(Eh oui, on est de retour !)
Vue de Florence
Trois jours en Toscane en comptant le trajet depuis Nice, ça ne laisse pas beaucoup de temps pour flâner dans les musées. Ni même de dépenser tous ses sous sur le Ponte Vecchio. Certes. Mais c'est que parfois il faut faire des choix, et même celui de partir en groupe, ce qui, pour une indépendante telle que moi a quelque chose de l'exploit.
Rassurez-vous, j’ai non seulement survécu à l’aventure (très limitée), mais en plus j’ai apprécié qu’elle me permette de découvrir un aspect inhabituel de cette région si touristique, donc si fréquentée, en sortant de ses sentiers battus.
Pour preuve, ce petit signe sur une porte de San Gimignano. Une maison qui annonce ainsi que ses chats domestiques souriants – tels celui de Cheshire –, sont féroces ne peut que se trouver dans un village sympathique.
Mais je m’égare de mon
propos, qui est de faire savoir que – au-delà du Duomo, de la basilique de la Santa
Croce, dont le fronton affiche une parenté qui me touche –, il existe dans
cette région des traces tangibles d’une riche vie et présence juives, sous la
forme de synagogues. Par exemple à Sienne, dont la magnifique place accueille aussi des chevaux une fois par an à l'occasion d'une fête (équestre, forcément) appelée Le Palio.
Je l'avoue, j'ai visité dans ma vie plus d'églises que de synagogues... Et il a fallu ce petit voyage pour que je découvre un pan de l'histoire italienne que je connaissais mal. Mea culpa. Mais vous le voyez, j'ai tenté de combler quelques lacunes !
La synagogue de Sienne, donc, se découvre au détour d’une ruelle. Sa façade neutre se fond avec ses voisines.
La synagogue de Sienne, donc, se découvre au détour d’une ruelle. Sa façade neutre se fond avec ses voisines.
Cela parce qu’il ne fallait pas que l’on sache ce qu'il y avait derrière cette porte…
Elle se trouvait donc dans le ghetto, terme italien qui désignait un quartier fermé – pas toujours, paraît-il, pour enfermer ses habitants, mais pour les protéger et éviter les agressions des habitants d’un quartier par un autre, en des temps politiquement troublés. D’autres groupes familiaux auraient ainsi confinés à certaines heures. Oui, bon, wikipedia ne nous dit pas exactement ça à propos du ghetto, mais on ne va pas chipoter.
De l'extérieur, la synagogue est
discrète, on devine qu’il valait mieux ne pas offenser la religion dominante.
Mais à l’intérieur, quelle beauté !
De nos jours seules 50 personnes la fréquentent contre 350 en 1841, mais son
âme est vivante, et son décor témoigne de l’influence de ses voisines
chrétiennes.
Notre âme française à nous est comblée d'apprendre que l’Émancipation de cette communauté date de 1799, et de
l’occupation de la ville de Sienne par les troupes de Napoléon. On ne se
réjouit pas trop vite : dès leur départ des fanatiques religieux attaquèrent le
ghetto et tuèrent 13 Juifs. Mais, comme le dit la pub, ça, c’était avant. On
n’imagine pas qu’une telle chose puisse encore se produire en Europe. N'est-ce pas ?
Et puis Florence…
Dans l’esprit de cette
escapade, on est forcé de noter que sur le tympan (non, cela n’a rien à voir
avec le son des cloches) central de la Basilique Santa Croce Le triomphe de la
Croix est soutenu par une étoile de David, ornée du monogramme du Christ. Si
cette œuvre n'est pas un beau clin d’œil à l’œcuménisme, je veux bien en perdre mon
latin de cuisine. (J’écris ça seulement parce que je suis contente d’avoir
appris le raccourci pour écrire le œ, car en fait, cela n’a rien à voir avec cette notion-là.)
photo wikipedia
Troisième raison de se
réjouir de cette visite courant d’air à Florence, devinez quoi ? Bingo, sa synagogue !
