C’est vraiment par hasard que j’ai découvert le
travail et le talent de la comédienne Stéphanie Bosq. Ou plutôt par un de ces
croisements qui met sur votre chemin une personne sur laquelle vous avez envie
d’en savoir davantage, parce que vous devinez que derrière une allure timide
couve la flamme d’une passion artistique.
(Elle a bien raison de pointer du doigt ces lions victorieux)
Elle est petite, menue, discrète. Curieuse aussi.
Elle pose des questions avant de répondre aux
vôtres.
Elle a envie de savoir, d’apprendre.
Mais cela je ne l’ai su qu’après l’avoir vue seule en
scène – chez Pauline – admirée, et ensuite questionnée.
En scène ? Le terme est presque un gros mot,
pour une comédienne qui sait travailler en solo, dans un espace à peine plus
grand que mon garage ! À la différence de mon garage,
l’endroit est peuplé de spectateurs occupés à se restaurer. Vous l’aurez
compris, cela ressemble à un café-théâtre, et le spectacle qui y était proposé
s’appelait :
« Les psychopathes
professionnelles »
Rien que ça.
En quatre scènes étonnantes de vérité et de rigueur
théâtrale, Stéphanie Bosq met en scène quatre femmes : une croqueuse
d’hommes, une concierge, une coincée qui manque de confiance en elle et une
cinglée autoritaire qui, contrairement aux trois autres, ne fait pas rire du
tout. Chacune vit dès la seconde où la comédienne arrive devant le public,
qu’elle touche presque. Les accessoires et le décor sont forcément réduits à
leur plus simple expression. Une chaise, un téléphone, un balai. Le reste, les
émotions, le contexte, c’est Stéphanie Bosq qui les crée pour nous, avec une
puissance évocatrice surprenante, surtout venant d’un petit bout de bonne femme
comme elle !
Entre deux scènes, le temps qu’elle change de costume et de maquillage, le public reprend le cours normal de ses consommations, bavarde un peu, reprend son souffle. Et la revoilà, et le silence se fait, car on est vite aspiré par sa nouvelle création.
Ma préférée : Une Mme Pipelette (mon
invention ?) qui sait tout sur tout le monde et son chien. Sa dent
pourrie et son sourire tordu sont un défi à l’esthétique, mais quelle
efficacité !
Il faut dire que le texte est porteur. J’en dis
deux mots : écrit en collaboration avec la Niçoise Laurence Dionigi, il
s’appuie sur l’expérience personnelle de ces femmes qui vivent dans
l’entreprise et en subissent les contraintes, quand elles ne les appliquent pas
à leurs subalternes. Abus de pouvoir, séduction et rejet, indifférence à
l’autre… ces travers sont caricaturés avec talent, car sans outrance. Cette
écriture a impliqué des échanges riches et nuancés, et plusieurs versions pour en arriver au texte
définitif, et à la 1ère représentation, qui a eu lieu en mai 2015. La
dernière, à laquelle j’ai assisté, a manifestement ravi le public présent.
J’ai donc eu envie de lui poser quelques questions
concernant son parcours, et voici ce qu’elle m’a gentiment confié, au-dessus
d’une délicieuse tasse de chocolat chaud. Je le rapporte de mon mieux.
Son cursus ?
– Bien entendu, j’exerce une autre profession en
parallèle. Même si je suis depuis peu auto-entrepreneur
« artistique-dramatique », je continue d’exercer mon métier de
gestionnaire de patrimoine. La passion du théâtre m’est venue
lorsque j’ai commencé à prendre des cours, en 2007, pour tenter de vaincre ma
timidité naturelle. Appartenir à un groupe convivial a été très utile. Puis, je
me suis lancée le défi d’être seule en scène, ce que je fais depuis mai 2015. Depuis
2010, je joue régulièrement dans des comédies, pièces classiques et contemporaines. Les cours et les expériences cumulées m’ont
permis d’acquérir la maturité essentielle à ce métier. Au départ, j’ai surtout joué des rôles de comique, mais c’est en train d’évoluer, comme on a pu
le constater avec mon travail sur la 4ème « psychopathe
professionnelle » du spectacle.
Ce personnage dramatique a été créé pour rappeler au public que c’est là un sujet
actuel et douloureux, qui peut avoir des conséquences graves. Ce
spectacle "Seule en Scène" a été joué une dizaine de fois, la dernière,* Chez Pauline - Café Culturel, dans un tout petit endroit.
Cela a été un vrai défi, en raison de l’absence de tout élément de décor dans
ce lieu, mais la proximité du public a été un élément très fort. Je les ai
littéralement touchés, de très près. Pas de décor, peu d'accessoires, pas de lumière… il faut tout
créer par son jeu.
Ses projets ?
– À présent, je souhaite écrire mon propre spectacle, en assistant, en août prochain, à un stage d'écriture à Paris, dans le cadre de l'École du One Man Show.
Mais avant je jouerai, les 20, 21 et 22 mai prochains, La Putain respectueuse, de Jean-Paul Sartre, au théâtre l'Alphabet, à Nice. Les thèmes
évoqués, m’intéressent, et notamment celui du racisme, car il est toujours d'actualité. J’espère ensuite aborder la
tragédie contemporaine… en 2017, un huis-clos, à partir d'un texte dont j'attends les droits.
***
Une étincelle, ce n’est qu’une toute petite lumière
dans un ciel déjà criblé d'étoiles. Mais celle-ci peut mettre le feu aux poudres, et je ne
doute pas que Stéphanie Bosq nous contamine tous bientôt de sa passion de la
scène, et suscite en nous le désir de la voir, et la revoir, ailleurs,
bientôt, souvent. En tout cas, Gratitude
la suivra !
Et vive le off-off-TNN !
***
*NB : celle que j’ai vue.
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