C’est avec ravissement que j’ai découvert, sur mon site favori, cette chronique
sur les bagels londoniens.
Son auteur si rigolote nous indique le meilleur
endroit où déguster ce délicieux petit pain dans la ville de Londres. Je ne mettrai pas en doute son conseil, je me contenterai juste de rebondir (sic)
dessus, pour partager une observation que j’ai faite récemment.
Ainsi que l’explique notre chroniqueuse, les bagels, ces petits
pains ronds troués en leur centre, sont arrivés en Angleterre, et aux USA, dans
les bagages culinaires et les livres de recettes des émigrées juives en
provenance d’Europe de l’Est. Leur nom d’alors était « beygels » et,
prononcé en diphtonguant fortement la première syllabe, le ey devenait ay. L’orthographe américaine a achevé la
transformation, en se simplifiant. Les bagels devinrent l'une des spécialités des deli* de la
côte est, et en particulier à Coney Island, chez Nathan’s. Ceux qui ont lu La Retricoteuse se souviennent peut-être de l'évocation de ce lieu, lors de la fatidique virée
de Mina au bord de l’océan.
La spécificité du bagel est due au fait que la pâte
en est d’abord bouillie, avant d’être rôtie au four. Sa surface est parsemée de
graines de sésame, ou de pavot. Une fois cuit, il est servi avec du sucré, ou
du salé, au choix. Aux USA la façon traditionnelle de le consommer, c’est avec du saumon fumé (lox) et du cream cheese (que l’on trouve à présent
dans les supermarchés français sous la marque Philadelphia, ou bien sous le nom
de « cottage cheese »). Je
me souviens d’un brunch royal, dans le Queens – les bagels de mon hôtesse provenaient
de la meilleure fabrique du coin, semblable à celle-ci, et ce fut pour moi une expérience inoubliable.
La preuve, j’en parle encore.
OK. Maintenant vous savez ce dont il est question.
Après NY City & Montréal, Londres & Paris, voilà que ma bonne ville de Nice
s’est mise à l’heure du bagel. Le diner annoncé sur la
façade (prononcer « daïner », c’est le lieu dont il est question, pas du repas) y est bien
un genre de coffee bar dans lequel on
trouve des banquettes en skaï rouge séparées par une table rectangulaire ; des murs
décorés de plaques publicitaires vantant des produits typiquement américains ;
un décor jaune ou rose bonbon ; des menus affichant une variété de bagels
et de hamburgers accompagnés de french
fries, et de coleslaw.
Sauf que si tout cela, donc, est bien présent, une
composante inattendue s’ajoute à la variété niçoise de notre fameux bagel.
À savoir, pour commencer, la prononciation du mot,
devenue bagelle, rimant avec antigelle, au
lieu de beïguel - dans la bouche d’une
serveuse qui ne connaît de la carte que les prix affichés dessus.
Et ensuite, les ingrédients qui le garnissent sont
quelque peu… différents.
Cela donne la situation suivante - je cite, vous rajouterez l’accent :
- Alors, votre bagelle, vous la voulez avec ou sans
tapenade ? Un brin de basilic dessus, ou une persillade ? Du thon ou des
anchois ? On vous la sert chaude ou froide ? Avec un verre de blanc, ou
du rosé ?"
Avouez que c’est autre chose que du new-yorkais.
Moi, j’appellerais ça du métissage. Et au fond, why not ? Attendons de voir si, outre-Atlantique, le pan bagnat sera un jour servi avec du fromage fondu et des
oignons frits. Ça vaudra son pesant de pistou, et, s’il faut, vous verrez, on
en redemandera !
Bon, allez, j’avoue : j’ai déliré. Pas
tout-à-fait authentique, le tableau. À part l’accent de la
serveuse, et le fait que les bagels en question, même nature, sont quasi-immangeables, dixit un spécialiste de mon entourage.
S'il n'est pas le résultat de l'excitation des élections made in USA, mon petit trip doit être dû au pavot. La prochaine fois je me shooterai au
sésame. Cela n’ouvrira que mon appétit !
*deli = abréviation de "delicatessen", ces restaurants qui servent à New York des plats typiques d'Europe de l'Est.
ah ah ah ça m'a fait rire la partie niçoise ! De l'humour, de la drôlerie j'aime !!
RépondreSupprimerGEORGETTE
Chronique toujours aussi savoureuse! On a envie d'y gouter ! Quelle est l'adresse? Nous irons en manger avec toi. On connaissait uniquement ceux de Picard...
RépondreSupprimerC'est le même coup que le croissant, cette merveille européenne qui a traversé l'ocean pour être déclinée à toutes les sauces, croissant épinard , croissant jambon...
A bientôt.
Daniele
Merci de ce moment de détente si agréable à lire ton blog.
Why not, en effet? On sert bien, dans un restaurant niçois qui fait dans le moléculaire, des cannelloni virtuels... Alors, de vrais anchois ou de la vraie tapenade sur des "bagelles" d'opérette, pourquoi pas? Ca aura au moins UN goût reconnaissable!
RépondreSupprimervery cool hybridization. yammie. edith
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