Le débat semble très vif ces temps-ci
à ce propos. Pour ceux et celles (voilà un premier problème à aborder, mais
attendez plutôt la fin de cette phrase) qui se demandent ce que c’est, eh bien
je dirai simplement que c’est un casse-tête d’écriture qui s’ajoute à un autre.
En ce qui concerne « ceux et
celles », c'est une expression que l’on trouve de plus en plus souvent, et que l'on a
tort d'utiliser si l’on tient à respecter les règles de l’Académie française, puisque le masculin « ceux » inclut forcément le féminin « celles »,
qui en devient donc redondant.
Ce qui n’empêche pas icelles de se
prendre ladite tête (au singulier, tête, car on en a « chacun et chacune »
une) lorsqu’il s’agit d’écrire quelque chose en voulant mettre l’accent sur
chacun des deux sexes impliqués, et sur le leur en particulier, à savoir le
féminin.
C’est là que les féministes
interviennent car elles refusent d'être occultées
par ce pluriel masculin, imposé depuis, en gros, le 17ème siècle. Outre
le désir d’accorder en genre les noms de fonction – tels que professeur =>
professeure ; chroniqueur => chroniqueuse, termes auxquels j’avoue m'être habituée – ou bien de préciser comme je l’ai fait plus haut « celles
et ceux », leur préconisation est d’utiliser une technique typographique
qui montrera bien que les femmes sont incluses dans le terme utilisé. Il s’agit
d’introduire un point au milieu du mot, appelé fort justement « point-médian ».
Vous en êtes surpris·e·s ? Vous venez de voir à quoi ça ressemble. Cela
demande une manip’ spéciale sur un clavier d’ordinateur, pas trop compliquée,
mais à apprendre tout de même.
Il va de soi que ce point ne peut s’utiliser
dans tous les cas, sauf à faire ressembler votre texte à un message en morse !
Pour les autres situations… lisez cet article édifiant, et vous comprendrez
tout. Et même comment écrire « chacun·e »
En tout cas, ça promet de belles
échauffourées lors des prochains Dicos d’Or, et une sacrée prise de tête (encore !)
aux parents qui feront faire des dictées à leur chère tête blonde – ouf, « tête »
reste au féminin singulier, j’en connais qui vont être content·e·s, je dirais même contentes. Mais d’autres
ne se sentiront-ils pas exclus, rejetés, stigmatisés ? Et quid de l’accent grave du féminin chère ? On le
laisse ? On le supprime ?
Quelle affaire !
Vous savez quoi ? En lisant ce qui suit, et au vu de ma lenteur typographique ce jour, je me demande
si je ne suis pas un peu trop jeune pour apprendre toutes ces nouvelles règles !
Réactualisation, le 21 octobre 2017, à l'aide de ces articles :
Dans TÉLÉRAMA.
Du linguiste Alain Bentolila, dans LE FIGARO.
De Jacques Billard, dans LE CAUSEUR.
Et puis j'ose cette illustration, volée dans Le Canard Enchaîné.
Thanks for this combination of fun and instruction, Cathie.
RépondreSupprimerAlbeit male, I’ve been something of a feminist all my adult life, hoping to see more real women in positions of power and responsibility throughout society. And an end to the lifelong power games males picked up in the schoolyard and brought with them to all the higher offices in the land. I thought women were better grounded, better equipped to ensure mankind’s survival. In reality, the stronger sex. I still think so, but make an exception for some feminists: those who seem to think they belong to a different species…
I guess that makes me at once feminist and anti-feminist, rather as I admire Marx but am suspicious of Marxists and –ism. (A suspicion that extends to –ists and –isms in general.)
So, while I’m all for inclusiveness, you can include me out of this kind of word game—far too complicated, at once pointy and pointless, for the likes of me; a kind of play that seems to have been designed to exclude ordinary human beings…
And yes, I remember getting very irritated indeed when Glasgow City Council issued drafting instructions to its officials based on a gross misinterpretation of the word “man”. Some gaggle of bossy ignoramuses (or should it be ignoramae?) tried to impose their understanding of “man”, the secondary one which refers to the adult male, as though it were the only one. In consequence, they issued what amounts to a Unilateral Declaration of Independence from… mankind. Inclusion, inclusive? Of course, if inclusion means separation: if every mention of man is to be accompanied by woman, and so on and so forth.
Now try rewriting Alexander Pope’s Essay on Man with “she” tacked onto every “he”. Maybe e.e. cummings could have brought it off…
As for words like “écrivaine”, mine is a different take. On seeing the word “poétesse” in a text I was translating, I duly rendered it as “poetess”—but this made me feel unhappy. A poet is a poet is a poet, and “poetess” sounds to me somehow a sign of disrespect, akin to “poetaster”. Ditto, “authoress”. These unnecessary distinctions bring to mind long-dead patriarchal delusions about “authority” and the supposedly exclusive role of paternity in conception… Regardless of contemporary test-tube manipulations, our days were—thank heavens!—jointly authorized. Merci, Maman! Merci, Papa!