Ceux qui voyagent par avion connaissent bien la
chanson que nous roucoulent les compagnies "low cost" pour nous
attirer, nous-autres pigeons, à nous envoler avec elles. Les prix cassés sont
assortis d’offres de location de voiture, d’hôtels bien placés, et de tout un
assortiment du même acabit. Ce que la pub ne nous dit pas d’emblée, mais que
nous avons appris à découvrir, c’est ce qu’il faut rajouter au prix de base
afin de pouvoir : emporter ne serait-ce qu’une valise normale ;
réserver un siège qui donne le droit d’être assise à côté de son compagnon de voyage ;
manger ou boire quelque chose (de très mauvais) ; embarquer plus vite
– et ceux qui ont un jour fait l’expérience de l’attente dans une file énorme à
l’aéroport de Gatwick comprendront que c’est là chose désirable – ; quitter
dans les premiers ce siège si peu confortable ; utiliser une carte
bancaire bien définie, pas une autre ; et pourquoi pas, utiliser les toilettes à bord…
Bref, et il n'y a pas photo, le low
cost a vite fait de se transformer en coût équivalent à celui des
compagnies régulières, le confort en moins. Pourtant, à grand renfort de
publicité, ces compagnies se sont fait une place non-négligeable, et nombre
d’entre nous cherchent de leur côté, avant tout voyage.
Pigeon équipé en 1914 par l'armée allemande
d'un appareil photo à obturateur programmé.
Source : wikipedia
Cette philosophie a inspiré la dernière publicité
radiophonique d’une compagnie pétrolière – Esso pour la nommer – laquelle met en
scène le dialogue d’un couple. Le monsieur demande à sa compagne si elle
souhaite ajouter à son forfait de base les options que j’ai énumérées un peu
plus haut. À chaque fois, la dame répond non. Ce qui fait conclure au monsieur
que, finalement, on n’a pas besoin de ces fioritures, et qu’il en va de même
lorsqu’il s’agit de faire un plein d’essence.
Qui, en effet (à part moi !) a encore besoin d’un gentil employé en uniforme pour lui remplir son réservoir, nettoyer le pare-brise, ou vérifier la
pression des pneus ? Personne, non plus, ne s’attend à ce service agréable
qui allait pourtant de soi il n’y a pas si longtemps.
Image de Franquin, prise sur ce site.
La conclusion de la conversation en question c’est que, chez
Esso, on ne propose pas de services inutiles, on se contente de fournir de
nombreuses stations (services ?), où chacun sera libre de se mettre (seul)
du carburant plein les doigts, de se livrer (seul) au plaisir de la raclette
sur pare-brise, et aux génuflexions inconfortables qu’implique l’ajout d’air
dans les pneumatiques. Tout y est automatisé, paiement inclus, et tant pis pour
ceux qui n’aiment pas les automates, ou qui oublient sans cesse le code secret
de leur carte bancaire.
Est-ce pour autant un argument publicitaire que de
dire que ces stations en "libre service" sont omniprésentes sur le territoire, et qu'elles ne proposent rien de superflu ? Ceci étant faux, du reste, car la plupart des stations (hormis celles des centres commerciaux) jouxtent des boutiques où acheter du junk food,
des boissons sucrées ou bourrées d’aspartame, et de quoi nourrir le feu de son
barbecue, bien cancérigène. Et là, se trouve en général au moins un caissier. On y trouve même de quoi laver sa voiture.
La firme en question a réussi le tour de force de payer cher des minutes d'antenne pour ne rien prouver du tout. Ses stations sont présentes partout en France, certes
(11 476 en date de 2014), mais leur nombre ne cesse de diminuer. C’est du reste
vrai pour toutes ses concurrentes.
Peu importe : si l’on doit poursuivre le
parallèle avec les compagnies aériennes, le produit pétrolier fourni doit être
bien moins cher que celui de la concurrence ?
Point du tout. Si on en croit ce site très officiel
(de la Préfecture des Alpes-Maritimes), il est ahurissant de constater l’absence de cette
marque parmi les stations les moins chères, et même de la liste fournie !
Monument « Au pigeon soldat »,
situé dans le parc Astrid à Charleroi en Belgique.
Source : wikipedia
CQFD. Esso nous prend vraiment pour des pigeons
dépourvus de cervelle, ce qui est loin d’être le cas de ces jolis volatiles
dont les services exceptionnels lors des guerres mondiales méritent l'hommage qui leur est rendu. En revanche, si les "pétroliers" ont du plomb dans l’aile, on n’a pas forcément envie de pleurer
sur leur sort.
Personnellement, j’attends avec impatience la généralisation d'un réseau élargi de transports en commun propres, fréquents, fiables. Qui plus est, la perspective
de ne trouver en ville ni station Esso*, ni aucun de ses services inutiles, me réjouit.
Esso… alias Exxon, ça me rappelle
quelque chose qui ne sent pas très bon. En rapport avec l'Alaska, peut-être ? Berk.
Je n’en remercie pas moins les publicitaires qui
ont pondu cette petite merveille, laquelle m’a vivement divertie alors que j’étais,
comme tant d’autres, coincée dans mon automobile (qui roule encore à l’essence) pour
cause d’embouteillage.
Seule, on peut rire de tout, non ?
* Pour être honnête, il y en a un certain nombre dans les Alpes Maritimes, mais je vous laisse le soin de les dénicher.
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* Pour être honnête, il y en a un certain nombre dans les Alpes Maritimes, mais je vous laisse le soin de les dénicher.
Quel humour ! et bien dit j'adore
RépondreSupprimerBISES
GE0RGETTE