La Baie des Anges
et sa Promenade des Anglais,
vues de Rauba Capeu
Décidément les face-à-face avec l’administration
niçoise ne cessent de mettre ma patience à rude épreuve ! Après mon aventure avec l’employé d’une bibliothèque municipale, voilà que je me suis
retrouvée vivre la même, dans un musée cette
fois-ci, et en compagnie de mon époux qui ne savait où se mettre, le pauvre, tant
il était partagé entre l’hilarité et l’embarras.
Depuis le 1er janvier de cette année,
l’accès aux musées municipaux n’est gratuit que pour les résidents de la ville, à condition qu’ils, ou elles,
se fassent établir une carte personnelle à cet effet. Celle-ci est fabriquée
sur place, et accompagnée d’une photo, prise également sur place, après
présentation d’un document prouvant que l’on habite bien cette cité de rêve.
C’est là que ça se corse, si je puis dire.
À votre avis, quelles sont les pièces qui peuvent
attester de ce fait ?
Un avis de déclaration d’impôts sur le
revenu ? Il comporte bien votre adresse principale, non ?
Une carte d’électeur ? Ainsi que je l’avais
raconté précédemment, elle prouve que l’on est impliqué et domicilié dans la cité,
et donc que l’on s’acquitte de ses impôts locaux, lesquels contribuent à la
bonne marche des établissements municipaux, dont font partie ce musée et son
personnel attentionné. N’est-ce pas ?
D’ailleurs c’est bien cette pièce-là qui avait
servi à la création de ma première carte d’entrée dans les musées de Nice. ET à
celle de la bibliothèque.
Ah, mais ce n’est pas du goût de la dame préposée à
l’accueil (sic) de ce musée de la ville que je ne nommerai pas, par délicatesse.
Petit dialogue entre nous trois :
Elle : Alors,
vous avez une attestation de domicile ?
Lui : Oui,
voilà une copie de mon avis d’imposition.
Elle : Ah,
non, il me faut une facture d’EDF.
Moi (in petto) :
Mais c’est quoi cette fixette sur
EDF ? Ils ont des accords secrets avec eux ? Et si on était chez la
concurrence, ou abonné au gaz, il se passerait quoi ? Faut vraiment être
branché, pour prouver qu’on habite Nice ?
Moi (à voix haute) : Et sa carte d’électeur, ça ne vous conviendrait pas ?
Elle : Ah
non, sûrement pas. On ne la prend pas. Il nous faut une facture d’électricité.
Moi (in petto) :
Bon, alors la concurrence, Dolce Vita et consorts... ça passe aussi. Ouf.
Moi (à voix haute, et quelque peu provocatrice) : C’est drôle, vous aviez accepté la mienne
pour m’établir ma carte.
Elle : Sûrement
pas. Pas ici.
Moi (sentant la moutarde me friser la patience) : Mais si. Ici même. Au début de l’année. En janvier. Juste quand il a
fallu s’en procurer une, pour entrer gratuitement… Je n'avais que ça sur moi ce jour-là.
Elle, du haut de ses grands chevaux, avec le ton de
celle à qui on ne la fait pas parce qu'elle a toujours raison :
Impossible. Ici, on ne la prend pas.
Lui (se sentant un tantinet exclu) : Bon, alors pour ma carte... ?
Elle (jetant un coup d’œil sur l’avis d’imposition
qui, soudain, prend toute sa valeur de sésame) : Venez ici, je vais vous la faire. Installez-vous, pour la photo. Voilà,
vous aurez une très jolie carte !
(Elle se fait épeler le nom, vérifie l’adresse, tout
bien comme il faut)… La voici.
Moi (pas calmée, après avoir bien cherché dans mon
portefeuille) : Tenez, voilà ma
carte, vous pouvez vérifier.
Elle (en tournant l'incongrue dans tous les sens, comme si l'objet était tout droit venu de Mars) : C’est
quoi cette carte ? Pourquoi elle est rouge comme ça ? Il n’y avait plus
d’encre ? Où est-ce qu’on vous l’a faite ? En plus, vous voyez, elle
ne passe pas au scanner…
Moi : Ici.