Elle
n’est guère accueillante, celle-ci. Bonjour les grilles, rarement ouvertes ! On y entre
quasi-nu, puisqu’on a déposé à l’entrée tout ce que l’on transportait, y
compris son téléphone, vu que les photos y sont interdites. On ne garde même pas
un sou sur soi pour ensuite acheter une carte postale. Bon, ne soyons pas
grognons, la prudence est à nouveau justifiée, hélas.
La visite, menée par une guide exceptionnelle de culture, re-situe le lieu dans son époque et dans l’histoire de son pays. Je ne vous en raconterai pas les détails, même si j’ai bien tout écouté. Mais une chose m’a frappée : ce bel édifice a été rénové et réparé en 1938. Vous avez bien lu.
D’accord, la communauté juive est installée à Florence depuis l’époque romaine, et si ce temple, terminé en 1882, n’avait pas été restauré depuis cette date, on comprend qu’il fallait bien s’y mettre un jour. Mais en 1938 ? Quand le fascisme était déjà en place depuis un bout de temps, quand l’Allemagne alliée avait déjà déclaré ses lois antisémites… que l’Italie consente à ce qu’une synagogue soit entretenue, eh bien, j’admets que cela me ravit, même si la suite n’a pas toujours été réjouissante. (C’est également ce qui s’est passé à Gênes, si ma mémoire est bonne.)
La visite, menée par une guide exceptionnelle de culture, re-situe le lieu dans son époque et dans l’histoire de son pays. Je ne vous en raconterai pas les détails, même si j’ai bien tout écouté. Mais une chose m’a frappée : ce bel édifice a été rénové et réparé en 1938. Vous avez bien lu.
D’accord, la communauté juive est installée à Florence depuis l’époque romaine, et si ce temple, terminé en 1882, n’avait pas été restauré depuis cette date, on comprend qu’il fallait bien s’y mettre un jour. Mais en 1938 ? Quand le fascisme était déjà en place depuis un bout de temps, quand l’Allemagne alliée avait déjà déclaré ses lois antisémites… que l’Italie consente à ce qu’une synagogue soit entretenue, eh bien, j’admets que cela me ravit, même si la suite n’a pas toujours été réjouissante. (C’est également ce qui s’est passé à Gênes, si ma mémoire est bonne.)
À noter que le bâtiment
fait partie des synagogues dites « de l’émancipation »,
liée à la période historique du laïcisme national, en 1870 (source :
Wikipedia)
Mais on retient surtout son
architecture mauresque, son dôme cuivré, et ses imposantes grilles en fer forgé (fabriquées à Florence)… Derrière ça, c’est sûr, on peut prier tranquille. Dommage qu'elle n'ait pas été érigée au XIVème siècle : elle aurait pu abriter sa communauté, dont les membres furent accusés de propager la peste noire qui, on nous l'a souvent rappelé au cours de ces trois jours, a décimé 80% de la population de Florence, et la moitié de celle du pays, avec des conséquences évidentes. (Voir ici).
Quand même, en dehors des villes, la nature toscane, c'est pas mal non plus, et fort apaisant... (C'est qui ce peintre ?)
Comme je suis un brin
iconoclaste, je terminerai ce petit compte-rendu censé vous donner envie de
sortir de la routine touristique en rappelant que la Toscane, c’est également la pasta et l’huile d’olive, et qu’une pizza bien authentique vaut, elle aussi, le déplacement.
Merci donc à Sylvia Bruter,
du FSJU de Nice, qui a merveilleusement organisé et encadré cette excursion
mémorable et si instructive.
On boira du Chianti à sa santé, et à celle des jolis pigeons italiens !
On boira du Chianti à sa santé, et à celle des jolis pigeons italiens !
Crédits photographiques : Jacques Lefebvre-Linetzky.
Quel beau 'Grand Tour' - un peu comme les gens d'antan!
RépondreSupprimerLa pizza a été faite après une recette de Pise?
Meilleurs vœux à vous deux !
Joseph
Bravo pour ce reportage sur un voyage aux journées bien remplies. La Toscane est une source de trésors.
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