Il y a toutes sortes de salons du livre. Dans un pays de lectrices passionnées, il sont presque aussi divers que notre gastronomie.
Pour ceux et celles qui ne les fréquentent pas du tout, quelles que soient les raisons de cette abstention, je vais en décrire le fonctionnement.
Ce sont des "foires", en fait, où les éditeurs, les auteurs et les libraires viennent promouvoir et vendre leurs marchandises.
L'événement se passe sur un, deux, ou même trois jours.
Il est précédé, vous le savez, d'une belle publicité qui en vante les spécificités, chaque lieu ayant sa particularité, bien sûr.
Il y a aussi des salons thématiques (jeunesse, polars, BD, romans, littérature épistolaire, etc.) qui s'adressent à des lecteurs et des auteurs intéressés par un genre particulier.
Cela étant posé, il faut un lieu pour chacun de ces événements.
Ceux de la belle saison se passent souvent dehors, et parfois même en soirée.
Le reste du temps, il vaut mieux être abrité : les livres étant faits de papier, il craignent l'humidité, autant que leurs auteurs, du reste !
Chaque région organise ces réunions littéraires, et vous trouverez la liste de celles de PACA en vous promenant sur ce site.
J'en viens donc à mon expérience récente, pour dire quelques mots du SALON DU LIVRE D'HISTOIRE de Villeneuve-Loubet, auquel j'ai eu l'honneur (je pèse le poids de ce mot) d'être conviée le week-end dernier.
C'est un salon ciblé, très bien organisé par MPO et la ville de Villeneuve-Loubet, dans le cadre superbe de sa médiathèque.
On reconnaît Marek Halter au premier plan
Crédit photo ©Jacques Lefebvre-Linetzky
Une grande salle de réunion accueille les auteurs, tandis qu'un espace est consacré aux nombreuses conférences auxquelles le public peut assister.
Le tout, gratuitement.
En ce qui me concerne, j'y étais pour présenter mon dernier roman. Mais, bien entendu, je n'étais qu'une figurante à côté des stars du monde littéraire qui y avaient été invitées. Comme, par exemple, Franz-Olivier Giesbert, dont la bibliographie impressionnante n'aurait pas pu tenir sur un seul cliché !
Photo prise sur Wikipedia
Ce salon fut pour moi deux choses :
1) Une leçon de modestie :
Passer une journée à côté de quelqu'un d'aussi passionnant (et bienveillant) que Jean-Pierre Guéno a été un très grand bonheur. En l'écoutant parler de ses livres, de son travail, à chaque personne qui s'arrêtait devant notre table, et avec moi-même, j'ai pu mesurer la modestie de mes propres travaux. Un peu de lucidité ne fait pas de mal !
Déjeuner ensuite en face de Henri Lœvenbruck, un auteur de polars, inconnu de moi jusqu'alors, et deviner les raisons de son succès auprès du grand public, en bavardant de manière spontanée et informelle – un peu comme on le faisait jadis avec un compagnon de voyage rencontré dans un compartiment de train — a été un moment léger et profond à la fois. J'ai un peu (très) honte d'être passée à côté de son travail pendant toutes ces années. Lisez ici sa bio, et vous comprendrez pourquoi. La modestie, cette fois, n'était pas de mon côté, mais du sien.
J'ai ensuite eu envie de découvrir le travail
(mieux vaut tard que jamais ?)
de l'auteur Henri Lœvenbruck,
traduit dans 12 langues, quand même !
traduit dans 12 langues, quand même !
2) Une tentation permanente :
À mesure que la journée se déroulait, et que je voyais, lors de quelques pauses dans les allées, la qualité des ouvrages présentés, je cédais à la tentation de les acquérir. Je n'ai peut-être pas vendu quantité de mes livres, mais j'ai certainement contribué au succès commercial de la librairie qui encaissait mes achats !
J'ai parlé de déjeuner : il est vraiment agréable pour une auteure mineure d'être invitée à partager un repas (délicieux, au demeurant) avec des "confrères" d'aussi grand talent. J'en ai dégusté chaque seconde.
Il faut bien mettre un bémol à ce tableau idyllique : un Salon du Livre d'Histoire est censé attirer des amateurs du genre, et pour le moins des personnes qui reconnaissent la nécessité de s'intéresser à l'Histoire. Alors, pourquoi me suis-je trouvée, un temps, encombrée d'une jeune visiteuse ignorante qui éructait ses préjugés sans la moindre vergogne, tout en niant le rôle pédagogique de l'Histoire ? Elle n'avait aucune raison d'imposer son idéologie de bazar à ceux qui tentaient de parler avec des lecteurs potentiels. Ni même de proférer certains propos peu acceptables...
La sagesse de mon voisin de table m'a calmée. Bien que blessée, je n'ai pas rué dans les brancards. Juste pensé que mon héroïne n'aurait pas aimé cette rencontre-là. Que la dernière page du dernier chapitre de mon roman est toujours d'actualité. Et que ces "poilus" de base dont Jean-Pierre Guéno a rassemblé les lettres s'exprimaient avec davantage de dignité depuis leurs infâmes tranchées. Vous le constaterez en les (re)lisant.
Sa réponse a été limpide : les manuscrits touchent à l'intime ; on découvre la vérité de l'homme en lisant ce qu'il a écrit de sa main, et on y trouve parfois des choses que l'on ignorait. Par exemple, on connaît la "Lettre pastorale sur la personne humaine" lue en chaire (en 1942) par Mgr Saliège, exhortant ses fidèles à questionner les actes antisémites imposées par le régime de Vichy. Eh bien, Jean-Pierre Guéno nous apprend que cette lettre est le résultat d'une autre lettre, envoyée un mois auparavant par le Général de Gaulle à ce même évêque, dans laquelle il lui disait que si personne ne réagissait, il resterait une tache indélébile sur l'Église catholique...
