Voilà que revient la saison
de la cuisine roborative. On se met à saliver devant les stands de foie gras, les
étals de volailles, les rayons de vins fins. Fin novembre, avant même les
premières guirlandes, on se sent déjà très gourmand. C’est bien simple, on ne culpabilise
même pas en pensant à la vitesse à laquelle on va reprendre des kilos perdus
avec tant de mal. Si toutefois on les a perdus.
Personnellement, en osmose
avec mes cousins américains, je rêve de dinde, et j’ai presque hâte de la
faire. D’ailleurs, j’en préparerai la farce bien à l’avance et la congèlerai,
pour gagner du temps pendant les semaines folles de décembre, qui, pour cause
d’anniversaires divers et fêtes en tous genres, me voient aux fourneaux plus
que d’ordinaire.
L’hiver s’annonçant, donc,
je me reprends à rêver de la traditionnelle pâtisserie de mon enfance. Celle
qui était confectionnée par notre maman à chacun de nos anniversaires (en
décembre, vous l’aurez compris), et que nous appelons un strudel.
Alors je vous mets au défi
d’en prononcer le nom correctement. SVP, évitez ‘stroudelle’, ça fait aussi
peu authentique que de parler de Roba Capèu en le prononçant
comme c’est écrit, et sans aucun accent tonique, ‘Roba Capèu’. Avec un U bien sonore à la fin. Il me semble connaître quelqu'un qui le dit comme ça...
Non, « strudel » c’est un mot allemand, alors on le prononce comme ça.
Et pour les curieux, en
voilà l’origine : c’est une pâtisserie d’Europe de l’Est, qui remonte au
temps des Habsbourg. Ça ressemble à un chausson aux pommes géant. On en mange
encore des tonnes en Autriche et à Prague. Basta. Vaut mieux le déguster que
l’étudier. Si vous voulez vraiment en savoir davantage, cliquez ici. (en oubliant la pâte filo).
Cela sert à quoi d’en rêver,
alors ?
À rien.
Puisque (heureusement) on n’en vend pas encore à
Carrefour, vaut bien mieux aussi mettre la main à la pâte. Et ce n’est pas une
mince affaire, ou plutôt le contraire, car celle-ci, pour être parfaitement délicieuse, se doit d’être
plus fine que du papier à cigarette (et plus goûteuse, n’en déplaise aux
fumeurs).
Une fois étalée au rouleau,
étirée à la main, on y place pommes reinettes ou Canada, coupées en petits
morceaux, mélangées à des raisins secs. Le tout enrobé de cannelle et de sucre
en poudre. Il ne reste plus qu’à rouler le tout, et à le dorer à l’œuf avant de
le passer au four chaud.
Plus qu’à…? Plus facile à
dire qu’à faire.
J’ai hérité de la recette (dont
je remercie ma maman de me l’avoir un jour gribouillée sur mon carnet) mais
aussi des rouspétances qui vont avec : « C’est pas possible cette
pâte, pourquoi est-ce qu’elle se déchire de partout ? »
Il faudra juste que je me
retienne de servir le résultat en annonçant à ma tablée familiale : « Ah
ben, je m’en suis vu, ce coup-ci avec vos strudels ; j’espère qu’ils vous
plairont » parce que sinon… vous avez deviné, je serai comparée à ma mère,
et dans ce contexte, ce ne sera pas forcément un compliment.
Mais tout compte fait,
quand l’odeur fabuleuse des pommes caramélisées se répand dans la maison,
j’oublie tout, j’attends juste avec impatience que les strudels refroidissent, avant de saupoudrer leur surface dorée de sucre glace, et
de battre le rappel des amateurs.
Il en reste rarement pour
le petit déjeuner (du strudel, pas des amateurs), ou alors c’est qu’on n’était
que quatre pour une paire de strudels (comme Laurel et Hardy, ils vont toujours
par deux).
Et, même si la pâte en est croustillante, que personne ne vienne me citer Averell, un des frères Dalton, qui, après avoir avalé goulument une plâtrée de haricots mexicains, pose la question : "Et comment s'appelle la délicieuse friandise autour de ces frijoles ?" s'entend répondre : "Ça, Senor, cela s'appelle un bol en terre cuite." J'ai beau être fille de céramiste, je ne trouverais pas ça drôle.
Notre recette de strudel ne figure pas
dans le petit livre que vous
connaissez bien.
Omission regrettable, je
m’en rends compte à présent. Mais je vous donne volontiers celle de Kitchen Bazar, qui, bien qu’un peu
différente de la mienne, ne m’a pas l’air mal, non plus.
PS. Après les bagels, les
strudels ? Va falloir vite revenir à des nourritures plus spirituelles,
sinon j’en connais qui vont abandonner ce blog.
Si si moi je culpabilise!!!
RépondreSupprimerJ'adore le commentaire : "J'espère qu'ils vous plairont".....
A ce que je vois tu as craqué hier et tu en as fait ;-)
Et les mekrods??? Vous connaissez? Malheureusement je n'ai pas le talent le Cathie pour vous les décrire encore moins pour vous donner la recette. On se contentera donc de saliver sur les pâtisseries ashkenazes...
RépondreSupprimerCathie, trop flattée, invite Colette Guedj, auteur admirée, à déguster en direct-live ses gâteaux, quand elle voudra.
RépondreSupprimerJustement ce midi je faisais valoir à Déborah qu'il manquait quelque gâterie de dessert. Et voilà que Cathie nous sert un de ces délicieux strudels que je suis obligé d'aller chercher rue des Rosiers quand la salive finit par dessécher mes lèvres. Bon, restent les mekrouds, comme dit Colette Guedj et ça on trouve à Rennes, chez Mohammed qui est mon copain kabyle, et de ce fait un peu juif, d'ailleurs il les fait comme chez nous, purée! Mais es strudels, quand même!!
RépondreSupprimerAu fait, Cathie sais-tu comment on dit "arobase" en hébreu? Strudel!
Albert
Catherine,
RépondreSupprimerEn lisant votre article sur strudel je me souviens des vacances d'hiver en Autriche: la montagne enneigée, le téléphérique, les pistes de ski, "l'Apfelstrudel" (Strudel aux pommes) et peut-être - même - un verre de "gluwein"! Quand je pense que nous avons la reine Marie-Antoinette à remercier pour l'amour de pâtisseries dans notre chère France ....... !
Bonne dégustation à tous !
Joseph.