Certains se sont peut-être soudain demandé ce qui motivait ce silence prolongé, inhabituel, sur Gratitude. Se seraient-ils même inquiétés ?
Bon, d’accord, là, je rêve un brin... Quoi
qu’il en soit, rassurez-vous, ce répit n’est pas dû à une panne d’idées, ni au
vertige de l’écran blanc, encore moins à de la bouderie, ni non plus à un
départ en vacances vers un lieu dépourvu de couverture internet (ce qui ne se
produira plus jamais, je me le suis promis !)
Non, ce vide a pour seule et unique raison le
réaménagement de mon espace de travail, à savoir d’une pièce que je pourrais
appeler mon bureau.
De temps à autre, il faut savoir se remettre en
question, soi, et sa déco, et cela passe forcément par un grand chambardement
ménager.
AVANT :
Avant, on planifie. On dessine. On choisit les
dates. On évalue le coût et la durée de l’entreprise, qui ne sera en aucun cas
une mince affaire.
Chacun d’entre nous est passé au moins une fois par
la case déménagement. Or des travaux dans une pièce, c’est tout pareil qu’un
changement de maison, à une plus petite échelle. Il faut la vider, si l’on veut
la repeindre correctement. Cela implique donc :
Des cartons.
Du ruban adhésif.
Un
gros marqueur pour noter ce qu’ils contiennent. Et de la place ailleurs que
dans un camion pour stocker chez soi la montagne de trucs, que l’on imaginait
même pas posséder.
Des livres, on sait qu’on en a beaucoup, mais tant
que ça ? Et ces dossiers ? Ces babioles accumulées ? Ces
ustensiles de papeterie, tous ces trombones… ces punaises, ces ciseaux de
diverses tailles, ces feutres de toutes les couleurs ? Qu’en faire ?
Allez, zou, dans les boîtes. Dans les cartons. On verra plus tard. Repoussons, pour
mieux jeter par la suite.
Avant, donc, on a procédé avec ardeur à ce
remue-ménage.
Ensuite, il y a le PENDANT :
Les cartons ont envahi le reste du foyer.
Le premier jour, pleine d’enthousiasme, on se dit
que le résultat en vaudra la peine. Que cette montagne de bazar n’est pas là
pour toujours et que, si la table de la salle à manger empiète sur le coin
salon au point de ne plus pouvoir y convier qui que ce soit, cela n’est pas
bien grave. De toute façon les chaises sont recouvertes de dossiers, le
tapis, roulé, et les bouteilles d'apéritif inaccessibles.
Mais à mesure que la poussière du chantier se
propage comme une épidémie, que le tas encombrant, et surtout très
inesthétique, semble se recouvrir de micro particules de plâtre (en provenance
d’une pièce non attenante, pourtant)… et que, forcément, on trimbale des
gravats à travers tout l’appartement, la patience de la femme la plus patiente
du monde (qui n’est pas moi) commence à s’éroder.
Le chantier suit son cours. Le mieux du monde,
lorsqu’il est mené de main de maître par un artisan dont la compétence est
aussi impressionnante que son appétit. (Oui, on le nourrit : c’est presque
un ami).
Bref, ça avance, plutôt bien, et plutôt vite. Mais
pendant ce temps-là, à part superviser, donner des conseils (sic) la femme la plus patiente
du monde n’a toujours pas grand-chose à faire, qu’attendre, en s'assurant que
le blanc choisi est bien blanc, le mat et le satiné à leurs places respectives, les corniches du plafond conformes à son désir,
et c’est tout. Vous voulez que je vous dise ? C’est hyper FRUSTRANT !
Mais pas autant que l’APRÈS.
Enfin, l’après qui précède le dernier apprêt.
Après, une fois l’artisan parti en ayant (croit-il) nettoyé derrière lui, yapuka.
Yapuka se remonter les manches – courtes, vue la canicule
–, et se mettre à vider les cartons.
C’est là qu'on trie.
Pour venir à bout de cette ultime phase, je
recommande vivement à mes amies lectrices du même gabarit que moi de
s’adjoindre de toute urgence un mec bien baraqué, et aussi patient
qu’elles.
En effet, la quantité de charafi qui va trouver sa place dans des grands sacs poubelle est
indescriptible, et surtout très lourde à trimballer jusqu’aux bacs de
recyclage, ou en direction des bibliothèques municipales. En plusieurs voyages.
Moi, j’y arriverais, mais après de tels efforts il paraît que je couine, donc je m’abstiens. Je me
contente de remplir des sacs bleus de chez Ikea, dont la contenance est exceptionnelle.