Ceci n'est qu'un exemple des surprises que recèle ce volume à l'iconographie exceptionnelle.
"Parmi les femmes qui ont compté dans la vie du général, son épouse Yvonne aura toujours joué un rôle essentiel. Elle aura été celle " sans qui rien de ce qui a été fait n'aurait pu l'être ". Il était donc logique que cet ouvrage consacré aux plus beaux manuscrits d'un homme qui fut à la fois l'un des plus grands écrivains et l'un des plus grands hommes d'État que la République française ait porté, trouve en Yvonne de Gaulle née Vendroux la narratrice idéale : celle dont je vais me permettre d'emprunter le visage et d'inventer les mots pour vous plonger au coeur de l'écriture et de la pensée de celui qui fut son mari.
J'ai voulu ici montrer un de Gaulle intime en zoomant sur ses plus beaux manuscrits, ceux de ses oeuvres de jeunesse, ceux de ses livres, ses lettres, ses discours, ses mémoires. J'ai voulu vous inciter à voguer sur le flot de son écriture manuscrite. Sous la légende du personnage hautain, dédaigneux, orgueilleux, inhumain et mégalomane qu'aimaient à entretenir ses pires ennemis, vous percevrez la petite musique de l'âme d'un homme libre, sensible et généreux, et dont la véritable nature est très éloignée de celle qu'ont voulu déformer ceux qui ne faisaient qu'envier sa puissance."
Jean-Pierre Guéno
Une nouvelle édition de ces Paroles-là.
Bien entendu, on se souvient aussi
de l'émouvant recueil
PAROLES D'ÉTOILES...
Et puis, le lendemain, j'ai pu poser une autre question à Jean-Pierre Guéno, concernant la raison de ce magnifique ouvrage qui reproduit tant de manuscrits du Général de Gaulle. Sa réponse a été limpide : les manuscrits touchent à l'intime ; on découvre la vérité de l'homme en lisant ce qu'il a écrit de sa main, et on y trouve parfois des choses que l'on ignorait. Par exemple, on connaît la "Lettre pastorale sur la personne humaine" lue en chaire (en 1942) par Mgr Saliège, exhortant ses fidèles à questionner les actes antisémites imposées par le régime de Vichy. Eh bien, Jean-Pierre Guéno nous apprend que cette lettre est le résultat d'une autre lettre, envoyée un mois auparavant par le Général de Gaulle à ce même évêque, dans laquelle il lui disait que si personne ne réagissait, il resterait une tache indélébile sur l'Église catholique...
Image prise sur ce site.
Cliquez dessus pour l'agrandir.
Et, là aussi, on imagine la main
qui en corrigea les fautes de frappe !
"Parmi les femmes qui ont compté dans la vie du général, son épouse Yvonne aura toujours joué un rôle essentiel. Elle aura été celle " sans qui rien de ce qui a été fait n'aurait pu l'être ". Il était donc logique que cet ouvrage consacré aux plus beaux manuscrits d'un homme qui fut à la fois l'un des plus grands écrivains et l'un des plus grands hommes d'État que la République française ait porté, trouve en Yvonne de Gaulle née Vendroux la narratrice idéale : celle dont je vais me permettre d'emprunter le visage et d'inventer les mots pour vous plonger au coeur de l'écriture et de la pensée de celui qui fut son mari.
J'ai voulu ici montrer un de Gaulle intime en zoomant sur ses plus beaux manuscrits, ceux de ses oeuvres de jeunesse, ceux de ses livres, ses lettres, ses discours, ses mémoires. J'ai voulu vous inciter à voguer sur le flot de son écriture manuscrite. Sous la légende du personnage hautain, dédaigneux, orgueilleux, inhumain et mégalomane qu'aimaient à entretenir ses pires ennemis, vous percevrez la petite musique de l'âme d'un homme libre, sensible et généreux, et dont la véritable nature est très éloignée de celle qu'ont voulu déformer ceux qui ne faisaient qu'envier sa puissance."
Jean-Pierre Guéno
Je rajoute ce joli souvenir !
Photo © Jacques Lefebvre-Linetzky
L'érudite Lea Raso Della Volta a été mon autre voisine. Ci-dessous, la couverture de son travail original, La Confrérie des Gardiens de l'Arche d'Alliance (éd. Liber Faber).
Je n'oublierai pas non plus les échanges avec les visiteurs et visiteuses. Qu'ils ou elles aient ou non acquis mes livres au cours de ces journées, leur passage a été l'occasion de contacts souvent intéressants, et de pistes utiles à mon travail d'auteur. Et pardon à ceux et celles que je n'ai pas cités aujourd'hui. Ce sera pour une prochaine fois.
Pour finir, je remercie ici les organisateurs de ce salon, les libraires associés (Librairie Masséna Antibes & Jean Jaurès à Nice), et tout particulièrement Mme Corinne Paolini, Directrice de la Communication à la Mairie de Villeneuve-Loubet.
À bientôt, ailleurs, chers lecteurs et lectrices de Gratitude ?
À bientôt, ailleurs, chers lecteurs et lectrices de Gratitude ?
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Quelques-unes des photos ci-dessus sont celles que j'ai prises, les autres sont de Jacques Lefebvre-Linetzky que je remercie pour sa participation à la "couverture" en images de cet événement.
Et il a aussi capturée celle-ci, que je rajoute pour conclure avec un sourire !
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NB.
1) Ne voir dans ce billet aucune prise de position d'ordre politique de ma part : il n'y en a pas.
2) Midinette, moi ? Jamais !
Bonsoir Cathie et merci beaucoup ! bien à vous. Lea
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