En vol

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Image de la superbe chaise de l'artiste SAB

jeudi 19 mars 2020

ÉLOGE DE LA PARCIMONIE


Un bien joli titre 
pour illustrer ce billet gribouillé

En ces temps confinés, où l’horizon se rétrécit, où la moindre sortie demande des heures de réflexion, d’auto-justification et de justification, où chacun réfléchit avant tout à l’organisation quotidienne des repas, nous pourrions nous lamenter sur notre sort (commun et individuel) et ne plus voir que le bout de notre nez. 

Pourtant cette période difficile, anxiogène, et tellement inconfortable pour les moins bien lotis – je pense à ceux et celles dont les conditions de vie sont précaires, qui vivent nombreux dans des appartements à la surface réduite, dont le budget est minimal et/ou les revenus menacés, ou pire qui sont sans abri – nous amène à faire quelques constats sur ce qui est important, le plus important : NOTRE PLANÈTE. 

 Image empruntée sur ce site

Il semble évident à de nombreux scientifiques que cette catastrophe ne survient pas juste parce que quelques Chinois ont bouffé des animaux immangeables (et là, je comprends enfin mieux les lois alimentaires du judaïsme !) ni parce qu’ils les ont tués sur des marchés insalubres, et distribués (ou plutôt vendus) sans respecter la moindre précaution d’hygiène. 

Ni non plus parce que les civettes ne sont pas rien que des bars-tabac, mais des bestioles contaminantes que de nombreux Asiatiques continuent à vouloir consommer…   


Non. Ce n’est pas juste la faute des Chinois. C’est notre faute à nous tous, qui avons détruit les espaces naturels pour y construire nos maisons, qui avons épuisé la nature, déboisé l’Amazonie, creusé la roche pour y puiser du gaz de schiste, et avant cela du pétrole, rejeté à la mer des tonnes de déchets qui y empoisonnent les poissons, permettent la prolifération d’algues nocives, etc. 

En réduisant l’espace vital de certaines espèces, nous les avons vues se rapprocher de nous, et de nos habitations, très dangereusement. Il y a des années déjà on nous disait, aux Etats-Unis, de ne pas toucher les si mignons écureuils qui y prolifèrent partout en ville : on savait bien qu’ils peuvent être des vecteurs de la rage !

 "Chipmunk" en action !

Et puis quoi ? 

Et puis voilà que maintenant nous en sommes réduits à vivre au jour le jour, enfermés dans nos maisons, en prêtant attention aux quantités de ce que nous consommons. En effet, quand on ne peut plus se rendre facilement au supermarché pour se ravitailler, et que toute sortie doit être réfléchie, l’organisation et la gestion du quotidien domestique s’en trouvent totalement modifiées. Et voilà ce que je remarque, en me demandant si cela vous concerne aussi :

Là où j’utilisais à gogo du papier essuie-tout, je prends un torchon, que je peux ensuite laver et réutiliser. 

Là où j’utilisais par pure flemme des serviettes en papier, je ressors les serviettes en tissu héritées de ma maman. 

Là où j’utilisais du papier hygiénique… (et oui, comme vous tous, j'imagine !), j’abuse de la douchette : j’avais insisté pour qu’un plombier médusé me l’installe près du WC. Et je bénis mon entêtement à conserver le bidet de la salle de bains. 

Là où j'utilisais sans compter des cotons démaquillants, je prends maintenant un gant de toilette, ou bien je les utilise avec parcimonie, et je dois avouer avoir aussi limité le maquillage, vu que ses flacons ne sont pas énormes. 

Là où je jetais les petits restes de pâtes ou de riz (« il n’y en aurait pas assez pour demain »), je les garde, et les mets dans une soupe de légumes frais, ou surgelés. 

Là où je buvais volontiers de l'eau minérale en bouteille, j'ai recommencé à mettre en carafe celle du robinet, et à la placer au frais. Elle est excellente, l'eau de Nice !

