LILLYHAMMER, du vet ?*
Avec un nom pareil, on
pourrait penser qu’il s’agit d’une série de meubles Ikea. Eh bien non, pas du
tout, même si cette série americano-norvégienne a des accointances avec la
Scandinavie. Mais il n’y est pas question de mobilier, plutôt d’immobilier, et
dans ce domaine, j’ai trouvé mieux que M6.
Après le grand enthousiasme de la
semaine dernière et comme, à part GRAND BUDAPEST HOTEL, je n’ai rien vu qui me
fasse sauter de joie au cinéma, je me rabats sur l’écran plat de mes
nuits blanches, sur lequel je me suis régalée à regarder, soir après soir, à
m’en gaver, la première saison de LILLYHAMMER, grâce au petit chéri qui me l’a
fait découvrir*.
Pourtant, gaver n’est pas
le terme idéal, car c’est-là le genre de série qui vous fait dire :
« Allez, encore un épisode, rien qu’un, et après on fait
dodo… » quand en fait, on ne parviendra à fermer ses petits yeux
qu’à des heures pas possibles, tant on est accro.
Alors voilà, en gros, c’est
l’histoire d’un mafioso italo-américain (tant pis pour le pléonasme), Frank
Tagliano, qui obtient de faire partie d’un programme de protection des témoins
en acceptant de dénoncer un autre mafieux encore plus méchant que lui. Sur un
coup de cœur, rien que par nostalgie des J.O d’hiver de 1994, il se fait
expédier en bonne et due formes en Norvège, à Lillehammer, où il renaît sous le
nom de Giovanni / Johnny Henriksen.
À partir de là se déroule
le film de son « intégration » dans une société aux valeurs morales
quasi-impeccables, qu’il va s’attacher à « américaniser » et pas dans
le meilleur sens du terme. Un voyou, même très sympathique, reste un voyou,
avec des valeurs de voyou, et le vocabulaire assorti.
Après avoir réussi son
examen d’entrée dans le pays, non sans quelques graissages de pattes et autres
chantages invraisemblables, Johnny va ouvrir un « club » dans la
paisible ville de Lillyhammer, séduire une jolie blonde, pourrir la vie de ses
voisins, et se faire – très vite – autant d’alliés inféodés que d’ennemis.
Dit comme ça… je vous sens
hésitants.
Ah mais, ce qui en fait une
petite merveille de série, c’est :
1) le jeu
extraordinaire de l’acteur Steven Van Zandt (que certains avaient peut-être
déjà repéré dans les Sopranos – RIP
James Gandolfini), dont les mimiques, la démarche, l’accent sont impayables.
Il faut croire que les
Norvégiens (coproducteurs de la série) n’ont pas craché sur LILLYHAMMER non
plus car la série a été plébiscitée chez eux. Alors, soit ils sont idiots, soit
ils ont suffisamment d’humour pour pratiquer ce que je préfère en la
matière : l’autodérision. Je penche sans hésiter vers la deuxième solution,
et cela me les rend très sympathiques, aussi sympathiques que ce vilain méchant
gentil héros.
Et pour finir, en prime
ironique, il y a une certaine culpabilité agréable à se trouver aussi souvent
séduit par un héros qui piétine allégrement toutes les valeurs auxquelles on
croit (croire). En fait, ce petit coup d’immoralité bénigne fait un bien fou :
un peu de politiquement incorrect, à peu de frais, cela change du discours
ronronnant – et, sur fond de neige, de petits drapeaux, de rennes et de trolls,
ma foi, c’est mieux que le morne spectacle pré-électoral qui se tient chez nous
ces temps-ci.
J'ai failli oublier : en bonne pédago, je souligne que cette série à regarder en V.O absolument, car elle illustre une fois encore le fait qu'il n'est pas absolument indispensable de parler la langue de l'autre pour échanger avec lui. Là, les Norvégiens parlent norvégien, les Américains leur langue, et tout le monde est content, sauf ceux qu'ils tuent.
(On se demande à quoi ça sert d'enseigner autre chose que la compréhension de l'oral ! En revanche, ça peut servir de savoir lire des sous-titres.)
J'ai failli oublier : en bonne pédago, je souligne que cette série à regarder en V.O absolument, car elle illustre une fois encore le fait qu'il n'est pas absolument indispensable de parler la langue de l'autre pour échanger avec lui. Là, les Norvégiens parlent norvégien, les Américains leur langue, et tout le monde est content, sauf ceux qu'ils tuent.
(On se demande à quoi ça sert d'enseigner autre chose que la compréhension de l'oral ! En revanche, ça peut servir de savoir lire des sous-titres.)
Vous devinez ma
conclusion :
Vivement la saison 2, qu’on
sache si Johnny pourra s’occuper des bébés de la mignonne Norvégienne qui l’a
proprement jeté à la fin de la saison 1, des jumeaux dont il est, incidemment,
le papa. WTF, tant pis si j’en ai
trop dit !
Mais quand même, The Grand Budapest Hotel... dans le genre déjanté, c'est pas mal non plus.
Mais quand même, The Grand Budapest Hotel... dans le genre déjanté, c'est pas mal non plus.
* Du vet ? = Vous connaissez ? C'est beau les langues étrangères avec Google !
** C’est mon fils dont il s’agit, cette fois-ci !
** C’est mon fils dont il s’agit, cette fois-ci !
Ah flûte j'ai loupé cette série ! C'était sur quelle chaîne ? Vu comme tu en parles j'ai les plus vifs regrets de ne pas avoir regardé .... Merci pour cette analyse bien complète comme d'habitude ...
RépondreSupprimerBisous
Georgette
Une bonne analyse, Cathie.
RépondreSupprimer[Il y aura plusieurs séries de ce feuilleton à venir (je crois).]
Joseph