Je suis toujours étonnée de
la réaction de mes amis non anglicistes quand je leur annonce que je vais
entreprendre un petit voyage en Angleterre. Au mieux, ils me disent :
« Ah, c’est normal, t’étais prof’ d’anglais », ou bien
« Encore ?! » et, au pire, ils me déballent tous les lieux
communs imaginables à ce sujet, du genre : « Bon courage avec la
bouffe ! »,
« N’oublie pas ton parapluie », ou bien :
« Tu vas à Londres, au moins ? »
Si certains d’entre vous en
sont restés à une expérience semblable à celle qui fut décrite dans À nous les petites Anglaises (que j’ai
adoré en son temps), et au risque de me fâcher
avec certains, je vais ici remettre les pendules à l’heure et révéler pourquoi
j’aime ce pays et ses habitants (enfin, ceux que j’y connais, surtout !) - et vive les clichés !
Voilà ce qui s’y passait,
dans les années soixante, peut-être, et
ce qui se produit aujourd’hui :
1. À peine débarqué, à peine remis de la traversée épouvantable d'un English Channel déchaîné, on vous servait de la jelly tremblotante sur du gâteau à la texture d’éponge, le tout recouvert d’une sauce sucrée
jaune canari au fort goût de vanille synthétique. Moi, ça ne me dérangeait pas,
j’aimais le changement !
Aujourd’hui, dès votre descente d'avion, ou bien de l'Eurostar, frais et dispos, vous brunchez dans un superbe pub branché...
...ou bien vous
déjeunez dans un endroit de rêve dont la carte, concoctée par des disciples de
Jamie Oliver vous fait saliver rien qu’à la regarder. Vous vous régalez, et au
dessert vous aurez droit à un spectaculaire tiramisu italien. (Dommage, c’est
le seul dessert que je n’aime pas !)
2. On vous emmenait en
pique-nique avec un triste sandwich au concombre esquiché entre deux tranches d’un
pain de mie plus blanc que blanc, tartiné de Marmite (une espèce de concentré de sauce de bœuf), et, pour toute
boisson une bouteille de limonade tiède sans bulles. Sans oublier la banane.
Aujourd’hui, le choix de sandwiches est tellement varié et appétissant
que, par peur de prendre 10 livres (= 5 kilos), vous vous rabattez sur des
barquettes de salades exotiques ou fabuleusement diététiques que vous accompagnez
d’une bolée de cidre du Devon. Divin.
3. Votre famille d’accueil
vous forçait à aller à la plage par tous les temps, ou à greloter autour d’un
barbecue dont le feu ne démarrait jamais pour cause d’humidité. (Comprendre
pluie).
Là, c’est sûr, le climat est resté le même. Variable. Mais après
quelques semaines de canicule méridionale, je vous garantis que dîner dans un
jardin anglais avec un petit pull sur les épaules, c’est le rêve. Et puis,
quels ciels, levez-y donc un peu les yeux !
4. On vous traînait dans des
parcs, et vous y trainiez votre ennui adolescent.
Avantage de l’âge : les parcs et jardins deviennent de plus en plus beaux,
et leurs fleurs sauvages aussi :
Quant aux pelouses, il n’y a pas photo, de bonnes
graines, un bon matériel, une dizaine de bons jardiniers, et quelques centaines d’années
d’expérience plus tard, vous obtenez ça :
5. Vous dormiez dans une
maison toute pareille à celle d’à côté, et les soirs où vous rentriez légèrement éméché,
valait mieux vous souvenir de la couleur de sa porte.
Avouez qu’il n’y en a pas deux comme celles–ci, sans aucune porte visible !