Là où je faisais sans hésiter plusieurs sorties par jour (en voiture, ou en bus), je me contenterai, – comme vous tous, non ?  –, d’aller me ravitailler quand cela deviendra absolument nécessaire.  

(Digression : là où je trainais des pieds pour nettoyer mon appartement, eh bien, je me mets déjà au grand ménage de printemps, en rangeant, vidant, triant, et surtout en remerciant les agents du service de nettoiement et d'enlèvement des ordures ménagères qui continuent de travailler).   

Là où je dépensais mes sous, en futilités parfois – comme vous tous, non ?  –, je ne consomme plus, avec parcimonie, que ce qui est essentiel à la survie. 


Oui, il s’agit bien de survie. La nôtre, mais aussi celle de notre planète. Peut-être que cette période épouvantable – si vous et moi y survivons, ce que je nous / vous souhaite de tout mon cœur, chers fidèles de Gratitude –, nous amènera à réfléchir sur ce qui compte vraiment dans nos vies et que nous apprécions le plus en ce moment : pouvoir communiquer (faute de les serrer dans nos bras) avec ceux et celles que nous aimons ; manifester de la solidarité envers nos voisins immédiats, leur faire de grands gestes depuis notre fenêtre ; saluer depuis un balcon ceux qui nous sauvent au péril de leur propre vie  (ou qui nous courtisent de loin ;) ...


Romeo et Juliette, 
image empruntée ici 

... pouvoir, aussi, jouir de la possibilité de faire fonctionner nos cerveaux en lisant, en écoutant de la musique, en choisissant de regarder des films ou programmes TV non-anxiogènes, et en tentant de continuer à se rendre utile pour les autres. 

Ainsi nous comprenons sûrement déjà la nécessité de consommer moins, mieux, en ne recherchant que ce qui est vraiment utile, essentiel à notre survie. 

Voilà. Gardez-vous tous et toutes en bonne santé physique et mentale, et à bientôt sur Gratitude pour des suggestions de lecture. J’oubliais : les librairies sont fermées, certains hésitent à commander en ligne pour des raisons d’éthique, mais ceux et celles qui comme moi aiment lire sur tablette (aux lettres agrandies, si confortables aux yeux fatigués) trouveront quand même leur bonheur sur les sites qui vendent des e-books. Faute de grives...   



* * * * * * * 


PS. Mais le pire du pire (un peu de futilité ne nuisant pas) c’est quand les coiffeurs ont fermé boutique pour une durée indéterminée, pas vrai ? Le mien va me manquer horriblement dans très peu de temps, et j'espère que lui et son équipe sont toujours en bonne santé. 









4 commentaires:

  1. Il faut bien nous adapter à cette nouvelle situation... avons-nous d'autres choix ?
    On appréciera d'autant plus le retour à notre vie "normale", quoi que...

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  2. Oh mais qu'est ce qu'elle fait du bien cette publication ! Merci déjà pour ces mots dans lesquels je me retrouve (je plussoie de toute manière la première partie quant au mode d'alimentation des chinois totalement absurde).

    Et j'adore vos dernières lignes quant au coiffeur : c'est exactement la pensée qui m'a traversé l'esprit : plus de R.V. mensuel pour cause de cheveux blancs ....

    Prenez bien soin de vous surtout ainsi qu'à tous ceux qui vous lisent.

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  3. Ces billets écrits pendant le confinement semblent déjà d'une autre ère, historiques, tant les choses changent vite. il s'en est passé de drôles de choses depuis...
    Bravo pour ta conversion minimaliste, c'est loin d'être un chemin pavé de roses cependant, entre prise de conscience du gaspillage et risque d'intégrisme. Pour le démaquillage, je recommande vivement les disques en tissu, achetés ou mieux faits maison (DIY) dans de vieux torchons ou serviettes. Il y a plein d'astuces en tous genres sur internet, des groupes facebook..., mais tout cela demande un bien précieux et rare : le temps...

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