En vol

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Image de la superbe chaise de l'artiste SAB

jeudi 30 mars 2017

LES MOTS ABSENTS DU DISCOURS

Dans la série "j'observe ma langue au quotidien", il y aurait de quoi écrire en ce qui concerne la négation, ou plutôt la négation de celle-ci, dans le discours des hommes (et femmes) politiques. 


On ne peut que s'étonner, en effet, de l'absence quasi-systématique de ce petit n, avec ou sans apostrophe. 

Là où on s'attend à (par exemple) "je n'ai pas menti", on entend "j'ai pas menti", ou "j'ai jamais dit ça", voire "vous pouvez pas m'accuser sans preuves..." – et ce ne sont que trois exemples parmi des centaines. 


Est-il vraiment si compliqué de respecter cette règle de la langue française ? Les candidats gagnent-ils du temps, de l'efficacité en l'éludant ? Ou bien veulent-ils se démarquer de ceux qui utilisent l'imparfait du subjonctif pour signifier leur appartenance à une caste ancienne, patriotique et extrémiste ? 


Certains pensent sans doute que cette façon de parler les rapproche d'un peuple dont ils ne connaissent les difficultés que par garde du corps interposé. Il ne leur manquerait alors qu'une trace d'accent des banlieues pour être plus crédibles. Quelle erreur de jugement ! D'aucuns en ont fait les frais avant eux : enjoindre en beuglant, et en argot, à un quidam de déguerpir n'a pas porté chance à qui vous savez.

Bon, tout ça pour affirmer qu'il me semble de plus en plus important de savoir dire non, et notamment à ceux qui noient le poisson avec l'eau du bain, qui pataugent dans le flou artistique du déni, ou qui vous promènent dans la choucroute une semaine après l'autre. Inversement, j'en connais – et pas qu'outre-Atlantique – qui clament qu'il faudrait dire non à la presse, la censurer, voire l'empêcher de révéler ces manquements syntaxiques (et les autres !!!) lesquels, pensent-ils, nuisent au bon fonctionnement politique du pays. Hélas, l'esprit de soutien à Charlie a fait long feu... 

Image prise sur ce site

Eh oui, nous avons le droit de dire NON. Il me plaît de vivre dans un pays où existe (encore) cette liberté de parole ;* alors "pourvu que ça dure", parce qu'à force d'entendre tout et n'importe quoi, on finira par en oublier les fondamentaux et, ni vu ni connu que je t'embrouille, on se retrouvera être les dindons d'une farce plutôt indigeste.  

Cela dit, le oui ...  il a bien quelque chose de sexy, non ? 


* Je milite aussi en faveur du point-virgule. 


1 commentaire:

  1. Oui ! Je suis d'accord avec toi, Cathie.
    Quant à moi ... je ne regrette rien !

    Joseph

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