez d’être le nombre impair quand tous ses potes
sont en couple. Aux dîners en ville, c’est inconfortable. Ensuite, on le voit
(comble de l’horreur) utilisant un fer à repasser, et le résultat, c’est lui,
revêtu d’une chemise boutonnée de travers. Le
message, tel que je le comprends est le suivant : « Si j’avais
une compagne, je serais enfin comme les autres, et j’aurais quelqu’un pour
repasser mes chemises et veiller à ce que j’ai l’air convenable avant de passer
la porte, le matin. »
Plus conforme aux stéréotypes, il n’y a pas. Mais, à
nouveau, très intéressant à observer.
N’est-ce pas ?
Et, pour finir, un encore petit coup de …
jeunisme ? Quoique je me demande si le terme est ici approprié. Je pense à
toutes ces pubs qui font apparaître les séniors comme de vieux cons (non qu’il
n’y en ait pas, mais comme le chantait Brassens, « le temps ne fait rien à
l’affaire ») – face à des jeunes qui eux ne sont pas cons pour deux sous, parce
qu’ils savent tout. Les vieux, en pub, ce sont ceux qui ne comprennent rien au
monde moderne, et qui donc ont besoin que les jeunes le leur expliquent. Comme
dans l’exemple donné plus haut, mais en pire. Ils ne savent pas, les pauvres,
que certaines banques proposent des forfaits téléphoniques qui leur
feraient faire des économies substantielles. Même leur chien saisit les
explications données – mais eux, pauvres idiots, ils continuent à jeter leur
argent par les fenêtres comme s’il n’y avait pas de crise, et, surtout, à ne pas
écouter leurs enfants. Ces jeunes adultes-là peuvent leur donner toutes les
leçons du monde, le message est : Vieux con jour, vieux con
toujours ! (Vous remarquerez le ton las, exaspéré, de la fille quand elle dit
« Papa… » - pas étonnant qu’il continue à parler à son chien !)
Idem, en plus nuancé, dans la pub pour une carte
bancaire : là c’est un petit garçon qui donne une leçon d’économie domestique
à son papa. Sur le mode touchant, le message est identique : la vérité
sort de la bouche des enfants. Et il est bien dit : « Apprendre la vie à ses parents ».
Cette pub ici (hilarante) montre que, devenus adultes,
les enfants n'ont aucune pitié pour leurs vieux parents, qui eux-mêmes sont loin
d’être des anges !
(J’ai bien envie de me venger un petit coup, alors
prenez le temps de regarder ça avec moi, avant de vous précipiter pour faire des enfants !)
Alors, sexiste, jeuniste, et simpliste la
pub en France ? J'oubliais ! Il y a une chose qu'elle n'est pas, c'est raciste. Ou alors par omission : Combien de messages sont-ils adressés aux "minorités visibles" ? À part ceux pour des cosmétiques, qui visent les "peaux mates ou foncées" je n'en ai pas repéré des masses. Contrairement à nos voisins anglais (sans parler des Américains) l'écran reste blanc en la matière. Le public coloré ne semble pas être la cible prioritaire des publicitaires. Les vieux ont plus de fric, c'est certain, surtout ceux à peau claire.
On le sait, la pub n’est rien d'autre que le reflet de notre
société, et, parfois, je me dis que de se regarder ainsi dans le miroir de la
télé, ça fait autant réfléchir (sic) que de lire la presse papier.
Au fait, c’était quoi déjà, un journal ?*
Sur ce, je m’en vais attaquer une pile de
repassage, et si vous avez lu Le ménage,
vous savez que je trouve ça très relaxant. Pas vous, messieurs ?
*Geek un jour, geek
toujours ! LOL.
Mais si, mais si! C'est en plus un merveilleux dérivatif pour les insomniaques - et ça ne fait pas de bruit (tant mieux pou les voisins qui dorment, eux!) Dernier point: avec cinquante ans d'expérience, je repasse au moins aussi bien que ma chère moitié.
RépondreSupprimerCher Anonyme niçois, cette réponse ne m'étonne pas de vous - et je n'aurais qu'un souhait, c'est de vous télé-porter chez moi pour que vous mettiez vos talents à mon service - ces temps-ci j'ai plus de chemises sur la planche que d'ordinaire !
RépondreSupprimerBravo Cathie , disséquer les pubs , voir ce qu'il y a derrière comme message, c'est de l'exgésese Biblique .... A tres bientot
RépondreSupprimerGros bisous . Myriam