Personne ne se demande pourquoi les êtres humains
des temps anciens sont toujours (ou presque) représentés avec un couvre-chef
d’une variété ou d’une autre, et personne ne s’en offusque jamais.
Réfléchissez un moment, en parcourant la liste des
personnalités suivantes, et demandez-vous à quoi elles ressembleraient, tête
nue :
Marie de Nazareth ; César ; Vercingétorix ;
Napoléon Bonaparte ; Maurice Chevalier ; Jean Moulin ; Humphrey
Bogart ; Frank Sinatra ; Charlot ; John Wayne ; Le Père
Noël ; Le Chapelier fou ; Gavroche ; Yasser Arafat ; Elizabeth
II ; Le commandant Cousteau ; Mère Theresa…
Réponse unanime : À
RIEN ! On ne les reconnaîtrait peut-être même pas !
Pourtant, si maintenant le chapeau revient parfois
sur la scène, et avec élégance, le voile de Marie de Nazareth est plus souvent
porté par de jeunes mariées que par des mères de famille, sauf si… suivez mon
regard.
Alors, j’ai ma petite explication concernant l'évolution du port, ou du non-port, d’un couvre-chef.
Comme chacun le sait, autrefois, le
soleil était bien plus brûlant qu’aujourd’hui, et il fallait s’en préserver à
tout prix en se couvrant le front, non de cendres, mais d’une belle pièce de
tissu, qui en outre indiquait clairement la classe à laquelle on appartenait.
Un peu comme le font certaines montres aujourd’hui, paraît-il.
Idem par grand froid. Sans sa casquette de
fourrure, Davy Crockett aurait eu les oreilles gelées, et serait tombé dans
l’oubli précocement, pour le plus grand bien des castors. Sans elle,
d’ailleurs, il n’est personne.
Et puis, il y avait les perruques. Celle de Louis XIV nous reste en mémoire. Forcément, toutes ces boucles… Elles faisaient le bonheur des chauves, ou des déplumés, en un temps ou la virilité se mesurait au poil. Et, bien entendu, la fortune des perruquiers.
Le chapeau a une histoire passionnante et j'ai appris ceci sur ce site :
« Les premiers chapeaux
connus reviennent de l’Antiquité, en Égypte,
où divers types de coiffures étaient utilisées, mais l’un des antécédents les
plus reconnus du chapeau a été le bonnet phrygien, un chapeau d’origine persane
qui a été utilisée par les Grecs pour symboliser que tout ce qui le portait
était un esclave à qui sa liberté avait été octroyée. »
Gardez donc ceci en mémoire. Chapeau => liberté. Pour
les hommes, en tout cas.
Ça, c'est clair et assez évident, en effet.
Mais venons-en aux dames.
Toutes ces images passées de belles jeunes filles
en cheveux… C’est de l’instantané. Botticelli a sûrement saisi le seul moment
où sa Vénus avait les cheveux libres, et surtout propres. Car, en un temps où la
toilette était un luxe inouï, la chevelure des
humains, rarement lavée devait très souvent ressembler au pelage de leurs animaux domestiques.
Et en avoir l’odeur. C’est sûrement la raison pour laquelle le même Botticelli
a recouvert d’un voile la tête de sa Vénus lors de la Naissance du Printemps.
Après l’hiver, il valait peut-être mieux.
Quelle que soit la saison, nulle matrone ne serait
sortie sans un chapeau ou un bonnet. Être vue « en cheveux » quel signe
de débauche, et quel risque ! Sans parler de celui d’attraper des poux. La Marie-Rose n’a pas toujours existé, mais
la gratouille, oui. Il fallait en préserver le sexe faible, et leur faire
absolument porter le chapeau.
Pourtant, les femmes ont su détourner le port obligatoire
de tout couvre-chef, afin d’en faire un objet de séduction. Y ajouter toutes
sortes d’accessoires le rendait plus attrayant, et avec lui le visage de celle
qui le portait. Il vous classait sa femme autant, sinon plus, que sa robe. Rappelez-vous
Scarlett O’Hara : sans les rubans verts de son chapeau, elle n’est rien
que la fille grognon d’un immigré irlandais ! Aller tête nue était presque pire que
de monter à cheval sans gants.
Pour en arriver à l'ultime libération, qui consistait à couper ces cheveux, à la garçonne...
J’en viens enfin au terme de ma démonstration :
J’en viens enfin au terme de ma démonstration :
Ceux et celles qui, aujourd’hui, s’offusquent du
fait que certaines femmes, pour des raisons qui leur sont propres (sic),
refusent de montrer leurs tifs au premier-venu (ce qui, entre ces
parenthèses, était sûrement le cas de mes lointaines aïeules) ne sont que de
vulgaires capitalistes assoiffés de vils profits.
En effet, le fait de cacher sa chevelure permet de limiter
le nombre hebdomadaire de shampooings et, par conséquent, risque de nuire gravement aux
multinationales qui en vendent. Kaput
L’Oréal, et Procter & Gamble. Toute une partie de leurs bénéfices est en
jeu. La faillite les guette, et leurs méchants actionnaires avec eux ! L'équilibre de Wall Street ne tient plus qu'à un cheveu !
Donc, si vous êtes ne serait-ce qu'un brin anticapitaliste vous ne pouvez
qu’approuver celles qui contribuent à déstabiliser notre univers
en usant de moyens aussi efficaces que la révolution permanente.
A
contrario, si vous êtes hostile à
tous ces foulards, vous défendez, que vous le vouliez ou non, le système prévalent dans le monde occidental (et chinois). Vu les risques encourus, je ne peux que vous dire : chapeau
bas.
Si vous ne m'avez pas suivie c'est, je l’avoue humblement, que tout ceci est complètement
tiré par les cheveux.
Mais je me suis bien amusée et, en plus, aurais écrit n'importe quoi cette semaine pour échapper à la tentation de dire du mal d'une certaine ourse mal peignée.
Merci Catherine. Ta chronique est au poil, et elle est fort instructive. Mais, comme elle est aussi plutôt gaie, elle convient fort bien à mon humeur morose de ces temps-ci.
RépondreSupprimerAmitiés,
Maurice
j'ai toute une panoplie de galurins, mon épouse me veut coiffé, et l'avantage c'est que la calvitie est cachée. Je me rappelle Arafat à l'ONU, sans son keffieh, le crâne nu, eh bien il avait l'air d'un brave homme. Y'a donc du pour et du contre, bravo Cathie de nous le rappeler, sans te foularder. Mais j'ôte mon chef pour te faire la bise,
RépondreSupprimerAlbert
"Chapeau" Catherine pour ta recherche (un peu facile non?)
RépondreSupprimeret bravo pour la photo "pages sur plage"!
Amités
Gene