Le ménage ?
Reparlons-en !
Il y a presque deux ans, j’avais raconté ici même
mes mésaventures domestiques, et l’aide que j’avais reçue pour les surmonter. Reconnaissante, j’avais ensuite décidé de remplacer un aspirateur
en fin de course à l’endroit même où j’avais été si bien conseillée.
Mon vieil Electrolux
(j’en dis le nom, car il m’avait quand même rendu service pendant au moins une
décennie, avant de rendre en silence son avant-dernier soupir, ce qui est logique
pour un aspirateur vendu pour être silencieux) avait le défaut de nécessiter
des sacs. Or la manipulation desdits sacs posait toujours un problème à ma
dextérité légendaire.
Comme nombre d’entre nous, je suis hélas perméable
à la pub, et j’avais donc envisagé de le remplacer par un des ces génies du
ménage qui se passent de sacs, et qui, en prime, sont beaux comme des
sculptures… Qui plus est, mon fils m’en avait chanté les louanges. Alors…
Mais, une fois dans le magasin, ce sont les
arguments du vendeur qui firent leur effet...
« Cette marque-là » me dit-il, alors que
je lui réclamais la petite merveille que l’on voit présentée à la télé par son
inventeur de génie, « c’est la plus grande escroquerie du
siècle ! ». Devant mon regard étonné, il poursuivit : «
Oui, c'est rien qu’un coup de pub, il est trois fois plus cher que les autres, et
en fait il ne marche pas mieux, tenez je vais vous en montrer un, que lui,* c’est
de la fabrication allemande, pas un truc fabriqué en Chine, il est costaud comme
tout, et bien moins cher ! »
Alors là, forcément, on est tentée, même si
l’argument « Fabriqué en Allemagne » n’en a pas toujours été un chez moi. Bref, après avoir examiné l’objet, considéré son prix, et son aspect,
solide comme celui d’un Panzer, je me suis laissée convaincre. Ça, c’était,
bien entendu, avant que l’industrie germanique ne se trouve discréditée par un
scandale écologique récent…
Avouons que tous ces termes anglo et saxons,
ces flèches et ces tourbillons,
c'est très engageant.
Or, ce que je n’avais pas considéré, c’est que ce Dirt Devil (le diable mangeur de
poussière, en quelque sorte) pèserait l’équivalent de deux ânes morts. Ni qu’il
faudrait le faire fonctionner à des horaires raisonnables (genre entre 10h
& 17h) faute de quoi nos relations avec nos voisins les plus proches
risqueraient d’en être gravement affectées. Le nombre de décibels que ce
diable-là produit ne m’avait pas sauté aux yeux. Mais aux oreilles, oui, dès sa
première utilisation. Et pas moyen de moduler sa puissance (que j’admets être
redoutable aussi), car il n’a qu’une vitesse, celle qui bouffe tout, les
moutons comme les coins de coussin. L’animal est omnivore, et pas regardant.
S’il passe à proximité d’une étagère, gare aux papiers et aux livres qui sont
dessus : ils finiront hachés menu comme chair à pâté dans son estomac transparent. AHHHH, oui, transparent, ce qui signifie que l’on voit à quel moment
le vider. Surprise : opération renouvelable à chaque utilisation, et pas
rien que parce que c’est très sale chez moi (mauvais esprits que vous
êtes !), il a juste les yeux plus gros que le ventre.
La manipulation requiert un sacré tour de main – du
reste, je ne sais pas si elle n’est pas pire pour les narines que celle qui
consiste à jeter dans la poubelle, les yeux fermés, un sac en papier, bien fermé lui aussi.
Bref… en songeant aux économies réalisées, et me flattant
de ne pas avoir cédé aux sirènes de la pub, je me suis, malgré tout, habituée à
vivre avec ce monstre.
Mais voilà-t-y pas qu’au bout d’un an à peine, il
nous fait sa première crise :
Dès sa mise en route, il se met à cracher du côté
queue, éjectant par là-même, et avec une force … diabolique, la petite grille
qui protège le filtre, et le filtre lui-même.
C’est extrêmement frustrant, croyez-moi, de
constater que rien ne remédie à une panne aussi stupide, pas même l’utilisation de gros scotch pour
maintenir le tout, et de se dire qu’au bout de 20 mois, il va falloir
s’enquiquiner à retourner chez le marchand, lequel depuis la dernière fois,
n’est joignable que par l’intermédiaire d’une plateforme qui vous facture 1,34€
la minute… sans parler du coût du filtre lui-même, lequel, me dit ma recherche,
vaut environ 35€. Si toutefois c’est lui le responsable de la panne, or rien
n’est moins sûr. Quant à la main d’œuvre…
Vu le poids dudit diable, j’appréhende de devoir le
retourner à son créateur, même à l’aide d’un de ses semblables monté sur
roulettes, mais à ce rythme, c’est moi qui vais le tirer par la queue car, en
définitive, de telles économies de bouts de chandelle ne valent rien au regard
de l’énergie gaspillée à tenter de les faire. Sans parler du temps perdu à
raconter les âneries que ce monstre vient de m’inspirer !
Enfin, ça nous change de l’art abstrait, du cinéma, de la littérature, et des commémorations…
Avant-dernière minute : on efface tout. La fameuse grille qui maintient en place le filtre de ce démon avait juste besoin, pour caler ses pièces volages, de la main robuste et efficace de mon dieu domestique. C’est chose faite, et je nous souhaite donc d’être tous les trois repartis pour des mois d’un infernal remue-ménage !
Du balai !
Illustration ©JL+L (qui ne fait pas
que transporter des objets lourds)
que transporter des objets lourds)
Dernière
minute : on repart à zéro. La manip’ décrite ci-dessus n’a pas suffi, et
nous voilà donc repartis au service après-vente, pour un rodéo fort rigolo.
Il a fallu y laisser notre diablotin, après avoir
entendu un discours fort différent du premier sur les avantages et désagréments
du « sans sac ». Bilan des courses, le « sans sac »
perd, sans hésitation. Tant pis pour nous. Le filtre ? Oui, il fallait le
nettoyer à fond, mais pour ce faire, le mieux c’est de … l’aspirer ! Avec
quoi donc ? Vous avez compris. Il est impératif de posséder un aspirateur de
rechange au cas où… Et je vous confirme que le made in Germany, c’est du bluff. Made peut-être, si cela signifie assemblé. Les pièces, elles, viennent sans doute … d’où ? Mais
de Chine, bien sûr. C’est ce que me font comprendre les yeux levés au ciel de
l’homme de l’art. Lequel ferait bien d'accorder son violon au pipeau de son collègue, au fait.
La bonne nouvelle ? Même sans facture (égarée
dans mon charafi estival, sans doute), l’intervention a été couverte par la garantie. Avec un sourire entendu de l'ange gardien de service. Je ne saurai donc jamais combien m'aurait coûté l’utilisation en atelier d’un aspirateur (conventionnel ?) pour que le
filtre du mien continue de rester à sa place, ni le temps que cette intervention si sensible a nécessité sur cette plateforme agréée par toutes les grandes marques. Je n’ai rien demandé. Faut pas
abuser quand même.
... MAINTENANT, CIAO LES MOUTONS !
~~~~~
* N.B : PAS UNE FÔTE DE FRANÇAIS, JUSTE UNE NOTE DE NIÇOIS.
Oublié l'interjection essentielle, que les germanistes parmi vous comprendront sans problème : "Pfui, Teufel nochmal!"
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