Les films arrivent à Nice plus lentement qu'à Cannes en mai, et souvent bien après leur sortie à Paris. Ceci explique que sur Gratitude on ait parfois un tram de retard pour parler d'un titre sur lequel tout le monde a déjà exprimé son sentiment.
N'empêche. AURORE, réalisé par Blandine Lenoir, a atteint notre rive, et c'est avec grand plaisir que je vais partager celui que j'ai éprouvé en le regardant.
Le propos en est assez simple : Aurore a la cinquantaine, et lui tombent sur la tête tous les embarras qui s'attachent à cet âge. Séparée d'un mari (surnommé Nanar, dont on se demande ce qu'elle a bien pu lui trouver) recasé avec une jeunette ; mère de deux jeunes filles, dont l'une lui apprend bientôt qu'elle va avoir un bébé ; employée dans la restauration, puis virée et en recherche d'emploi, elle souffre de surcroît de tous les effets secondaires de la ménopause, jamais mentionnés dans aucun film auparavant.
Miracle du scénario : elle retrouve par hasard son amour de jeunesse et, bien entendu, la spectatrice éprise de romanesque passe son temps à se demander si oui ou non...
Thibault de Montalemberg dans le rôle
de Totoche... pas mal non plus.
Image prise sur ce site.
Mais au-delà de la comédie de mœurs bien enlevée – extrêmement bien interprétée par Agnès Jaoui et tous les autres acteurs principaux –, ce qui rend le film très attrayant, ce sont ses dialogues et le jeu des acteurs et actrices "secondaires". Ces derniers animent les séquences intermédiaires avec une verve qui donne une véracité criante au film, et envie de les googler pour en savoir plus sur eux.
Alors, en voilà la liste, et un exemple, afin que vous puissiez les repérer dans les films suivants, et suivre leur carrière que l'on souhaite longue et belle !
Florence Muller,
l'employée sans mots de Pôle Emploi.
Quelle performance !
Les plus... mûres (?) d'entre nous souriront face à des situations criantes de vérité : l'annonce de l'arrivée d'un bébé, la découverte du matériel et des magasins spécialisés qui l'accompagneront, les relations mère-fille ou entre belles-mères, et le joyeux bordel d'une maison investie par des enfants adultes et leurs amis.
Au passage, on admirera la patte d'Éric Bourges, le responsable des décors, plus vrais que vrais, et celle de Marie Le Garrec, la costumière. Eh oui, même si on sait qu'il faut tout ce monde pour qu'un film soit réussi, ce n'est pas la peine d'attendre les Césars pour les nommer !
Dernier atout du film, et non des moindres : la musique. Tant celle que l'on nomme "extra-diégétique", à savoir celle qui habille le film, lui donne sa tonalité, que celle dite "diégétique" – celle que l'on entend écoutée par les personnages sur l'écran.
Au passage, on admirera la patte d'Éric Bourges, le responsable des décors, plus vrais que vrais, et celle de Marie Le Garrec, la costumière. Eh oui, même si on sait qu'il faut tout ce monde pour qu'un film soit réussi, ce n'est pas la peine d'attendre les Césars pour les nommer !
Dernier atout du film, et non des moindres : la musique. Tant celle que l'on nomme "extra-diégétique", à savoir celle qui habille le film, lui donne sa tonalité, que celle dite "diégétique" – celle que l'on entend écoutée par les personnages sur l'écran.
On connaît l'amour d'Agnès Jaoui pour le chant choral, et ses talents de soprano dramatique. Une scène de retrouvailles entre elle et le fameux Totoche (à ce propos, quelle idée géniale que ces surnoms ridicules, si typiques d'une adolescence attardée) se passe dans un restaurant où les serveurs sont aussi des chanteurs lyriques. Entre deux plats, ils poussent (fort bien) la mélodie, qui empêche et remplace tout dialogue entre les deux héros, laissant le champ libre à l'expression théâtrale, mais nuancée, de leurs sentiments amoureux doublement bridés.
De même, notre héroïne épuisée rêve-t-elle, dans le bus qui la ramène de son boulot si rébarbatif, d'un concert lyrique dont elle serait l'une des vedettes...
La réalité grince. C'est encore par le biais de la musique, et de la danse, qu'Aurore en supportera le bruit, en ranimant le trio merveilleux qu'elle formait avec ses filles lorsqu'elles étaient petites. La musique la sauve, tout comme la vieille cassette audio qu'elle fait parvenir à son amour d'antan, en un dernier appel. Sera-t-elle audible ?
Pour finir, il faut évoquer la scène qui se passe dans une maison particulière où les pensionnaires, toutes âgées, se sont co-optées pour vivre ensemble. Elles partagent les frais et l'aide ménagère - une sorte de ruche à l'image de celle imaginée par les "Babayagas" à Montreuil, dont je ne cesse de prôner les mérites... Iro Bardis, l'étonnante héroïne de cette scène qui jouait son propre rôle, mérite aussi un hommage, hélas posthume, car elle est décédée après la fin du tournage de ce film.
Une dernière remarque : vous craignez la réaction de vos hommes face à ce film ? Je vous rassure, j'en connais qui l'ont aimé. Ils ont peut-être enfin compris que ce fameux "retour d'âge" pouvait être le début d'une autre histoire, et qu'il valait mieux qu'ils s'accrochent pour ne pas être largués à leur tour !
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La bande annonce, c'est ici : on fait tout pour vous éviter de la chercher vous-même.
Lisez aussi l'interview imaginaire d'Aurore, publié par Les Boomeuses.
Pour les amateurs de technique, ici quelques détails sur les différents sons utilisés dans un film.
Pour les amateurs de technique, ici quelques détails sur les différents sons utilisés dans un film.
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