…n’est
pas que sucrée.
Certes, en cette période de
cadeaux, c’est le doux qui l’emporte. On se gave de chocolat, on s’empiffre de
macarons et de marrons glacés, on se farcit de dattes fourrées, de mendiants et
de fruits confits, on fait échange de ballotins de toutes les variétés de
douceurs possibles et imaginables – ce doit être pour se prémunir de la dureté
de l’hiver, quoiqu’en notre région tempérée, celui-ci ressemble déjà à une
amorce de printemps. On sent frétiller dans l’air une espèce de vibration à la
mesure de ces journées qui, subrepticement, se remettent à allonger.
Frétiller ? Justement.
En marge de toutes ces
offrandes sucrées, je devrais dire, en sus de celles-ci, je me suis vu offrir
quelque chose qui va me permettre de combiner le sucré, le salé et l’acide. Un
objet rare et authentique, une pièce de collection, un ajout précieux à ma
dînette, et à ma panoplie de plats spécifiques.
Le voici.
Il est écrit « Fische » sur son flanc. Cela
dit bien ce que cela veut dire. Ce n’est pas de l’anglais, mais de l’allemand,
ce coup-ci. Et cela veut dire « poissons » aussi.
Ce cadeau m’est allé droit
au cœur. Voilà un véritable ami, que dis-je, un frère de coeur et de goût, qui sait d’instinct que, derrière mes airs de flotter en
toute occasion sur le fil de l’air du temps, je ne fais que nager entre deux eaux et que, au contraire de mon poisson favori, je rêve d’un enclos au couvercle bien ajusté,
où nager dans le bonheur.
Cet objet est parfait : il me permettra de ranger, filet après filet, mes chers harengs,
en attendant avec patience que la marinade ait fait son œuvre. La patience,
c’est la règle d’or pour l’amateur de poisson. Il en faut pour les attraper,
autant que pour les préparer. Ma recette préférée, à base d’huile et d’épices,
implique trois semaines d’attente – je ne dis pas que je respecte toujours ce
délai. Plus tôt, ils sont déjà très bons. Mais, pour rompre avec la période mielleuse dont je parlais plus haut, et introduire un peu de piquant à ce billet,
je vous donnerai plutôt la recette de ma grand-mère : celle des
harengs aux vinaigre, car elle comporte sa part de sucre.
Eh non, on y
échappera pas, tant il est vrai qu'aigre-douce est la vie.
Prenez des harengs fumés,
et déposez les dans une terrine (la vôtre, je ne vous prêterai pas la
mienne !)
Parsemez les de rondelles
de carottes crues.
Dans une casserole faites
chauffer 1/3 de litre de vinaigre blanc, avec 1/3 de litre d’eau et 3 bonnes cuillères
à soupe de sucre roux. Ajoutez des rondelles d’oignon, une feuille de laurier,
un clou de girofle, quelques grains de poivre. Portez à ébullition. Ensuite
versez le liquide sur les harengs. Laissez refroidir, puis couvrez les, avant
de les placer au frigo. Consommez dans les 24 heures.
Vous serez étonnés de la
consistance de la chair des poissons ainsi préparés. Vous pouvez les écraser un
peu à la fourchette, et les tartiner sur du pain de seigle (ou des blini) pour
un apéritif festif. Effet garanti.
Et pour plus de
renseignements sur le hareng, ses bienfaits et son histoire… vous savez quel
petit livre je peux vous recommander. Abusez-en !
«Bon bout d’an !»
comme on se le dit au pays des amateurs d’anchois. Pas mal non plus, ceux-là,
mais je vous en parlerai une autre fois.