En vol

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Image de la superbe chaise de l'artiste SAB

lundi 30 avril 2012

LES LOUPS DANS LA BERGERIE





Avant toute chose, il faut que je partage mon plaisir d’avoir lu ceci sur le blog EDENLALU, que j’ai déjà mentionné, et qui est alimenté par une lectrice aussi passionnée qu’exigeante.
Ouf, j’ai encore passé l’examen. Vous en jugerez par vous-mêmes en cliquant ici. 


La première minute de gratitude passée, je peux attaquer le sujet de ce début de semaine, qui actualité oblige, comportera une dose d’engagement.


J’étais bien jeune quand Serge Reggiani* chantait Les Loups. Je me revois encore en train de bidouiller avec le cadran de mon transistor pour tenter de l’entendre convenablement sur Radio Monte-Carlo, après l’avoir écouté en boucle sur mon Teppaz !


Il faut dire que j’avais assisté à la genèse de cette nouvelle carrière qui deviendrait mythique, puisque Serge Reggiani lui-même nous avait annoncé, chez lui, son projet de travail musical avec, entre autres, Jacques Canetti et Albert Vidalie. Cela, avant même la sortie de son premier disque sur des textes de Boris Vian, qui remporta le succès que l’on sait.  


Aucun mérite ne me revient concernant cette rencontre, il se trouve juste que mon petit frère allait en classe avec une des filles de Serge Reggiani, et que, moi-même, je m’essayais au théâtre sous la houlette de sa femme, Annie Noël… J’approchais donc ces grands artistes de très près, et j’en reste éblouie.

Cette petite confidence pour resituer un souvenir qui remonte très fort en cette période électorale.

Les Loups est naturellement une belle métaphore qui illustre l’invasion d’un pays par une horde d’animaux prêts à tout pour dominer. Ces loups-là, en vrai, ils ont eu les dents très longues ; ils ont failli tous nous bouloter, et ont déchiqueté une grande partie des membres de mon espèce. Il faut dire qu’ils ont aussi été pas mal aidés par une bande de chiens loups, prêts à tout pour faire partie de la même meute.


Alors, quand aujourd’hui j’en vois qui, tout comme le méchant de l’histoire Le loup et les sept petits biquets, (dont vous pourrez entendre le merveilleux début ici), font semblant de montrer patte blanche pour pénétrer dans la maison des naïfs, afin de les avaler d’un seul coup, « avec la peau et les poils », je me dis que le monde change peu. Le loup (même s'il ne vient plus du tout de Germanie) veut toujours manger le chevreau, l’agneau, la grand-mère, et bouffer du Petit Chaperon Rouge. Certains bergers continuent à crier au loup à tort et à travers, et si, quand ce dernier finit par arriver, personne n’y croit plus, c’est surtout parce qu’il s’est fort bien déguisé entre temps. Et puis le loup est parfois une louve, si bien masquée qu’on ne la remarque même plus, dans notre bergerie !

Comme on le dit très joliment en anglais, un léopard ne peut changer ses taches, ce qui signifie : chassez le naturel, il revient au galop, sinon à pas de loup.
C’est pourquoi il faut éviter de pactiser avec les loups, car leur instinct profond est de vous dévorer. Et ils mangent même les pigeons - si, si. 

   Cela va bien dans la nature, mais nous sommes civilisés, non ? En tout cas, j’essaye chaque jour de l’être, en maniant le verbe, et le rire, qui sont, je le crois, le propre de l’homme – et, n’en doutons pas, de la femme. Et non, je ne dirai rien aujourd’hui de certains de ses droits à elle, durement acquis, aujourd’hui menacés : la 'scribouillarde' que je suis n'est une militante que de la mémoire. 
Allez, bon 1er mai quand même !




* N.B : Né en 1922, arrivé en France en 1930, naturalisé français en 1948, soit à l’âge de 26 ans. Un immigré, quoi.



