Pour bien commencer ce
billet vert, il convient de se remettre un peu de musique dans les oreilles. De la
bonne, de la sauvage, de la qui permet de s’ouvrir le cœur si par hasard, par
douleur, il se trouve un peu recroquevillé sur lui-même.
Oui, l’herbe sauvage a
longtemps été qualifiée de « mauvaise ». La bête noire des
jardiniers, qui s’empressaient de l’arracher, de la pulvériser, de l’atomiser,
et avec elle tous les petits insectes, dont la jolie coccinelle, demoiselle,
bête à Bon Dieu.
image prise sur ce site.
Par contraste, bien
entendu, il y a le bon grain, qui donne de belles plantes, de bonnes récoltes,
et qu’il faut séparer de l’ivraie. Au fait, qui sait à quoi ressemble cette
dernière, que l’on met au ban de la société agricole au simple prétexte que la
consommation de sa variété enivrante peut induire une espèce d’ivresse ? Mettons
donc fin illico à ce doute redoutable. Ici.
image prise sur ce site
Voilà, on se rend compte à
présent qu’en voulant tuer la plante qui gêne le blé, non seulement on rend
service à ceux qui s’en font, du blé, tels les gros producteurs de pesticides,
mais en plus on ruine le paysage.
Quoi de plus beau, en
effet, qu’un talus, un bord de route, un
fossé envahi de folles herbes, autrement dit de graminées ?
Il y a eu des prophètes en
la matière, puisque au Musée du Quai Branly le
jardin a été conçu, il y a déjà cinq ans, par le paysagiste Gilles Clément autour de ces plantes
exotiques venues du monde entier, avec l’idée d'en couvrir le sol pour le faire ressembler à la savane.
Le résultat, botaniquement cosmopolite, m’avait emballée à
l’époque, par sa beauté et son originalité. Jugez-en par vous-même, vous en
serez soufflé !
C’est ainsi que naissent
les tendances. Un allumé (terme volontiers attribué aux artistes) refuse le
gazon tondu, si vorace en eau, dompte les plantes sauvages sans en avoir l’air,
et le monde entier suit ses traces.
La preuve, Nice s’y est
mise, et sur sa magnifique Promenade du Paillon on trouve des plates-bandes
dans le même esprit. Belles !
Et, mieux encore, on trouve
à présent à l’entrée de la ville, juste après l’aéroport, une pancarte qui
dit : ZÉRO PESTICIDES et acceptons les herbes sauvages ! (Citation
approximative, je n’étais pas assez près pour prendre une photo qui le montre bien).
Alors là, je dis
chapeau !
Parce que, pendant des
années, les talus de la colline où j’habite ont été envahis de martiens en
tenue de scaphandriers, armés de pulvérisateurs – et que je t’arrose les
coquelicots, et je te fauche à coup de liquide toxique les graminées
mentionnées plus haut, et que je me moque de savoir si cela provoquera des
éboulis à la première pluie, quand la terre non retenue partira avec tout son
poudingue. Un vrai massacre.
Mais voilà que cette année,
je n’ai pas vu arriver cet escadron de la mort. Je crois, j’espère, qu’il ne
viendra plus.
Résultat : la mauvaise
herbe – pardon, l’herbe sauvage – prolifère, elle est belle comme si elle avait
été plantée exprès, et c’est un vrai petit bonheur que de marcher à côté.
Et, pour terminer, en cadeau pour les anglicistes et anglophones, ce passage de LEAVES OF GRASS, de Walt Whitman, pris ici :
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Amoureux des graminées et des herbacés, partagez !
Super ! Tu as bien raison
RépondreSupprimerBises Georgette
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RépondreSupprimerJe ne pulvérise pas, mais j'arrache avec ardeur (on recycle) ces tueuses de muguet, violettes, fraises des bois, etc. Plus de persil ni d'autres herbes au jardin - certains néophytes ont failli s'empoisonner; retour au balcon! Mes charmants copropriétaires ont vite compris que l'invitation à une "garden party" les conviait à une séance de jardinage!
RépondreSupprimerComprenez que j'ai remis ce message à la demande de son auteur...
SupprimerSur ce blog on a le droit à l'erreur, et même de les corriger !
RépondreSupprimerMerci à tous ceux qui réagissent ici si souvent - vos commentaires vivants le font vivre, aussi.