En vol

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Image de la superbe chaise de l'artiste SAB

mardi 7 mars 2017

LE FRANÇAIS TEL QU'ON LE JARGONNE


 

Nous autres, Français, sommes très attachés à notre langue. Bien évidemment nous respectons et honorons notre Académie française, que le monde entier nous envie, et qui est la garante de ce qui est acceptable, ou pas, en matière linguistique.

Ce respect affirmé n’empêche pas nos concitoyens de s’asseoir allègrement sur ses recommandations, ainsi que l’on peut le noter quasi-quotidiennement en écoutant ceux qui parlent à la radio ou à la télévision. Pour rester dans l’air du temps, cela fait un peu penser aux politiciens qui réclament une justice expéditive pour les truands, mais s’offusquent de se la voir appliquer avec la même célérité. La presse, qui n’a cure des diktats, nous réjouit de ses trouvailles faussement anglo-saxonnes, mais assurément snobs. 
Cessons donc de tourner autour du (jack)pot, il est temps que je partage avec vous les perles récoltées récemment, avec l’aide de mon acolyte qui a de la feuille – j’ai nommé le musicien Michel Borla.

Les rubriques gagnantes sont les suivantes : 

En déco, une mention spéciale pour :










... qui gagne le concours haut la main grâce aux merveilles suivantes : 

Un terrarium pour verdurer son habitat autrement… 
– La touche green qu’il vous faut.
On en reste muet d’admiration, sinon vert de rage. 

5 sites design pour shopper de la déco pour les enfants. 
De l’anglais « shop », acheter - à ne pas confondre avec choper, ni pécho, sous peine de chopper – verbe qui, lui, signifie faire un faux pas.

10 rangements pour « pimper » sa salle de bains. Du verbe anglais pimp, autrement dit « revamper » … oops, pardon ! Traître, le terme, car il renvoie aussi au proxénétisme… à moins que ce ne soit une allusion à l’adjectif français « pimpant » ? On remarque les guillemets, tout de même. 

Des rangements pour décaler la décoration de sa salle de bains. 
Alors là, j’avoue,  je cale !

12 rocking chair (sans s) pour chiller tout l’hiver. Focus sur cette chaise pas comme les autres. 
Chiller : de l’anglais « chill out » se détendre, avec ici la connotation hivernale de chill qui signifie également rafraîchir. Ils sont très forts chez MCM ! Quant au focus… ce n’est jamais qu’un coup de projecteur.  

En politique :

Cette idée-là, je ne l’achète pas.
Cueillie sur C dans l’air, encore un emprunt à l’anglais « I don’t buy it » :  je n’adhère pas.   

En culture :

– C’est cu-cul la pral’.
Pour ne pas se fouler, ni avoir l’air d’une mémé en citant dans son intégralité cette expression démodée et à l'orthographe fluctuante : voir aussi cul-cul la praline, pour les plus jeunes. 

En météorologie :

Les Hauts de France sont intéressés par une dépression.
– Le ressenti estival n’était pas toujours au rendez-vous.
No comments :)

En pédago-lingua 
(Ça y est, je succombe à la tendance) :

Il y a un déplacement du centre de gravité des compétences.
– Le problème est centré autour de…
– Total des courses …
Le résultat doit être nul. 

En agriculture :

On est sur du poireau
Là, au moins, c’est clair, on n'attendra pas la suite. 


 


En psychologie :


Le couple relationne avec le monde extérieur.

En vrac :

J’ai reçu des coups de téléphone d’amis que je connais.
Récolté sur France Inter – les amis que l’on ne connaît pas en sont-ils vraiment ?

Deux accidents qui peuvent vous poser souci.
Poser (un) problème, causer (du) souci ? Hélas, un accident est si vite arrivé !

– Asap : j’avoue avoir utilisé cette abréviation, venue de l’anglais « as soon as possible ». Cette injonction est souvent placée au bas d’un courrier électronique qui requiert une réponse rapide. NB : Répondre ou agir dès que possible, ce ne serait pas plus long à écrire.

Alors, donc, du coup, finalement (avec sa variante"au final", si élégante) ... 

