C’est un événement qui revient à Nice tous les ans
depuis 7 ans, au moment où Carnaval se termine. NIFF, cela veut dire Nice
Israël Film Festival, dans une langue qui pourrait être de l’anglais, mais
qu’importe son nom, quand ce qui compte c’est le plaisir qu’il nous donne.
Organisé par les bénévoles B’nai B’rith – c’est-à-dire que les
bénéfices, une fois payés les frais incontournables, vont directement à des
actions humanitaires – ce festival du film israélien ne fait pas
qu’amuser l’auditoire. Il permet aux Niçois curieux de découvrir les facettes
d’un cinéma exigeant, varié, créatif et sans concessions. Il est le reflet d’une
société qui n’hésite pas, telle l’Amérique idéale, à regarder ses propres
failles et défauts, ce qui est tout de même l'un des aspects essentiels de la
démocratie.
Pendant 5 semaines, chaque dimanche, il est donc
possible de voir un film – et un court-métrage – issu de cette veine-là.
Un jury populaire vote en fin de festival, afin d’attribuer le MIMOSA D’OR au
lauréat, sous la forme d’une statuette qui n’a rien à envier aux Oscars ni aux
Césars.
Nous y avons vu des choses très diverses ces
dernières années, mais le NIFF 2014 a lui aussi commencé très fort le dimanche
2 mars, avec ce documentaire intitulé LIFE IN STILLS, (en français, LES ÉPREUVES D'UNE VIE) qui date déjà de 2011, et
qui est arrivé entouré de récompenses multiples.
La salle comble (il devait rester une dizaine de places
aux premiers rangs) est restée sous le choc – pour ne pas dire muette, ce qui est tout de même un exploit, vu le contexte ;-) – de ce film dit 'documentaire' réalisé par la jeune Tamar Tal, autour de l’histoire de la famille Wissenstein.
Sans entrer dans les détails du synopsis, que vous
trouverez, très bien rédigés ICI, je dirai que ce qu’il y a d’exceptionnel
dans ce film, c’est qu’il montre avec une délicatesse rare la relation entre un
petit-fils, Ben, et sa grand-mère, Miriam, âgée de 94 ans lors du tournage.
Relation qui se fonde sur leur passion commune de la photographie, et leur
désir que survive à Tel Aviv le studio photo créé par le grand-père, Rudi Weissenstein, et
que ne soient jamais perdus le million de négatifs qui sont autant de
témoignages de la vie de l’état d’Israël.
Le jeune homme accompagne l’aïeule, la soutient et la
bouscule à la fois, avec amour, patience, et humour. Et il lui en faut, car la dame ne manquait pas de répartie, et son caractère était tout sauf tiède ! Ses répliques authentiques ont du reste de quoi rendre jaloux n'importe quel dialoguiste en quête d'acidité !
Leurs échanges sont, eux, filmés tendrement mais, heureusement, sans aucune mièvrerie. On imagine les heures de tournage que
cela a impliqué, on perçoit le doigté de la réalisatrice, et l’efficacité du
montage. Le résultat est à la fois émouvant et percutant.
Le plus du NIFF, c’est la possibilité de rencontrer
des acteurs ou des réalisateurs, qui acceptent de répondre aux questions du
public. Ce soir-là, Ben Weissenstein a révélé quelques-uns des aspects les plus
étonnants de cette histoire. Comme par exemple ceci :
Une des scènes du film montre le voyage à Francfort
de Miriam, accompagnée, bien sûr, de Ben, et de son auxiliaire de vie (entre
ces parenthèses, je note que les Philippines s’emploient à cette tâche partout
dans le monde avec la même dévotion). Il y a de la neige à Francfort, c’est
l’hiver. Ben demande à Miriam de se coucher dans la neige, pour qu’il la
photographie ainsi étendue, les bras en croix. Et elle s’exécute ! (Entre
d’autres parenthèses, on comprend qu’elle aurait fait n’importe quoi pour lui
faire plaisir !).
Bref, la photo est prise, et le plan figure dans le
film. Attendez la suite :
Après la mort de Miriam, à l’âge de 98 ans, Ben
fait l’inventaire de ce qui se trouve dans son appartement. Et là, il découvre
une photo de Miriam jeune, dans exactement la même posture, allongée sur la
neige, les bras en croix.
Et, nous dit-il, il a alors l’impression qu’elle
lui a fait un petit signe, au delà de la mort. Un signe qui serait comme un
clin d’œil…
La conclusion de Ben à son échange avec le public,
c’est cette jolie phrase. « Ma grand-mère n’était pas vieille. Elle disait
qu’elle était ‘rich in years’ ; riche
en années – quelle belle philosophie ! En un temps où tant d’entre nous
ont la tentation de se faire ravaler la façade, celle, toute fripée, toute
aimée, si expressive, de Miriam nous en dissuade, en un autre clin d’œil !
Il y aurait encore beaucoup à dire, mais je crois
que vous en savez assez à présent pour avoir envie de voir ce film, d’acheter
le DVD, et surtout, de venir assister à d’autres séances de ce NIFF si
éclectique, mais dont les efficaces organisateurs nous ont promis que cette
année, il serait sous le signe de la bonne humeur.
On a tous besoin de ça, non, ou bien c’est juste
moi ?
PS. La photo de l’affiche montre Miriam et elle a été
prise par son mari Rudi. D'autres photos sont visibles sur le site du NIFF 2014. Vous y trouverez également tous les détails pratiques vous permettant de prendre le train en route si vous avez manqué le premier wagon ! Il va encore rouler tous les dimanches, jusqu'au 30 mars.
quel dommage que j'aie loupé le film. Mais tu en parles si bien ! c'est une compensation. Merci
RépondreSupprimerLe film est génial.
RépondreSupprimerOn espère que la première projection du Festival fut un grand succès.