Il y a presque trois ans vous avez pu lire ici le compte-rendu de
ce roman, en anglais, car c’est sa version originale, THE ABSOLUTIST, que j'avais découverte, en 2011. Et, curieusement, je déplorais le fait qu’il n’eût
pas encore été traduit en français, en souhaitant qu’il le fût très bientôt
(sans tous ces imparfaits du subjonctif !).
Ceci fut suivi en été 2013, et sur ce même blog, d’une série d’interviews de traducteurs professionnels, car le processus de passage d’une langue à une autre m’a toujours passionnée.
Et puis… la vie m’a surprise, et offert un cadeau
inattendu, vraiment inespéré, en me permettant de m’atteler moi-même à la
traduction de THE ABSOLUTIST, à présent
intitulé LE SECRET DE TRISTAN SADLER par les Éditions de l’Archipel qui l’ont publié, et que je remercie ici de leur confiance.
Ce n’est pas un secret pour mes proches que j’y ai
passé « un certain temps »…
Sa sortie, cette semaine, telle une naissance
longtemps attendue, m’émeut très fort. De fait, je me qualifie volontiers de
« mère porteuse », tout en reconnaissant, bien entendu, l’entière
paternité de cette œuvre à son auteur naturel, John Boyne. Le terme de
« mère passeuse » conviendrait peut-être mieux, du reste !
Il serait donc très malvenu pour moi de battre mon tambour à ce sujet.
Cependant, souhaitant de tout cœur faire
découvrir aux amis et lecteurs français de ce blog ce roman si prenant et émouvant à la
fois, je ne peux laisser cette sortie se dérouler sans rien en dire.
Sachez que, malgré le temps passé à en décortiquer
chaque virgule, je ne m’en suis pas lassée. Chapitre après chapitre, le
héros-narrateur de cette histoire – menée et construite magistralement par John Boyne –, nous
surprend par ses multiples facettes, nous tenant en haleine jusqu’au point
final qui nous explose à la figure, nous laissant pantois.
Mais il y a aussi dans ce roman au souffle puissant,
et en marge de l’intrigue, tous les éléments essentiels à un enseignement de la
tolérance et du respect de la différence. John Boyne peint avec acuité la
société anglaise des années qui ont précédé et suivi la Première Guerre
mondiale : il aborde des sujets variés, comme celui de l’émancipation des
femmes, de la non-violence, du pacifisme, de la place de la guerre dans nos
sociétés, du rôle des politiques… Cela, sans jamais tomber dans la didactique
ni le sermon, mais plutôt au travers de dialogues authentiques, vivants, et toujours
utiles à la narration.
Quant aux tranchées… je m’étonne d’en être sortie
indemne, car leur fréquentation intime pendant autant de mois m’a donné
l’impression d’être absorbée par la boue, imbibée par la texture suintante de
chaque boyau, et étouffée par leurs miasmes écœurants. Avec John Boyne, vous en réaliserez l’horreur :
son évocation de cette vie souterraine et des ciels zébrés de tirs d’obus fait écho à celles d'Henri Barbusse ou de Maurice Genevoix, c’est tout dire.
Toutefois, ce décor historique n’est que le prétexte
à révéler ce que la guerre fait surgir chez les êtres humains, et comment,
malgré ce contexte, des émotions d’une toute autre nature peuvent naître. La manière
dont John Boyne nous fait percevoir ce qui se produit au moment précis où l’on
tombe amoureux est un modèle du genre. Ses héros sont des hommes vivants,
vibrants, fascinants. Tristan, en particulier. Sa voix narrative au ton à la
fois désuet et percutant nous envoûte, nous fascine. Son secret est multiple,
et nous engage à nous poser certaines questions essentielles que je vous
laisserai le soin de découvrir !
Alors, si vous voulez en savoir davantage sur Le Secret de Tristan Sadler, réclamez-le
tout de suite à votre libraire favori.
Promis, s’il vous déçoit… Non, je n’ai rien à
promettre, car je sais que, comme moi, vous reconnaîtrez qu’une grande plume irlandaise
fait là son chemin, discrètement, mais sûrement…
Enfin, pas si discrètement que cela : les livres de John Boyne, traduits dans 20 langues, se vendent par millions – notamment Le garçon au pyjama rayé, et aussi une merveille de fiction pour les jeunes lecteurs, que je vous recommande vivement : Mon père est parti à la guerre, dont j’ai rendu compte sur le site de ONLALU.
Voilà, vous en savez suffisamment.
Je vous souhaite une belle lecture de ce roman – à la mesure de sa superbe couverture !*
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PS. J'ai modifié la fin de ce billet, et ôté la couverture en anglais de "The Terrible Thing That Happened to Barnaby Brocket" car je me suis aperçue, après coup, que ce livre avait bien été traduit en français, par Catherine Gibert, sous le titre de "Barnabé ou La vie en l'air". (Gallimard jeunesse, décembre 2014).
RépondreSupprimerC'est un autre bon roman par l'auteur John Boyne. En plus, félicitations à vous, Catherine, pour la traduction.
RépondreSupprimerAmitiés
Joseph
Merci Cathie j'irai l'acheter.....Je vais aussi acheter "un amour impossible" de Chriistiane ANGOT -BISOUS
RépondreSupprimerGEORGETTE