Ce ne sont-là que des tics langagiers, mais quand on les entend, égrenés en chapelet, et répétés dans chaque phrase (par un invité de La libre antenne, sur Europe 1), on oublie ce que le locuteur souhaite prouver, car au lieu de l'écouter, on en compte les occurrences – comme les bons vieux "n'spas" de notre prof' de physique de terminale.  Eh oui, on fut moqueur, mais ça c'était avant.   


Enfin, et en guise de fin :

L’imagination est parfois au pouvoir, tout comme l’anglais. Le reste du temps, la facilité l’emporte. On en sourit volontiers. Il arrive même qu’on y succombe, pas vrai ?






(Jargonner : S'exprimer de façon amphigourique, baragouinesque, galimatiesque, charabiatisante, obscure, incorrecte et prétentieuse, dans l'espoir de paraître plus malin qu'on est et se distinguer ainsi du vulgaire et du bas peuple, du vulgum pecus et des minus habeas.)










11 commentaires:

  1. Oh là là, Cathie, tu t'amuse quelquefois !

    Laisse-moi penser ..

    Je vais zapper la 'television channel' ?

    Amitiés!
    Joseph
    :-)

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  2. Je suis comme toi, Cathie, attentif à tous ces dérapages et faux-pas. Mais il y a aussi les tics de langage et les mot ou expressions que tout le monde se rapporte et qui font florès : actuellement, après l'emploi ravageur de "j'hallucine", on reçoit pêle-mêle "sidératrion", "sidérer", "écouter en boucle" comme autant de psittacismes. Ouvrons l'oeil ou plutôt l'oreille (ou comme tu dis "la feuille"). Bises d'Albert

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  3. Il vaut mieux en rire, effectivement car au moment où on les entend on sent la colère monter...
    j'aime aussi beaucoup 'possiblement' et 'compliqué' qui remplace avantageusement 'difficile', 'perturbé', 'gênant', enfin tout ce qu'on veut, comme dans 'une météo compliquée', un match compliqué' j'ai même entendu à la radio 'la mort c'est compliqué'....

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  4. HA HA HA HA HA HA ....A la lecture de ce billet, pas de colère du tout...Un énorme éclat de rire ...BRAV0 CATHIE !
    GE0RGETTE

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  5. Effets stimulants du blog: rien qu'aujourd'hui:
    Journée internationale des droits des femmes:'Elle s'est faite esclavager' (il me semble que l'accord est 'fait' d'ailleurs) Rubrique poésie, donc mais l'auteur(e) a l'excuse de l'âge.

    Et récemment cueilli sur Fr Int:

    Un témoignage qui a ému les réseaux sociaux (rubrique morphing)

    'Sous couvert de off, il nous disait que...' (rubrique branchouille)

    Une opinion unanime et unanimement partagée (M. Hortefeux, rubrique enfumage)

    A suivre....

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  6. Excellent,dire tout haut ce que l'on pense tout bas, je rajouterais impacter qui m'énerve au plus haut point! Et pour conclure, voilà, du coup, y a pas d' soucis. ..... tic, quand tu nous tiens !....

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    1. Ah oui, merci, "impacter", bien sûr !
      Ex : "Les grèves vont impacter le traffic sur les Bouches du Rhône".
      Sur... forcément... Allez, on continue la traque ?

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  7. J'ai oublié de mentionner ce qui revient mille fois par jour : EN FAIT !
    À intercaler entre "donc" et "du coup", naturellement ! Merci aux observateurs de mon atelier d'écriture qui me l'ont signalé.

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  8. AJOUT PRINTANIER :
    "Les must have du printemps"
    &
    "Aménagez votre outdoor"...

    Toujours sur Marie-Claire Maison, qui tient à garder sa place en tête de notre palmarès !

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    1. Aïe, c'était "les must have déco du printemps, ce qui fait toute la différence !

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  9. On me signale, et je rajoute avec mes remerciements : "Au final","au global", et "c'est que du bonheur". J'ai aussi adoré entendre, à propos d'un vin "Là, on part sur des notes boisées" (ou fruitées...) - un grand classique, sans doute validé, et très évocateur. Il y a beaucoup de poésie, chez les sommeliers !

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