… grâce à l'enthousiasme de Susie et Michel
Remy, avec le soutien du village de Beuil, et celui de Mascha Sosno.
Il est merveilleux de vivre dans une région où l’art
s’expose en plein air, permettant à chaque citoyen de s’en imprégner, de se
l’approprier, sans même s’en rendre compte.
C’est le cas à Nice en particulier, où les sculptures d’artistes
contemporains balisent le chemin quotidien, ou occasionnel, de ses habitants
grands et petits.
Ainsi nombre d’enfants peuvent-ils adresser régulièrement un petit coucou à la dame coincée entre deux pans de mur de
l’hôtel jadis nommé Élysée Palace, ou bien pointer du doigt le gros bonhomme de pierre,
entortillé dans ses cordages de métal, qui accueille les visiteurs au rond-point – si bien
nommé – du « Voyageur »...
...ou encore caresser de la main, voire tenter d’escalader, l’arc monumental qui se trouve dans les jardins Albert 1er. Et s’exclamer en découvrant l’immense Tête Carrée qui chapeaute, si je puis dire, la médiathèque municipale… Les bureaux qu’elle y héberge discrètement sont bien le cerveau du lieu. C’est là que se prennent les décisions importantes, que se dessinent les projets culturels de la ville, ses choix littéraires, notamment… Quelle satisfaction, quelle fierté, cela doit être pour des adultes que de travailler à l’intérieur d'une telle œuvre d’art !
L'homme de pierre ou le Voyageur,
de Max Cartier.
Image prise sur ce site.
...ou encore caresser de la main, voire tenter d’escalader, l’arc monumental qui se trouve dans les jardins Albert 1er. Et s’exclamer en découvrant l’immense Tête Carrée qui chapeaute, si je puis dire, la médiathèque municipale… Les bureaux qu’elle y héberge discrètement sont bien le cerveau du lieu. C’est là que se prennent les décisions importantes, que se dessinent les projets culturels de la ville, ses choix littéraires, notamment… Quelle satisfaction, quelle fierté, cela doit être pour des adultes que de travailler à l’intérieur d'une telle œuvre d’art !
Au moins deux de ces œuvres monumentales sont dues
au talent de Sacha Sosno, le seul artiste à avoir réalisé une sculpture habitée. Celle-ci justement, pour commencer.
Détails et image sur le site de Sacha Sosno
Et puis, au hasard des rencontres et de l’amitié,
il m’a été donné le plaisir d’aller découvrir l’exposition organisée par
la municipalité de Beuil, à l’initiative de Michel et Susie Remy, qui
comptaient parmi les familiers de Sacha Sosno. Ils ont su convaincre monsieur leur maire, Stéphane Simonini, de créer un lieu d'accueil digne des artistes qui y seraient exposés. À cette fin, ce dernier a même fait déplacer le petit bureau de poste du village. Le résultat est superbe, dans les deux cas, et le village de Beuil à présent bien parti pour devenir le plus beau (à vrai dire, le seul) écrin d'art moderne de la montagne.
Cette exposition-ci, à la scénographie parfaite, donne
à voir un joli nombre de travaux de cet artiste, et permet au visiteur curieux de bénéficier des
explications limpides de Michel Remy – qui, je le rappelle au passage, fut
un merveilleux passeur de Shakespeare (entre autres) à l’université de
Nice-Sophia Antipolis, dont il est professeur d'anglais émérite.
Michel Remy,
passionné et passionnant,
comme toujours.
Photo ©JL+L
L’accent y est mis sur ce que Sacha Sosno appelait
l’oblitération. Voilà ce que j’ai compris en écoutant Michel Remy : on
découvre encore mieux ce qui est en partie caché, car on ne se laisse pas
dérouter par des émotions parasites, ou susceptibles de provoquer une
autocensure. L’œuvre nous est ainsi révélée par son vide, ou par ce qui en est
dissimulé, oblitéré. L’insoutenable en est absent, ne reste que l’imaginaire (puissant) de
celui qui la regarde. Je suis sûre que ce qui est à gauche sur cette image vous parlera.
