Le titre de ce film, amis francophones, ne renvoie pas à l’héroïne maléfique des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, cette femme tatouée de l’infâme fleur de lys. Non, ici, le terme My Lady évoque d’emblée le respect que l’on doit en Angleterre à une dame appartenant à la noblesse, et celui dû à une représentante de sa justice : au Royaume Uni, My Lady est le titre qui désigne la présidente d’une cour de justice.
Emma Thompson est l’actrice exceptionnelle qu’il fallait à Richard Eyre, son réalisateur, pour incarner Mme la Juge (Mrs Justice) Fiona Maye, elle-même née de la plume géniale de l’écrivain anglais Ian McEwan, également rédacteur du scénario de ce film. Ce dernier point étant essentiel, car le résultat est au plus proche du roman dont le film est tiré, The Children Act (L'intérêt de l'enfant). Fait assez rare pour être souligné, pas une fausse note ne trouble celui ou celle qui l’a lu. Si ce n'est pas votre cas, rattrapez vite cette étourderie !
Roman traduit en français
par France Camus-Pichon
Fiona Maye est une juge entièrement dévouée à son métier, au point d’en négliger sa vie personnelle. Elle et son mari Jack (Stanley Tucci) n’ont pas eu d’enfants et, au moment où l’histoire commence pour nous, spectateurs, il lui annonce avec honnêteté qu’il a l’intention d’entamer une liaison. Cela, alors que Fiona se trouve soudain confrontée à un cas particulièrement délicat à juger, celui d’un adolescent atteint de leucémie qui refuse la transfusion sanguine qui le sauverait de la mort. Le dilemme tient à ce qu’il ne sera majeur que deux mois plus tard, et que ses parents, comme lui-même sont "Témoins de Jehovah", donc hostiles au principe de toute transfusion.
Mme la Juge doit-elle leur imposer cet acte médical, en vertu de ce Children Act qui place avant toute chose l'intérêt, et donc ici la survie de ce mineur ? Ce dilemme est l’argument du film. Résolu assez tôt, ses suites ne sont pas pour autant anodines.
En effet, avant de prendre sa décision, Fiona Maye se rend à l'hôpital où se trouve le jeune Adam Henry (Fionn Whitehead). C'est cette rencontre qui sera suivie de conséquences inattendues pour les deux protagonistes.
Emma Thompson est renversante dans ce rôle d’une femme de plus de cinquante ans qui vit une crise majeure dans son existence. Absorbée par un métier passionnant, mais exigeant à tous points de vue, elle a placé sa vie personnelle au second plan. Elle a pris pour argent comptant l’attention aimante de son époux, et refuse de comprendre sa frustration à lui. Les scènes de confrontation entre les deux époux sont du reste parfaites, tant au plan des dialogues que de la gestuelle. On imagine que cela pourrait même en être dérangeant pour certain(e)s !
Et voilà que cette affaire complexe, urgente, qui la met en présence d’un jeune homme sensible, touchant, féru de poésie, amoureux, comme elle, de la musique – Fiona est une pianiste de talent –, fait soudain vibrer la corde sensible qu’elle avait tenté de neutraliser en elle au nom de l’équité, de la rigueur, de la justice, en somme.
Et voilà que cette affaire complexe, urgente, qui la met en présence d’un jeune homme sensible, touchant, féru de poésie, amoureux, comme elle, de la musique – Fiona est une pianiste de talent –, fait soudain vibrer la corde sensible qu’elle avait tenté de neutraliser en elle au nom de l’équité, de la rigueur, de la justice, en somme.
Il fallait la délicatesse, le talent, et la maîtrise d’Emma Thompson pour rendre perceptibles, sur fond de grisaille et de dédales londoniens, les subtilités de cette histoire bouleversante. Non que les autres acteurs soient mineurs, loin de là, ils sont tous parfaits, dans leurs rôles respectifs. La voix de Stanley Tucci, en particulier, est magnifique, on en oublie même son accent américain !
Quant à Emma Thompson, elle y est exceptionnelle. Une scène-clef le prouve mieux que toutes les autres. Celle d’un baiser volé. Comment rendre ce qui était si parfaitement décrit dans le roman, cette réticence fondamentale, suivie d’un abandon fugitif, entouré de surprise, de regret immédiat, puis de terreur ?
La caméra du réalisateur est là d’une discrétion parfaite ; le moment est saisissant, crucial, et pour tout dire, inoubliable.
La caméra du réalisateur est là d’une discrétion parfaite ; le moment est saisissant, crucial, et pour tout dire, inoubliable.
Je n’en révèlerai pas davantage. Vous pourrez lire beaucoup de choses au sujet de ce beau film ici, ou ailleurs, mais surtout, surtout, ne le manquez pas. Il est de ceux qui restent en vous longtemps, longtemps après que les lumières ont reparu. Vous garderez aussi le souvenir de vos propres larmes, et de la merveilleuse musique qui les a fait couler...
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J'ai très fortement envie de voir ce film, adaptation du roman The Children Act de Ian McEwan, que j'ai lu récemment sur tes conseils, et que j'ai adoré. Emma Thompson doit être parfaite dans ce rôle. Tu nous laisses entendre que le film permet de retrouver avec fidélité et sincérité l'atmosphère du roman, les sentiments qui y sont subtilement exprimés, les doutes, les hésitations, les regrets, en bref, toute la richesse des personnages, toutes les idées et échanges,
RépondreSupprimertoute la philosophie et la beauté de l'art littéraire d'Ian McEwan, l'un de mes auteurs préférés.
Je vais tout de suite repérer où l'on va passer ce film et quand !
Merci, Cathy, pour cette information à ne pas rater.
Bises
Michou
Merci Cathie, j'ai écouté ton avis je suis allée voir ce film délicieux ,de l'émotion, avec un jeu parfait des acteurs.
RépondreSupprimerEmma Thomson sublime, au plus juste dans son rôle de juge, de femme, d'amoureuse, de mère même sans enfant,elle pleure si bien que j'ai pleuré avec elle !