Je l’ai eue ici.
Elle :
Attendez, je vais vérifier.
Elle farfouille dans son ordi, qu’elle accuse de
tous les maux, prend à témoin ses collègues qui ne font rien d’autre que de
lever les yeux au ciel – comme moi d’ailleurs –, et se trouve forcée d’admettre
l'exactitude de mes dires : ma carte a bel et bien été fabriquée ici-même, à la date que
je lui ai indiquée.
Elle (soudain doucereuse) : Oui, oui, en effet, elle a été émise ici, mais comme je vous l’ai dit, sûrement qu’il n’y
avait plus d’encre dans l’imprimante… Elle ne marche même pas… Je vais être
obligée de vous en faire une nouvelle…
Aussitôt dit, aussitôt presque fait. Après quelques clics, ponctués d'un échange aigre-doux avec une collègue qui lui affirme qu'il n'est pas possible de la dupliquer, elle me la remet en
s’épongeant le front (et pourtant la clim’ marche à fond), avec un sourire
digne de celui du loup de Tex Avery.
Elle (à la cantonade, et à onze heures) :
Je savais bien que c'était possible... Je suis pas folle, tout de même ! Bon, à qui le tour ? Allez, encore une, et après je m’arrête, je suis fatiguée…
Moi (in petto) : Eh ben voilà. Ce n’était pas la peine d’en faire un tel plat. On a nos deux cartes, maintenant à nous la culture niçoise !
Vous pensez que c’est fini ? Quasiment. Après
ça, pour entrer plus avant dans le musée, il faut remettre nos billets (obtenus
de haute lutte) à un employé, qui commence par décider de garder au vestiaire le
mini-sac à dos de mon époux. Son argument (et on le comprend) : On est en vigipirate, vous savez. »
Ah oui, ça, on le sait. La pirate, on vient de la
croiser. Et franchement, s’il y a un plan pour l’éviter, faudra nous en donner
les détails. En attendant, je plains aussi les malheureux touristes
étrangers qui, ayant eux acquitté le droit d'entrée (de 10 euros), se retrouveront dans un
superbe musée niçois, dont aucune des œuvres exposées ne comporte la moindre traduction,
dans aucune langue que ce soit, pas même le nissart.
Trop cher ?
Je devrais en être ravie : À défaut de
considérer ma feuille d’impôts, ma ville gère au moins ces derniers avec
parcimonie !
Mais, pour finir, le minuscule et très léger sac de nylon passe le sas.
(« Allez, c'est bon, vous
pouvez le garder. »)
Comme quoi, tout dépend de la bonne volonté, et de
la jugeote, du fonctionnaire de service.
Curieux, mais cet épisode m’a de nouveau permis de comprendre
pourquoi certains gratte-papier sont devenus des Justes parmi les Nations, et
d’autres... non.
Mais ceci est une toute autre Histoire.
~~~~~
Notez bien que si vous êtes en règle (et francophone de préférence) vous pourrez apprécier les nombreuses expositions organisées cette saison autour de la Promenade des Anglais. La liste en est ICI. Et, même si la collègue du dragon sus-mentionné a refusé la demande d'un touriste optimiste qui souhaitait fractionner sa visite entre le matin et l'après-midi, (Ah ben non, ce serait trop facile ! lui dit-elle) la validité de ce billet d'entrée peut être de 48 heures. Voir les détails là.
--Vous en pensez quoi, de la reconversion de Gratitude en agence de conseil touristique ?
--Vous en pensez quoi, de la reconversion de Gratitude en agence de conseil touristique ?
Décidément, tu as des tes relations houleuses avec l'administration niçoise mais ça nous donne l'occasion de bien rigoler en lisant ton blog !
RépondreSupprimerCa fait du bien de dégourdir les zygomatiques par cette chaleur !
Merci et à bientôt...
Toujours aussi drôle et .....juste ...Le portrait de la dame et les dialogues hilares...mdr
RépondreSupprimerGeorgette
PLUS VRAI QUE VRAI!!!!
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