- À L'OCCASION DU CINQUANTENAIRE DU LYCÉE HONORÉ D'ESTIENNE D'ORVES -
Pendant trente années j’ai enseigné avec beaucoup de bonheur dans ce lycée
qui portait son nom - à juste titre, car cet établissement a été construit en
1961 sur un terrain vendu par la famille d’Estienne d’Orves. D’abord dénommé très banalement le
« Lycée de l’Ouest », il reçut en 1965 le nom du courageux résistant
fusillé en 1941 à l’âge de 40 ans.
Et je vous assure qu’au cours de toutes ces année,
chaque fois que j’entrais dans ce lycée, en passant (privilège du corps enseignant !)
par ce qui se nomme « le hall d’honneur », je levais les yeux vers la
plaque racontant les faits d’armes d'Honoré d'Estienne d'Orves, qui a précisément donné sa
vie pour préserver ses idéaux, et son honneur.
Pas une fois je n’ai omis de jeter un coup d’œil
vers cette plaque.
Pas une fois non plus, je n’ai manqué de voir la devise de la République, qui se trouve
à l’extérieur de la porte d’entrée de ce hall majestueux.
Cela a été pour moi une inspiration que de me faire
rappeler à l’ordre par ces textes-là, surtout les matins où la foi me faisait
un brin défaut – si, si, cela arrive aux meilleurs d’entre nous !
Franchement, donner un nom pareil à un lycée, c’est
quand même mieux que de lui attribuer celui d’un certain collaborateur de l’Action Française… critique littéraire de
renom dont les citations nous firent, jadis, transpirer d’ennui. Qui lui, ne
changea jamais de bord*.
Le courage, l'humour, la foi, et la générosité d'Honoré d'Estienne d'Orves imprègnent ses dernières lettres, que vous pourrez lire ici. A posteriori, je m'en veux de ne pas en avoir fait traduire une aux lycéens afin de leur en faire savoir davantage sur celui dont leur lycée porte le nom.
Too late.
Depuis quelque temps, un ajout appréciable a été fait au
quartier du lycée : le Parc d’Estienne d’Orves a été inauguré
en juin 2008, après que la colline
a été cédée par la famille portant ce nom à la ville de Nice, permettant ainsi à nous tous de profiter de la quinzaine d’hectares de garrigue, de ses oliviers
centenaires – et, pour un, millénaire – ainsi que du merveilleux panorama sur
la ville que l’on découvre une fois arrivé tout en haut.
un arbre de plus de 1000 ans à entourer de ses bras
C’est un lieu de rêve pour les familles et les
enfants, pour lesquels un espace très bien équipé a été prévu ; il comprend également
un jeu de boules, des aires de pique-nique, et une vue sur un poulailler tout
ce qu’il y a de naturel – histoire de montrer aux petits que ces volatiles ne
sont pas que des bouts de viande blanche allongés dans une barquette sous
cellophane. L'ancienne demeure familiale, pour décrépite et fermée qu'elle soit, fait rêver à des temps passés où la famille d'Estienne d'Orves se réunissait pour prendre un repas au-dessus de la grandiose Baie des Anges...
Depuis peu, cet endroit devenu public évoque, lui aussi, la République. Un immense drapeau tricolore, figé, sur lequel un dessin (malhabile, vaguement évocateur de celui du Petit Prince) représente le visage d’Honoré d’Estienne d’Orves, est à présent planté dans l’une des plates-bandes du parking qui se trouve à l’entrée du Parc. Autour, les oiseaux du ciel picorent allègrement les miettes du goûter des écoliers du quartier.
Je me demande si ces derniers auront un jour la
curiosité de chercher à savoir qui cet étendard honore.
Je me demande si leurs parents sauront leur
répondre.
Mais si un jour ils étudient dans le lycée en
question (qui a également vu passer l’écrivain Didier Van Cauwelaert, et le
dessinateur Joann Sfar), ils sauront j’en suis sûre, se laisser imprégner de ce
message fraternel, et apprécier à leur juste valeur celles de cet homme,
devenu immortel. En tout cas, cela ne mange pas de pain que de le souhaiter.
* Et dont le nom est porté par un autre lycée niçois.
(crédits photographiques : Jacques Lefebvre-Linetzky & Sonia Protzenko)
Honoré d 'Estienne d'Orves (1901-1941):
RépondreSupprimerQuel homme, quel esprit, quelle âme! On espère l'esprit d'Honoré vit encore. On espère qu'il sera toujours présent dans les pensées et les idéaux des étudiants.
Catherine, vous devez rédiger également cet article en anglais.
En lisant l'histoire de la vie d'Honoré, cela me rappelle les paroles suivantes de William Shakespeare ('Hamlet', III, i):
« Mourir ... dormir, dormir !
Rêver peut-être ! »
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Je suis très heureux de découvrir votre blog et vous invite sincèrement à participer au cinquantenaire du lycée. Il est vrai que nous aurions pu avoir un établissement au nom plus fâcheux. C'est donc un grand honneur d'y travailler ! D'aucuns dans le Nord appellent cela la "remembrance" ... votre blog remet effectivement en mémoire.
RépondreSupprimerMerci
Stéphane devin
l'actuel proviseur
MERCI, MERCI.
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