Certes, ainsi que de nombreux critiques ont été
prompts à le souligner, ce film, un brin académique dans sa facture, n’est peut-être
pas le film du siècle, mais il est à voir pour une raison qui en englobe
beaucoup d’autres : il est, essentiellement, rassurant.
Rassurant, car émouvant.
Nous sommes nombreux à aimer aller au cinéma et en ressortir
émus. C’est précisément l’effet produit
par La femme au tableau. En raison de son scénario, mais aussi parce
qu’il est porté par une actrice exceptionnelle, Helen Mirren, dont le travail
sur la voix et la gestuelle est remarquable – comme toujours. La manière dont
elle remet ses cheveux en place, par exemple, ramènera instantanément votre chère tante Aline (ou Adèle, peu importe...) à la vie. En tout cas, pour moi, ça n’a pas raté.
Quant à son accent britannique, magiquement redéfini, avec une trace légère, très légère, mais bien décelable, d’accent
germanique… en quelques secondes, lui aussi fait renaître certains de vos êtres chers qui ont disparu.
En tous cas, pour moi, ça n’a pas raté non plus.
Il est est rassurant, car utile : il raconte une
histoire vraie, sur fond d’Histoire, en mettant cette dernière à la portée de
ceux et celles qui ne la connaissent pas, ou mal. On en ressort en se disant
qu’on a envie de le promouvoir, auprès des plus jeunes, par exemple.
Simon Curtis est le réalisateur de LA FEMME AU TABLEAU (titre original : Woman in Gold). Cette dernière est à la fois Adèle, son modèle, celui du célébrissime tableau de Klimt, et l’héroïne
de ce film, sa nièce Maria Altmann, qui se battra, pour le récupérer, contre une Autriche
d’après-guerre blindée d’aveuglement.
Simon Curtis, donc, nous plonge avec une grande efficacité
dans les années 20 et 30, en pointant du doigt ses zones les plus brillantes
comme les plus sombres. Il faut en effet se remettre dans l’ambiance de cette
montée du nazisme, accompagner les personnages qui l’ont vécue, pour amener nos
contemporains à en prendre la mesure, ainsi que celle du déni prolongé, entêté, de l'Autriche. Cerise sur le strudel : la pédagogie
en est aussi discrète qu’efficace.
Ce film est rassurant, car il fait vibrer notre
fibre esthétique : il est beau comme les tableaux qu’il nous montre :
chaque plan, chaque décor, chaque objet en est soigné. Même Los Angeles, vue du
ciel, semble séduisante ! Et les costumes… les costumes ! Vive cet académisme
là… il nous fait rêver.
Rassurant aussi, car les relations familiales et
sociales sont crédibles, avec leurs hauts et leurs bas. Celle entre l’héroïne
et le jeune avocat aux yeux dessillés (Ryan Reynolds) qui l’aide à se battre pour sa cause
s’avère touchante et authentique. Quoi de plus rassurant, en effet, que de
constater que les conflits – entre deux générations en particulier–, peuvent
trouver leur solution, souvent par le biais de l’humour.
Bref, le spectateur marche, court, rit, sourit, retient son souffle, lâche
une larme ou deux… et soudain le film est terminé, et il* sort (rassuré, bien
sûr) de la salle en emportant avec lui un brin de cette histoire étonnante, et
VRAIE !
Image prise sur ce site.
C’est sûr, il ne regardera plus jamais (je ne vous
dirai pas où) ce tableau de Klimt de la même manière. Et s’il se rend à Vienne…
eh bien, il aura en mémoire cet univers, si semblable à celui qui est
merveilleusement décrit dans le livre que j’ai rencontré et mentionné il y a
peu dans un billet (repris ici par Jewpop) : Le lièvre aux yeux d’ambre.
Certaines coïncidences sont tout de même un brin
déstabilisantes, à force, vous ne trouvez pas ?
NB. *Il, ou elle, naturellement. Ah, la langue française, et son sexisme grammatical !
~~~~~~
Merci à JL+L de sa contribution à ce billet. Les échanges animés que nous avons au sortir d'un film clarifient toujours mes idées !
Magnifique film, en effet,même si les subtilités de l'accent m'ont échappées, je l'avoue humblement ! Maria est confrontée à la culpabilité du survivant, au retour dans un pays natal que les nazis l'ont forcé à fuir et aux successeurs des fonctionnaires qui ont si consciencieusement obéi aux ordres de spolier les Juifs !
RépondreSupprimerMerci pour le conseil suivi dès la sortie du film dans mon village perdu...
Une bonne histoire et un bon film, Catherine! Helen Mirren est une comédienne qui est très respectée dans beaucoup de pays.
RépondreSupprimerL'Autriche est un pays que je l'ai eu l'occasion de visiter plusieurs fois. J’aime bien ce pays, et surtout Vienne (en particulier pour les valses et la musique!). Mais, à ma connaissance, on trouve peu de choses sur l'Holocauste …
Pourtant, il y a une emphase que l'Autriche était "la première victime de l'agression nazie" (avant-guerre) et même une victime des Russes (après-guerre). Il y a des routes touristiques pour un nombre de films : tels que « Le Troisième Homme » (Vienne) et « La Mélodie du bonheur » (Salzburg et le Salzkammergut).
Naturellement, « La femme au tableau » est d'un genre différent de celui du film de Carol Reed (i.e. « Le troisième homme »). Le gouvernement autrichien n’avait aucun désir de retourner cette œuvre d'art. Jamais !
Pour moi, le thème le plus important dans "La femme au tableau» est celui de la victoire de la justice. À raconter cette histoire, il est également de raconter l'histoire de l'Holocauste.
Meilleurs vœux
Joseph