2 commentaires:

  1. Je trouve toujours que "homo homini lupus" n'est pas bien juste envers les loups... Voilà, après tout, des animaux sociaux dépourvus des tendances anti- ou asociaux si fréquentes chez l'homme. Et qui détiennent un instinct de survie collective qui semble de plus en plus nous manquer.

    On parle parfois aussi de démons, de "démonisation" - et même de "dédémonisation"...

    Moi, je n'ai jamais vu un démon... et pourtant... et pourtant...

    Un dimanche d'été il y a vingt-huit ans, je me trouve parmi quelques invités dans une grande maison à la campagne flamande. En fin d'après-midi, les nouvelles passent à la télévision. Un homme politique plutôt notoire, et dont je me souviens bien à partir de mon séjour estudiantin à Paris à la fin des années 'cinquante, vient d'être élu au Parlement Européen, et on lui accorde un long interview.

    Très détendu, me voilà bien curieux de voir comment ce personnage ait évolué au cours du quart de siècle pendant lequel je l'ai perdu de vue. Ainsi, quand je m'assieds devant le téléviseur, c'ést sans la moindre arrière-pensée. Je suis tout simplement mu par la curiosité et l'envie d'entendre l'intéressé.

    Bientôt, me voilà plutôt impressionné par son adresse verbale. Celui que j'avais cru expert dans le maniement du gros gourdin se démontre adepte du fleuret.

    Donc, j'écoute avec intérêt...

    Mais, après quelques minutes, je commence à souffrir de maux de tête.

    Je patiente. Je tiens à suivre mon programme, je veux écouter ce que propose notre homme politique.

    Les maux de tête deveniennent pourtant de plus en plus douloureux.

    A la fin, je n'en peux plus. Très dépité, je sors dans le jardin, où je m'étends sur l'herbe, en espérant me libérer de ce sacré mal de tête.

    Après quelques minutes de bonne détente, la douleur s'est estompée, et je peux enfin rentrer afin de regarder la fin de l'émission. Mais cette fois, à peine assis, me voilà saisi par une violente nausée... Je tâche de rester à ma place, mais je n'y puis rien, c'est plus fort que moi. Je suis contraint de ressortir au plus vite.

    #

    Sur le moment même, je comprends mal ce qui vient de se passer. Après tout, c'est sans la moindre implication émotionelle que je me suis placé devant la TV; je ne désire qu'écouter, afin de réfléchir et d'analyser, les paroles d'un homme qui, lui, ne me fait ni chaud ni froid en cette belle fin d'après-midi du mois de juin.

    Les symptômes dont je souffrais se sont très vite dissipés. Il m'a fallu quelque temps pour comprendre que j'avais ressenti ce je ne n'entendais ni ne voyais. L'on parle parfois de ce qui se tient derrière un homme. Là, il me semble l'avoir rencontré.

    PB

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  2. Quand j'écoute Serge Reggiani chante 'Les Loups' ça me fait penser de mes visites au « parc animalier » à Sainte Lucie, Lozère (48). On le connaît également comme le « parc des loups » du Gévaudan, initialement dirigé par M. Gérard Ménatory.

    Il était une fois (pardonnez-moi!), c'est vrai à dire je suis même allé dans la « tanière du loup » avec M. Ménatory quand il a nourri les loups! Mais .... « Faites attention! Ne bougez pas soudainement! »

    Le loup ne sort pas bien dans les fables (« Le Petit Chaperon Rouge»), l'histoire (« La Bête du Gévaudanc ») ou en chantant, comme avec Serge Reggiani! A mon avis, il y a beaucoup de fausses idées et les hypothèses au sujet du loup.

    Le quartier général militaire d'Adolf Hitler à l'Est était connu comme « La Tanière du Loup » ('Wolfsschanze' en allemand). Encore une fois, malchance pour le loup! Une fois de plus, l'histoire était méchant avec le loup!

    Catherine, j'aime la chanson de Serge Reggiani, et le sentiment qu'il transmet. Pourtant, iI y a des loups qui ne désirent pas vous mangez ..... ou votre Mamy!

    Mais s'il vous plaît, faites attention: « Ne bougez pas soudainement! ».

    Joseph

    ************

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