Croyez-moi, cette phase-là vous fait rajeunir de
quelques décennies. Vous retrouvez votre âme d’enfant en même temps que vous
vous accrochez à de petites conneries, avant de réfléchir que plus jamais vous
ne vous en servirez, alors à quoi bon les conserver ?
C’est aussi l’occasion de vous défaire des cadeaux
de votre tante Sarah. Ceux-là, vous les balancez sans état d’âme. Elle vous les
avait donnés rien que pour vous embêter de toute façon. Au panier, le toutou en
laine d’agneau ; le porte clef, rapporté de Marrakech, et la potiche en
verre de gris. Même pas recyclables.
Quelqu’un m’a dit : « Qu’as-tu
retrouvé (en rangeant) ? »
Plein de bons et de mauvais souvenirs. Une vie,
quoi…
Quelqu’un d’autre m’a dit : « C’est quand
on déménage que l’on voit comme on est riche ». C’est vrai aussi. Riche de
bons et de mauvais souvenirs…
Dans des boîtes, tout ça ! Étiqueté, classé,
emballé, recyclé ou jeté.
Et puis, il y a l'APRÈS APRÈS.
Ça c’est le meilleur.
On en a bavé, on est épuisés, mais la pièce est enfin bien rangée. Les
livres survivants sont classés dans un ordre… fantaisiste, certes, mais
c’est le nôtre et on s’y retrouve. Les Cd, à portée de main, comme les
dictionnaires. Les carreaux et les meubles nettoyés, les rideaux pendus, les lirettes lavées,
les crayons et feutres alignés, les tableaux… ah, là, encore un brin de
patience, on les a triés, yapuka les (faire)
accrocher !
Bref. Les odeurs de peinture s’estompent. On
reprend ses marques, et le cours, presque normal, de sa vie.
Mais que vois-je ? Un sac poubelle bleu,
bizarrement posé sur une corbeille à papier...
En l’ouvrant avec curiosité, j’y découvre un charafi dont je ne sais que penser. Il a
échappé à ma vigilance. Il s'est niché sous mon bureau en espérant sans doute se
faire oublier, gracier peut-être ?
Il contient :
3 étuis à lunettes, vides.
1 pochette fourre-tout avec son nounours attaché, dans lequel je retrouve un 4ème étui à lunettes.
La référence, sur un bout de carton, d'un téléphone fixe mort depuis longtemps.
1 téléphone portable rouge, très mignon, que je n'ai jamais pu me résoudre à recycler.
1 tapis de souris en provenance de la maison de Claude Monet à Giverny, sur lequel ladite souris refuse de glisser.
1 boîte de caviar (vide, et inodore) remplie de pièces de pièces anglaises, sans doute périmées.
1 truc en bois pour se masser le dos (ou se le faire masser, mais faut convaincre le mec sus-mentionné de poursuivre ses bons offices).
1 appareil photo que le téléphone portable a depuis longtemps évincé.
1 statuette indienne en métal (?) jadis rapportée par un amoureux de ma fille qu'elle a su éliminer (le prétendant, pas la statuette, qu'il m'a fallu héberger depuis).
1 assortiment authentique de badges et de pins à l’effigie de Barak Obama, datant de l’époque où l’on avait encore quelques illusions sur l’avenir du monde.
Et 1 raton-laveur, qui a refusé de se laisser photographier.
Bon, alors, s’il y a des amateurs parmi vous, laissez-moi un commentaire, ces objets précieux sont disponibles, et gratuitement de surcroît !
Mais dépêchez-vous, parce que là, tout de suite, je sens que je vais enfin parachever ces trois semaines de délire en décidant la disparition imminente de ce charafi.
J’avoue : j’avais peur de ne plus rien avoir à raconter après avoir tant jeté. Dans un bureau immaculé, me viendrait-il encore des idées ?
Hélas pour vous, on dirait que oui.
Charafi, j'adore ce mot, et pour ne rien vous cacher, j'ai même créé un dossier qui porte ce nom.
Comment ça, charafi, vous ne connaissez pas ? Eh ben, regardez-donc ici et, pour finir, j'aurai au moins contribué à familiariser certains avec une langue rare !*
~~~~~
*Vous en saurez bien plus en lisant ce livre aussi instructif que distrayant.
(Disponible ICI)
Ah ah ah ah ah ah ah ah MDR AH AH AH AH A H MERCI CATHIE ! Je vais me coucher en riant .. LOL; A la lecture de ton récit je suis atteinte d'un fou rire terrible ....Tes charafi m'ont grandement égayée !!!! bises georgette
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