En vol

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Image de la superbe chaise de l'artiste SAB

samedi 24 novembre 2012

LE TEMPS DES STRUDELS



Voilà que revient la saison de la cuisine roborative. On se met à saliver devant les stands de foie gras, les étals de volailles, les rayons de vins fins. Fin novembre, avant même les premières guirlandes, on se sent déjà très gourmand. C’est bien simple, on ne culpabilise même pas en pensant à la vitesse à laquelle on va reprendre des kilos perdus avec tant de mal. Si toutefois on les a perdus. 

Personnellement, en osmose avec mes cousins américains, je rêve de dinde, et j’ai presque hâte de la faire. D’ailleurs, j’en préparerai la farce bien à l’avance et la congèlerai, pour gagner du temps pendant les semaines folles de décembre, qui, pour cause d’anniversaires divers et fêtes en tous genres, me voient aux fourneaux plus que d’ordinaire.

L’hiver s’annonçant, donc, je me reprends à rêver de la traditionnelle pâtisserie de mon enfance. Celle qui était confectionnée par notre maman à chacun de nos anniversaires (en décembre, vous l’aurez compris), et que nous appelons un strudel.
Alors je vous mets au défi d’en prononcer le nom correctement. SVP, évitez ‘stroudelle’,  ça fait aussi peu authentique que de parler de Roba Capèu en le prononçant  comme c’est écrit, et sans aucun accent tonique, ‘Roba Capèu’. Avec un U bien sonore à la fin. Il me semble connaître quelqu'un qui le dit comme ça... 

Non, « strudel » c’est un mot  allemand, alors on le prononce comme ça.

Et pour les curieux, en voilà l’origine : c’est une pâtisserie d’Europe de l’Est, qui remonte au temps des Habsbourg. Ça ressemble à un chausson aux pommes géant. On en mange encore des tonnes en Autriche et à Prague. Basta. Vaut mieux le déguster que l’étudier. Si vous voulez vraiment en savoir davantage, cliquez ici. (en oubliant la pâte filo). 

Cela sert à quoi d’en rêver, alors ? 
À rien. 
Puisque (heureusement) on n’en vend pas encore à Carrefour, vaut bien mieux aussi mettre la main à la pâte. Et ce n’est pas une mince affaire, ou plutôt le contraire, car celle-ci, pour être parfaitement délicieuse, se doit d’être plus fine que du papier à cigarette (et plus goûteuse, n’en déplaise aux fumeurs).
Une fois étalée au rouleau, étirée à la main, on y place pommes reinettes ou Canada, coupées en petits morceaux, mélangées à des raisins secs. Le tout enrobé de cannelle et de sucre en poudre. Il ne reste plus qu’à rouler le tout, et à le dorer à l’œuf avant de le passer au four chaud.
Plus qu’à…? Plus facile à dire qu’à faire.

J’ai hérité de la recette (dont je remercie ma maman de me l’avoir un jour gribouillée sur mon carnet) mais aussi des rouspétances qui vont avec : « C’est pas possible cette pâte, pourquoi est-ce qu’elle se déchire de partout ? »
Il faudra juste que je me retienne de servir le résultat en annonçant à ma tablée familiale : « Ah ben, je m’en suis vu, ce coup-ci avec vos strudels ; j’espère qu’ils vous plairont » parce que sinon… vous avez deviné, je serai comparée à ma mère, et dans ce contexte, ce ne sera pas forcément un compliment.

Mais tout compte fait, quand l’odeur fabuleuse des pommes caramélisées se répand dans la maison, j’oublie tout, j’attends juste avec impatience que les strudels refroidissent, avant de saupoudrer leur surface dorée de sucre glace, et de battre le rappel des amateurs.
Il en reste rarement pour le petit déjeuner (du strudel, pas des amateurs), ou alors c’est qu’on n’était que quatre pour une paire de strudels (comme Laurel et Hardy, ils vont toujours par deux).


Et, même si la pâte en est croustillante, que personne ne vienne me citer Averell, un des frères Dalton, qui, après avoir avalé  goulument une plâtrée de haricots mexicains, pose la question : "Et comment s'appelle la délicieuse friandise autour de ces frijoles ?" s'entend répondre : "Ça, Senor, cela s'appelle un bol en terre cuite." J'ai beau être fille de céramiste, je ne trouverais pas ça drôle.



Notre recette de strudel ne figure pas dans le petit livre que vous connaissez bien.
Omission regrettable, je m’en rends compte à présent. Mais je vous donne volontiers celle de Kitchen Bazar, qui, bien qu’un peu différente de la mienne, ne m’a pas l’air mal, non plus.

Bon appétit, avec de la musique adéquate en fond sonore ! Ici, ou là.




PS. Après les bagels, les strudels ? Va falloir vite revenir à des nourritures plus spirituelles, sinon j’en connais qui vont abandonner ce blog.


5 commentaires:

  1. Si si moi je culpabilise!!!
    J'adore le commentaire : "J'espère qu'ils vous plairont".....
    A ce que je vois tu as craqué hier et tu en as fait ;-)

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  2. Et les mekrods??? Vous connaissez? Malheureusement je n'ai pas le talent le Cathie pour vous les décrire encore moins pour vous donner la recette. On se contentera donc de saliver sur les pâtisseries ashkenazes...

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  3. Cathie, trop flattée, invite Colette Guedj, auteur admirée, à déguster en direct-live ses gâteaux, quand elle voudra.

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  4. Justement ce midi je faisais valoir à Déborah qu'il manquait quelque gâterie de dessert. Et voilà que Cathie nous sert un de ces délicieux strudels que je suis obligé d'aller chercher rue des Rosiers quand la salive finit par dessécher mes lèvres. Bon, restent les mekrouds, comme dit Colette Guedj et ça on trouve à Rennes, chez Mohammed qui est mon copain kabyle, et de ce fait un peu juif, d'ailleurs il les fait comme chez nous, purée! Mais es strudels, quand même!!
    Au fait, Cathie sais-tu comment on dit "arobase" en hébreu? Strudel!
    Albert

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  5. Catherine,

    En lisant votre article sur strudel je me souviens des vacances d'hiver en Autriche: la montagne enneigée, le téléphérique, les pistes de ski, "l'Apfelstrudel" (Strudel aux pommes) et peut-être - même - un verre de "gluwein"! Quand je pense que nous avons la reine Marie-Antoinette à remercier pour l'amour de pâtisseries dans notre chère France ....... !

    Bonne dégustation à tous !

    Joseph.

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