Un entretien avec Muriel Haïm, sa présidente
L’association
Un Cœur pour la Paix a été créée en 2005, par des médecins français en visite
en Israël. Vous en êtes la Présidente. Faisiez-vous partie de cette première
équipe, et qu’est-ce qui a déclenché cette motivation ? Était-elle
médicale, politique, humanitaire ? Les 3 ?
Oui, j’en faisais partie, cela s’est passé à la
suite d’un voyage en Israël en mai 2005, et d’une rencontre avec le Professeur
Rein, que je connaissais déjà. Nous avons créé l’association en mai, et en
septembre, le premier enfant a été opéré.
Il y avait longtemps que je voulais faire quelque
chose pour la paix – et vous savez qu’on ne fait la paix qu’avec ses
ennemis ! Je voulais que l’on arrive au moins à se respecter et à se faire
confiance. Quand vous soignez un enfant, vous devez avoir la confiance de sa
famille, et vous l’obtenez. Quand vous l’avez guéri, on ne vous regarde plus comme
un ennemi. Au départ, l’image de l’Israélien, pour une famille palestinienne,
c’était celle du soldat. Il a fallu aller au-delà.
Maintenant il y a une chaîne entre les mamans,
elles se parlent et se rassurent. En soins intensifs, les mamans sont près de
leurs enfants, chaque enfant est dans une chambre. Il y a des petites chambres
où les mamans peuvent dormir. Un enfant n’est jamais pris tout seul à Hassadah, il doit être accompagné par un
membre de sa famille. C’était assez révolutionnaire, cette présence des
parents, à l’époque, même en France, et c’est courant maintenant.
Vous êtes vous-même cardiologue ?
Non, je suis gériatre de formation. Et pour
répondre à la question de la motivation politique, il n’y a pas de politique
dans notre association, mais nous pensons qu’il faut rapprocher les gens. Et
les former. Hassadah forme des médecins. Un centre a été créé à Ramallah, grâce
à l’argent et au matériel fourni par UN CŒUR POUR LA PAIX, il pourra effectuer le
dépistage et le suivi post-opératoire. Un centre de cardiologie pour adultes est
aussi en projet à Bethleem.
Quels obstacles avez-vous rencontrés,
essentiellement, au début ?
Il n’y a pas eu d’obstacles, car cela correspondait
à un vrai besoin. Quand la Cisjordanie, par exemple, a cessé d’être sous
contrôle israélien, il n’y avait plus de budget pour financer ces opérations
chirurgicales très coûteuses, car l’Autorité palestinienne, comme beaucoup de
pays en voie de développement, s’est concentrée sur les soins médicaux
primaires. Le Professeur Rein a trouvé des fonds (grâce à La Fondation Pérès
pour la Paix). L’association est arrivée au bon moment. Les bonnes volontés
fonctionnent bien, quand on est sur le mode homme-homme. À ce jour plus de 450
enfants ont été opérés : 6 enfants par mois au moins ! Ça
fonctionne ! Et le Hammas sait très bien que ces enfants sortent des
territoires pour aller être opérés à Jérusalem…
Vos objectifs ont-ils évolué avec le temps ?
Au début on a fonctionné dans l’urgence, maintenant
l’important est de former des médecins palestiniens. Par exemple, je suis
contre le fait de faire opérer des enfants en France, car plusieurs problèmes
se posent – comment les sélectionner, faire voyager les cas les plus graves, et
que faire en cas d’échec de l’opération ? Il est bien plus utile de
développer le savoir-faire sur place. Par une formation d’un an à Hassadah en
échocardiographie, au cathétérisme, et ensuite, ils travaillent sur place, en
Cisjordanie.
J’ai noté
le travail de la journaliste de FR3 région PACA, Hélène Maman, qui a fait un
reportage à Ramallah. Au plan national, qu’en est-il de la couverture médiatique
de l’association ?
On en a une, il y a eu des articles dans de
nombreux journaux, mais le fait est qu’en France, on a du mal à parler de ce
qui va bien au Moyen-Orient. Peu de gens ici savent que Ramallah est en plein
boum économique, avec une croissance de 5,5% en 2012. Ramallah est un endroit
où les gens aiment faire la fête, autant qu’à Tel Aviv, et il y a de belles
villas à Gaza aussi. Mais ceci ne fait pas la une des media français. C’est
plus facile de monter les gens les uns contre les autres…
Je me
doute que les besoins ne vont pas en diminuant. Quel sont vos objectifs, en
termes de collecte, pour 2013, par rapport à 2012, et comment allez-vous
procéder pour les atteindre ?
Il nous faudrait collecter 500 000 euros. Il faut
savoir qu’une opération coûte 14 000 euros. Hassadah en paye la moitié, nous le
reste… Il faut payer le loyer du centre de santé de Ramallah, les opérations,
les bourses pour les médecins en formation, soit 1000 euros par mois pour un
médecin, 500 euros pour un technicien… C’est pour cela que nous avons besoin de
faire connaître notre association. Nous montons des dossiers, et nous sommes
habilités à donner un CERFA ce qui est une bonne incitation en France.
Nous avons des donateurs très généreux, tel Boualem Sansal, qui, suite à une polémique autour de son prix (Prix
du Roman arabe), nous a fait don de 15 000 euros, ce qui a permis d’opérer deux
enfants !
(Voir ici)
Début février, nous accueillerons au Sénat le
Professeur Rein, ainsi que Woel
Farrah, échocardiographiste pédiatrique, ils témoigneront de
leur action, sur le thème « La médecine, un moyen de renouer les fils du
dialogue ».
Y participeront aussi l’écrivain Jean Mattern, et
les cinéastes Thierry Binisti, Olivier Nakache et Eric Toledano.
Votre site est extrêmement bien fait et complet,
mais s’il y avait une phrase clef pour informer quelqu’un qui ne sait encore
rien du travail de votre association, et le, ou la convaincre d’y adhérer,
quelle serait-elle ?
Je tiens à dire que seulement 1% des sommes
recueillies sont affectées aux frais de fonctionnement. Tout le reste va
directement sur le terrain. Et s’il y avait une phrase pour résumer notre
philosophie, je dirais que « Quand on sauve un enfant on sauve l’humanité ».
En tant
que membre de l’AMEJDAM, je ne peux qu’adhérer à cette formule.
Je vous
remercie beaucoup de m'avoir accordé cet entretien, et je suis ravie de contribuer un tout
petit peu au fait que l'ONG UN CŒUR POUR LA PAIX soit de mieux en mieux connue, et
soutenue.
RAPPEL :
Pour voir le site, cliquez ici.
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Photo prise sur le site de UN COEUR POUR LA PAIX
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