En ces temps de froidure et de gel, quoi de plus réconfortant que de regarder un patineur patiner ? Je sais ! Écouter Julien Clerc nous en chanter les gestes. La chanson n’a rien de réchauffé, et elle n’a pas pris une ride. Et si son interprète a un tout petit peu changé depuis l’époque échevelée de Hair, il n’en reste pas moins notre idole des jeunes… et celle des moins jeunes.
J’en viens donc au fait, en éludant la difficulté !
En effet, ce n’est vraiment pas la peine que je me décarcasse pour écrire un article détaillé sur le dernier concert de Julien Clerc : Steven Bellery en fait un compte-rendu parfait sur ce site ci. Vous saurez tout sur la merveilleuse scénographie, la qualité de l’orchestre symphonique et la maîtrise magique de Julien Clerc sur cet univers musical – chanteur, compositeur, danseur, artiste accompli, si charmeur, si envoûtant, si …. Ahhhhh, les mots me manquent !!!
En revanche, j’ai très envie d’en trouver quelques-uns, de mots, pour exprimer une autre forme de gratitude à ce propos.
C’est le 4ème concert de Julien Clerc auquel j’assiste, à Nice. La première fois c’était à Acropolis, une salle très conventionnelle, en centre ville. Ma fille avait 12 ans ; elle était déjà fan, et elle avait pu lui faire passer une petite carte dans laquelle elle exprimait son admiration pour ses chansons, mais aussi pour ses prises de position sans ambigüité face à toute discrimination. Lors de son concert du jour suivant, Julien Clerc avait mentionné son émotion à la lecture de ce message, et depuis, son auréole n’a jamais pu se ternir chez nous !
Les deux dernières fois, le concert a eu lieu à Nikaïa, où la salle peut recevoir des milliers de spectateurs, qui, il faut bien l’avouer, sont plutôt des spectatrices. Et au-delà de ce changement quantitatif, j’en ai noté un autre. Depuis quelques années déjà les bons vieux briquets des concerts pop ont été remplacés par les petites lumières blanches des téléphones portables et des appareils photo. Si l’on est assis un peu en hauteur dans la salle, quand le noir se fait, on est fasciné par toutes ces lucarnes lumineuses qui, au contraire des briquets, restent souvent immobiles. La raison : leur propriétaire filme, photographie, enregistre tout ce qui se passe. C’est à la fois surprenant et déroutant. Une nouvelle façon de consommer un spectacle est née. On met un écran entre la scène et son regard, et on s’empare de la vedette, pour s’en repaître ultérieurement. Je ne m’en plains pas : ayant bêtement oublié mes jumelles, je me suis servie de l’écran de l’appareil de ma voisine de devant qui zoomait volontiers sur le beau Julien ! Deuxième surprise, on partage instantanément le plaisir avec ses « friends ». Ma voisine de gauche pianotait sur son i-Phone, envoyait des textos, postait des messages sur facebook, et, emportée par l’enthousiasme, a téléphoné à sa maman, à sa tante, à sa cousine, etc… pour leur faire écouter un petit bout de ce concert – tout comme je l’ai fait moi-même !
À part ça, je n’ai pas non plus été gênée par ma voisine de droite, ma fille. Au beau milieu du concert, comme la dernière fois, elle a filé vers le bas de la salle, en compagnie de toute une bande d’allumées en proie à la même ferveur, pour aller se coller à la scène. Du coup, mon œil a été attiré, voire charmé, par toutes ces menottes tendues comme autant de fleurs d’amour vers Julien Clerc. Lui, beau joueur les serrait, une à une, bien sûr, avant de les balayer d’un geste élégant, tout en continuant de chanter – la classe !
Ma sœur aînée, à mes côtés, en oubliait carrément qu’elle était arrivée avec un très fort mal de gorge, sauf quand, frustrée, cela l’empêchait de chanter et clamer son enthousiasme à l’unisson de cette salle déchaînée, comme la dernière fois, quand elle avait amené sa petite-fille…
À la fin du spectacle, après être revenu trois fois, Julien Clerc disparut pour de bon derrière le rideau cramoisi, et là, j’ai vu remonter ma fille, le rouge aux joues, la main droite en l’air – elle avait été touchée par la grâce, et ne se la laverait plus jamais !
Enfin, presque plus jamais, dans sa tête.
Alors moi je me dis que s’offrir de temps en temps ce genre de plaisir, c’est une revanche sur la grisaille des temps présents. Qu’un artiste sache réunir autant de gens de générations différentes, leur donner le meilleur de lui-même, encore et encore, avec tant de professionnalisme et de générosité* à travers les décennies… c’est là un de ces petits miracles humains qui donnent envie de sourire pendant les jours à venir.
Et ne venez pas me dire des horreurs sur sa voix, ni sur le show business, je ne vous écouterai même pas !
Je ne vous donnerai pas non plus de petits bonus chansons pour vous éviter de les chercher vous même sur internet : ce qui y figure de ce concert a été piraté ! Mais pour que tous puissent l’écouter de manière licite, et pour vous autres qui ne vivez pas à Nice, voilà l’adresse de son site officiel. Vous pourrez ainsi y retenir vos places – ailleurs. Et à Nice, il revient quand, Juju ?
*Générosité, et intelligence, car malgré l’interdiction formelle inscrite au dos du billet, nul vigile ne vient s’emparer des caméras et autres appareils voleurs d’image, alors que certains artistes vous font menotter au premier clic !
Bah, il a bien fallu que je lave ma main droite, elle sentait la jument.....
RépondreSupprimerÇa alors, je savais qu'il risquait de sentir le bouc à la fin du concert, mais la jument, j'aurais pas cru !
RépondreSupprimer(NB : le bouc, pas la chèvre)
ça, c'est de la passion profonde, proche de l'adulation. Bravo au chanteur qui fait naitre de pareils sentiments.
RépondreSupprimerMichou
... et bravo à celles (et pourquoi pas ceux?) qui sont capables de les ressentir, ces sentiments, fût-ce à un âge où l'on se replie si volontiers sur un passé que magnifie la distance...
RépondreSupprimerUn admirateur anonyme cannetan (!) du blog et de la blogueuse