En vol

En vol
Image de la superbe chaise de l'artiste SAB

lundi 4 mai 2015

FAISONS DANS LA DENTELLE !


Dentelle de Calais 
présentée sur ce site


La mode est un phénomène qu’il est toujours intéressant d’observer. On l’adopte avant même de savoir qu’elle en est une, persuadée que l’on est (je parle en fille) d’avoir découvert une tendance rare, voire d’être celle qui va la lancer.

Sacha Guitry disait, en son temps : « Lance-la si tu peux, mais ne la suis jamais. Tu ne dois pas être à la mode. Le vrai Parisien, c’est celui qui est en retard de quinze ans sur elle – ou en avance de quinze jours. Tu aurais l’air d’un provincial si tu suivais la mode. » (in Mémoires d’un tricheur)

Paris vs la Province ? Pff. Bagatelle de lourdaud ! Ce genre de faribole n'a plus de raison d'être. Mais venons-en au fait : cette saison, ici à Nice, comme ailleurs, il n’est question que de dentelle. 

De la plus sophistiquée à la plus ordinaire, celle-ci orne toutes les tenues. Noire ou blanche, couleur chair ou indiscrète, elle les borde, elle les traverse, elle les tisse, elle les dévore. Elle est en vitrine, et déjà dans la rue, avec nos premiers rayons de soleil, bien avant Paris !


Décor végétal 
sur petit top Zara

Ce qui est frappant, dans le même temps, c’est le nombre de boutiques de sous-vêtements féminins qui ont envahi nos villes. Observez votre avenue principale, et comptez-les. Leurs enseignes abondent. Elles ont presque remplacé les banques, c’est dire.

Et, bien entendu, vous serez bien en peine d’y trouver un bout de tissu dépourvu de dentelle !
Le top du top : des nuisettes qui ressemblent fort à ce que les mémés de mon enfance portaient, sauf qu’en ce temps-là on les appelait des « combinaisons » : le terme était aussi vilain que la mode d’alors… tandis que maintenant… On sortirait presque dans la rue avec rien dessus !



Avouons-le : c’est ravissant. Ces déshabillés soyeux, cette lingerie aérienne, ces tuniques à revêtir sur un maillot de bains, ces robes de soirée, de matinée, de déjeuner sur l’herbe… toutes ces étoffes jouent sur le diaphane, le non-dit, l’évocation... sur la délicatesse, en somme !

Qu’en déduire sinon que, face à la dureté des temps, rien ne vaut la subtilité d’une transparence qui manque à tant d’autres domaines.

Cacher sans vraiment dissimuler, révéler à demi, évoquer sans choquer… c'est peut-être un bel emplâtre sur la jambe de bois de nos soucis. Mais en tout cas, un sacré pied de nez à ceux et celles qui souhaiteraient nous voir emballées comme des momies, des pieds à la tête, cheveux et jambes emprisonnés sous les couches d'une étoffe aussi opaque que certaines idéologies.

Ce choix prend également le contrepied de ce qui était imposé aux belles Espagnoles : le port modeste d'une mantille noire était de rigueur pour assister à la messe. Reines et princesses, elles, avaient "le privilège du blanc" lors d'une audience avec le Pape. 

Le maillage de ces voilettes a souvent inspiré les peintres – et pourtant celui-ci devait être un sacré défi à leurs pinceaux !
Ci-dessous, une duchesse dont on associe plus souvent (à tort ou à raison) le nom à sa nudité*... 


Le portrait de la Duchesse d'Albe 
en noir, par Goya

Vive la dentelle donc, qui transforme aujourd'hui les plus humbles en princesses. Et regardez : même la couronne de mon arbre favori se mêle de l’imiter !





Le très beau micocoulier qui domine l'entrée
d'honneur du Lycée d'Estienne d'Orves, à Nice.

~~~~~~~

* Il est raconté que la duchesse d'Albe fut le modèle de La Maja Desnuda de Francisco de Goya. Mais, comme je l'ai entendu dire à quelqu'un dans la rue, cela a dû se faire "sans tambour ni dentelle"... Ceci conclut bien un billet qui saute gaiement de la poulette à l'âne. 

2 commentaires:

  1. Est-il possible de donner un point de vue masculin sut la mode de la dentelle? On en voit beaucoup dans les boutiques de lingerie, mais je n'ai pas du voir celles qui font dans la dentelle: l'esprit de Beate Uhse semble y souffler à pleins poumons! Quant aux tenues légères (tulle et dentelle) qu'on croise sur les trottoirs, on regrette souvent qu'elles ne dissimulent pas plus cascades de bourrelets et robustes cuissots surtout quand elles sont "assorties" d'improbables chaussures de drag-queen. Mais à tout prendre, je préfère ces Miss Olida aux rebarbatives Belphégors que je coise tous les jours! De la dentelle, OUI, mais pas n'importe quand, ni n'importe où et pas sur n'importe qui (du moins en public!)

















    RépondreSupprimer
  2. Comme d'habitude j'adore tes "chroniques" ! Et vive la dentelle !
    bises
    GEORGETTE

    RépondreSupprimer