6. On vous parlait, et vous ne
compreniez rien ; vous parliez et on vous répondait : « Oh I see
what you mean ! » Ce qui voulait dire, en plus poli, « Cause
toujours, tu m’intéresses. »
Aujourd’hui, les Britanniques voyagent partout dans le monde, ils
connaissent la Dordogne et le Limousin mieux que vous, ont des amis dans le
Gers. Ils causent des tas de langues étrangères, y compris l’hindi, l’urdu et
le gujarati. Et vous, vous avez fait de gros progrès en anglais grâce à
internet, aux films en V.O, et aux super profs d’anglais de vos enfants !
Résultat : vous êtes accueillis avec enthousiasme si vous leur dites que
vous venez de Troyes dans l’Aube. Ils ne connaissent pas encore.
7. Vous n’alliez à Londres,
que pour visiter la Tour de Londres, le Pont de Londres et admirer les bijoux
de la Couronne. (Ceux des princes n’étaient pas encore étalés sur une quelconque toile,
comme de nos jours, hélas :-)
De nos jours, vous pouvez aller à Londres pour y faire exactement les
mêmes choses, mais je gage que vous aurez envie de découvrir ses quartiers
rénovés, ses magasins de rêve et tous les musées fantastiques qui s’y
trouvent.
Le soir, quand vous aviez
16 ans, retour au bercail. Vous n’auriez jamais vu cette vue de London by night :
Étonnant, non ?
Mais surtout, vous pouvez quitter Londres et plonger dans les régions
magnifiques de l’Angleterre profonde dont tant de Français ignorent
l’existence. Vous trouverez là de jolis supermarchés, et y découvrirez une
inventivité inconnue sur le continent :
Quant aux Anglais, ils sont
toujours là, en plus mélangés, mais toujours aussi accueillants, pour peu que
l’on accepte de cesser une seconde de penser que la France, c’est tellement
mieux que l'Angleterre - et que l’on reconnaisse leur flagrante supériorité sur nous aux derniers
J.O. !
Même pas dur.
Illustrations culinaires,
cf ces sites :
Photos : C.F & surtout J.L+L. (pour les plus belles !)
je dis, quelle jolie mise au poi(g)nt!
RépondreSupprimerEh bien, Catherine! Vous avez un point de vue intéressant de Londres, Angleterre (si ce n'est pas la Grande-Bretagne!) .... et la cuisine anglaise.
RépondreSupprimerEn ce qui concerne Londres, je pense toujours à "Westminster Bridge" ('Le pont de Westminster') et surtout le poème (écrit en 1802) par le poète de ma propre patrie (Cumbria), William Wordsworth,
« Composer sur le pont de Westminster » ('Composed upon Westminster Bridge'):
La terre n’a rien de plus beau à produire :
Insensible l’âme de qui passerait en négligeant
Une vue que sa majesté rend si émouvante :
La ville a présent porte ainsi qu’un vêtement
La beauté du matin ; silencieux et nus,
Bateaux, tours, dômes, théâtres et temples demeurent
Offerts aux champs ainsi qu’au ciel ....
En dépit des guerres napoléoniennes, histoire nous enseigne que William Wordsworth aimait la France ... et au moins, une dame française! EvidemmM. Wordsworth était un homme avec du bon on goût, M. Wordsworth!
Nous avons aussi la région des lacs anglaises (the Lake District). Il pleut toujours! Mais, vous savez:
« Il pleut, il mouille !
C'est la fête à la grenouille !
Quand il ne pleuvra plus,
Ce sera la fête à la tortue ! »
En Grande-Bretagne, nous avons maintenant de nombreux chefs français nous éduquer à la cuisine française en particulier celui qui est un visiteur régulier de ma ville natale: Jean-Christophe Novelli (« La grenouille folle »).
Ici, le site de "L'Académie Jean-Christophe Novelli":
http://www.jeanchristophenovelli.com/
Mais personnellement, la question fondamentale est la suivante:
"Pourquoi le français toujours pas faire une bonne tasse de thé?
Certes, c'est quelque chose que les Britanniques peuvent enseigner les français ... dans l'esprit de "l'Entente Cordiale"?
Meilleurs vœux à tous!
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