À l’heure où se pose la
question de la loyauté, des engagements durables, des règlements de comptes et
des retournements de circonstance, j’ai
envie de vous la faire très « léger » cette semaine, sur le thème de
la fidélité.
Si je dois être un jour
infidèle, ce ne sera sûrement pas à mon Mac.
C’est dit. Je suis une
inconditionnelle de mon ordi chéri, auquel je voue une reconnaissance sans
limites.
Comme cela a été le cas
pour plein de gens de ma génération, l’informatique est entrée assez
tardivement dans ma vie, et c’est l’homme de la maison qui l’y a introduite. L’outil
qu’il
avait "choisi" c’était ça, un Macintosh première génération.
Celui-ci lui avait été en fait imposé par Hachette, pour qui il allait travailler - et moi aussi, de manière
bien plus modeste, sous la brillante houlette de Dolly Soulié.
De même, comme cela a été
le cas pour de nombreuses femmes, j’en ai eu très peur, au début, de cette
machine de mecs. J’étais sûre que jamais je ne parviendrais à comprendre son
fonctionnement. On me parlait « d’arborescence » de
« fichiers » de « bytes » et franchement cela ne m’excitait
pas du tout.
J’ai essayé de suivre des
stages au lycée. Sur une machine grise, moche, moche, moche. Rien que de la
regarder, cela me déprimait.
J’étais sûre que je
n’arriverais jamais à la dompter.
On m’a expliqué que je ne
pourrais pas faire de bêtises graves, sauf de perdre mon travail si je ne le
sauvegardais pas. Ce que je faisais, mal, avec beaucoup d’inconscience, puisque
je détestais les disquettes !
On me parlait de word, et je n’en comprenais pas un mot. Excel ? Je faisais tout sauf ça,
ses grilles me tétanisaient. Software,
hardware, c’était tout chinois pour moi, encore plus que ceux qui les
fabriquent à présent.
J’avais un atout, cependant.
Je savais taper à la machine, car très tôt je m’y étais mise, afin de composer
les fiches de travail que je donnais à mes élèves, après les avoir
laborieusement polycopiées sur une machine à alcool. Rien que d’en parler, l’odeur
m’en remonte aux narines.
Donc, le clavier, pas de
problème. Je tapais, je tapais, mais un ordinateur, c’est bien plus que cela,
et je ne le savais pas.
On me parla ensuite d’internet,
et franchement, je ne voyais pas à quoi cela allait me servir ! Il fallait
minuter le temps de connexion, et ça ramait....
Et puis, survint l’ADSL.
Qui me libéra de la ligne téléphonique et de son coût minuté.
Mais surtout, vint une machine
après l’autre, à la maison. Elles étaient de plus en plus belles, de plus en
plus douces, et de plus en plus faciles à apprivoiser.
La pomme était entrée dans
ma vie pour y demeurer. Une fois croquée, je compris que je ne pourrais plus jamais vivre hors de ce
péché original.
Quand même, vivre à deux en
le partageant… cela ne pouvait pas durer. Le ver se serait mis dans ce beau
fruit, et le travail en aurait pâti, autant que l’harmonie domestique.
Un jour mémorable, donc, j’obtins
une machine pour moi toute seule. Et une seconde. Et j'en suis à ma troisième.
Son clavier est
merveilleux. Son écran fabuleux. Sa mémoire … incomparable. Son fonctionnement, parfait pour les maladroites de mon espèce. Tout y
est simple. Et surtout, beau, beau, beau.
Sans elle, je n’aurais
jamais pu me lancer dans ce travail d’écriture que j’aime tant : les mots
se placent tous seuls sur l’écran, mes doigts les dirigent à peine, sans
effort. Je l’adore, et ses icônes aussi.
Sur elle, si tout se crée,
rien ne se perd : un truc qui s’appelle Time Machine récupère les fichiers égarés, et même les emails
malencontreusement jetés, en remontant le temps. Magique, et tellement
rassurant.
Curieusement, cette machine, que je mets au féminin, est en réalité un petit Mac.
Comble de la séduction pour
un auteur (ou un écrivain ?), il se nomme à présent « MacBook »
et s’y juxtapose le terme « Pro », qui confère à celle qui utilise ce
joujou d’enfer un sentiment d’efficacité totalement déculpabilisant.
Vous l’aurez donc compris :
pas de vie sans mon Mac. Et merci quand même au mec qui me l’a présenté. C’est
un bel exemple de tolérance, pour un jaloux. S’il le regrette parfois, en me
voyant plus souvent accrochée à mon clavier qu’à mes casseroles… je ne veux pas
le savoir. Il n’avait « qu’à pas », maintenant, tant pis pour sa
pomme !
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PS. Je ne suis pas aussi
sectaire que j’en ai l’air, ma (très vieille) souris est une Sony - oops, erreur ?
Très drôle! Et si juste! Mais il faudrait dire aussi que ces merveilleuses machines vieillissent, et plus vite qu'un être humain. Et que cela fend le coeur de s'en séparer ...
RépondreSupprimerA.