Crédit photo : © JL+L
De même, cette femme à moitié visible dans l’échancrure d’un
bâtiment, qui est-elle ? Que devine-t-on d’elle ? Cette tête sans
yeux, qui domine une bouche et une encolure massive… que nous invite-t-elle à
découvrir ? Cherchez vous-mêmes la première, je l'ai oblitérée de ce billet !
Mais Sosno, ce n’est pas forcément intello, même si derrière
ces créations il y a une pensée philosophique très structurée. La preuve, amies
shoppeuses, ce projet grandiose pour
celles qui succombent volontiers à la fièvre
acheteuse : le futur Polygone Riviera, à Cagnes-sur-mer, qui verra bientôt s'animer la 2ème sculpture habitée au monde (cocorico !) – le premier « lifestyle mall » d’Europe (sic), et le seul à promouvoir l'art contemporain. Enfin, c'est ce qu'en disent les promoteurs, ici.
Une nouvelle tête, comprimée entre deux parallélépipèdes, dominera et contiendra ce
temple de la consommation, comme pour signifier qu’entre ces états matériels, et malgré eux, il reste la trace d’une pensée humaniste qui veille sur le monde.
Je vous avais bien dit qu’il n’y aurait pas de
prise de tête dans ce billet. Ni le moindre bourrage de crâne. Pas assez, même, peut-être ?
Le mot de la fin revient à l'artiste, cité dans la belle brochure que l'on peut se procurer à la galerie :
"L'artiste doit être sur le trottoir !" Sortir un peu du ghetto des grandes galeries d'art (fort agréable au demeurant) et des cimaises des musées pour investir les boulevards, les places, les ports, les façades, les toits et bien sûr les jardins. Ne pas réserver le visuel artistique à une aristocratie, à une élite. Se donner à voir aux jeunes et aux vieux, aux riches et aux démunis, aux érudits et aux non-éduqués. Ainsi le sculpteur rentre dans le tissu urbain, modifie votre paysage quotidien, vous interpelle, vous aide à mieux vivre. C'est un art sociologique, et puis les statues ont besoin d'air..."
Y est également cité Boris Cyrulnik, qui a préfacé un ouvrage dédié à Sosno : "Quand les pierres ont la parole, le banal disparaît et devient événement."
Le mot de la fin revient à l'artiste, cité dans la belle brochure que l'on peut se procurer à la galerie :
"L'artiste doit être sur le trottoir !" Sortir un peu du ghetto des grandes galeries d'art (fort agréable au demeurant) et des cimaises des musées pour investir les boulevards, les places, les ports, les façades, les toits et bien sûr les jardins. Ne pas réserver le visuel artistique à une aristocratie, à une élite. Se donner à voir aux jeunes et aux vieux, aux riches et aux démunis, aux érudits et aux non-éduqués. Ainsi le sculpteur rentre dans le tissu urbain, modifie votre paysage quotidien, vous interpelle, vous aide à mieux vivre. C'est un art sociologique, et puis les statues ont besoin d'air..."
Y est également cité Boris Cyrulnik, qui a préfacé un ouvrage dédié à Sosno : "Quand les pierres ont la parole, le banal disparaît et devient événement."
Je ne peux donc que vous inciter à prendre très vite un moyen de transport efficace pour vous rendre à Beuil avant la fin de cette exposition. Vous n’en serez point marris, je vous le prédis.
Cet ouvrage-ci, paru
aux Éditions Ovadia,
évitera toute frustration aux
lecteurs lointains de Gratitude.
évitera toute frustration aux
lecteurs lointains de Gratitude.
Voilà un dernier lien utile qui vous permettra d'en savoir encore davantage sur l'événement.
Rappel pratique : Sacha Sosno "Regards"
Sculptures, lithographies, tableaux, photographies et documents divers
Jusqu'au 12 septembre 2015.
Place Joseph Garnier
BEUIL
Alpes-Maritimes.
Entrée gratuite.
Ultime photo, en annexe à cette visite, et en attendant des développements intéressants, à venir, car décidément il y a des Justes partout, pas seulement en Suède – et à Beuil ils ont été encore plus discrets, humains et efficaces qu'ailleurs dans la montagne, puisqu'aucune arrestation n'y eut jamais lieu.
Vous pourrez voir ici une présentation de Susie Remy.
RépondreSupprimerLes pierres parlent beaucoup !
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